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Présidentielle - On reste loin du coup d’envoi officiel Jeu diplomatique subtil, et serré, entre les grands électeurs

Qui va, en définitive, trancher pour la présidentielle libanaise ? La Syrie va-t-elle pouvoir imposer un candidat à sa guise ? Ce choix unique reviendrait-il aux États-Unis ? S’achemine-t-on vers un arrangement multicolore ? Selon des professionnels informés, la Syrie a maintes fois tenté de marchander son influence déterminante en la matière auprès des Américains. Pour qu’ils sursoient aux exigences dont ils la matraquent depuis la guerre d’Irak, voire depuis le 11 septembre 2001. En effet, Damas répète qu’il lui est impossible de répondre favorablement à ces revendications tant qu’une paix globale équitable n’a pas été conclue avec Israël. Il laisse entendre qu’il lui faut au moins récupérer le Golan, avant de songer à mettre au pas le bras armé du Hezbollah. Ou les organisations palestiniennes de gauche qu’il héberge. Pour obtenir un peu d’assouplissement de la part de Washington, la Syrie cherche à proposer un deal sur la présidentielle libanaise. Mais les USA font résolument la sourde oreille à cette offre. Politiquement, l’échéance ne présente pour eux aucun intérêt. Il est clair en effet que jusqu’à une éventuelle modification des donnes de base, Beyrouth ne dispose pas d’un pouvoir de décision autonome. Ils laissent donc la Syrie désigner qui elle veut, si cela lui chante. En se contentant de proclamer, pour la bonne règle, que nul ne devrait s’immiscer dans une affaire intérieure libanaise. Pour eux, dans le cadre de la priorité absolue de la bataille positionnelle qu’ils livrent actuellement sur l’échiquier régional, il est beaucoup plus important de neutraliser le Hezbollah et les organisations palestiniennes radicales. Dans le même cadre de régulation, ils souhaitent fortement, désormais, voir les forces syriennes se retirer du Liban. D’ailleurs, à leur sens, une fois leurs exigences satisfaites, tout président de la République libanais se trouverait automatiquement en mesure d’exercer librement son pouvoir. Sans être soumis à la tutelle syrienne. Les deux puissances concernées manœuvrent donc, dans le cadre des positions qu’elles affichent respectivement. En tablant, l’une et l’autre, sur les résultantes finales de l’évolution en Irak ainsi que dans les Territoires. Pour l’heure, l’Amérique est clairement en difficulté. Les professionnels cités indiquent qu’il y a là un créneau d’espoir pour la Syrie. Dans ce sens que, pour bénéficier de son aide, les Américains consentiraient à geler les sommations qu’ils lui adressent. En faisant, par exemple, mine de s’apercevoir qu’en réalité ces demandes correspondent bien plus aux intérêts d’Israël qu’aux leurs propres. Mais, dans le même cadre, il reste logique de penser que les USA ne changeront pas de cap avant de voir ce qui va se produire en Irak après la remise du pouvoir aux Irakiens, le 30 juin. Si la situation se calme d’elle-même, ils n’auraient plus besoin du concours de la Syrie, ou de l’Iran. Au contraire même, l’Amérique serait alors tentée de serrer la vis, au sujet de ces deux pays qu’elle juge, globalement, négatifs sinon hostiles. Ce qui signifierait, retour à la case départ, que Washington accentuerait alors son battage autour du cas libanais, tous éléments confondus. En menant plus sérieusement campagne pour le retrait syrien, la fin de la tutelle et la récupération de la souveraineté. En tout cas, il est évident que depuis le 11 septembre, rien ne compte autant pour les États-Unis que la guerre contre le terrorisme. D’où, par voie de conséquence logique, des stratégies marquées par une volonté de durcissement. Désormais dans leur optique, la sécurité passe avant la paix. Ce qui contredit les principes de Madrid qu’ils avaient jadis eux-mêmes établis. Ils rejoignent donc, sur ce point, la ligne Sharon. Exacerbée, comme on sait, par l’éclatement de la deuxième intifada. Qui s’est d’ailleurs produite suite à une provocation directe de Sharon en personne, sur l’esplanade de la mosquée al-Aqsa. Toujours est-il que du côté syrien, aux yeux des Américains, la solution ne passe plus par la restitution du Golan, mais par la neutralisation du Hezbollah et des organisations palestiniennes radicales. Il reste qu’indépendamment de toute considération régionale, le Liban a un pressant besoin de sécurité, comme le souligne le patriarche Sfeir. De sécurité effective et non apparente. Et encore moins partielle et partiale, étant traitée dans une région à la manière suspecte que l’on appelle à l’amiable, et dans une autre par la force. Sans une mise en ordre réelle, le prochain président de la République ne pourra pas régner sereinement. Émile KHOURY
Qui va, en définitive, trancher pour la présidentielle libanaise ? La Syrie va-t-elle pouvoir imposer un candidat à sa guise ? Ce choix unique reviendrait-il aux États-Unis ? S’achemine-t-on vers un arrangement multicolore ?
Selon des professionnels informés, la Syrie a maintes fois tenté de marchander son influence déterminante en la matière auprès des Américains. Pour...