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Actualités - OPINION

Présidentielle - Le volume du son reste réglé par les décideurs Aucun candidat ne peut faire entendre sa voix par lui-même

Peut-il y avoir en même temps un président de la République et un chef de gouvernement également forts ? Cette question, répond un professionnel, est inadéquate, sinon déplacée. Dans ce sens qu’aucun président ne dispose d’une aura d’influence intrinsèque. Car tout vrai pouvoir procède, ici, de la volonté du tuteur syrien. Qui en est, évidemment, parfaitement conscient. À preuve que Khaddam, recevant une délégation Kataëb venue lui expliquer pourquoi le parti était contraint de se rallier au boycott des législatives (alors qu’il devait y participer moyennant 11 sièges à la Chambre), lui a lancé : « Au Liban, il n’y a pas de grand qui reste grand ou de petit qui reste petit. Le premier peut devenir petit, et le deuxième devenir grand… » À la guise des décideurs. Dans l’état actuel des choses, il est donc vain de réclamer, comme le font certaines parties, des présidentiables forts par eux-mêmes. En termes fonctionnels, cela n’existe pas ou cela ne veut rien dire. Car une fois en poste, ils pourront ou non agir et s’imposer selon que les Syriens le leur permettront ou non. C’est pareil du reste pour les présidents de Conseil virtuels. D’où un constat élémentaire, que démontrent les tiraillements entre les dirigeants en place : les rapports de force entre les pouvoirs sont modulés, à son gré, par la Syrie, maîtresse du jeu. Allant plus loin, le même observateur estime qu’il est inutile, pour Kornet Chehwane, de tenter de désigner un candidat. Car les décideurs ne permettront jamais aux pôles de la Rencontre de s’entendre sur ce point. Et s’ils y arrivent quand même, jamais leur favori ne serait élu. Le réalisme commande dès lors, poursuit cette personnalité, que l’on établisse une liste de noms plausibles. Répondant aux critères généraux définis par l’Assemblée des évêques maronites. Qui souhaite des candidats faisant écho « aux aspirations populaires qu’expriment certaines fractions nationales au sujet de l’abolition de la tutelle. » Certes, ces qualifications peuvent être ignorées par les vrais faiseurs de président, régionaux ou internationaux. Mais dans ce cas, ni Bkerké, ni Kornet Chehwane, ni les forces nationales qui s’y seraient ralliées ne seraient tenues pour responsables d’un choix malencontreux. Et on ne pourra pas dire aux Libanais qu’ils n’ont que ce qu’ils méritent. Déjà qu’ils ont été, généralement, empêchés de choisir librement leurs députés. En effet, à l’ombre d’une situation frappée d’anomalie, un grand nombre de citoyens ne connaît même pas les soi-disant parlementaires, parachutés, censés les représenter. Cette source indique ensuite que Bkerké, pour répondre aux interrogations sur ses souhaits, doit clairement faire savoir qu’il rejette l’amendement de l’article 49 visant à la reconduction. Et qu’il tient à l’élection d’un candidat répondant aux critères fixés par l’Assemblée des évêques. Puis, surtout, qu’il faut une nouvelle loi électorale, équilibrée et juste, assurant une vraie représentation de la population libanaise. Ce qui implique le recours à la petite circonscription ou au caza. Un code accompagné de l’adoption de la décentralisation administrative ainsi que d’une nouvelle loi des naturalisations. Le tout convergeant pour l’édification d’un État de droit et des institutions effectif, épaulé par une magistrature réellement indépendante. Parallèlement, il faut renforcer les liens avec les émigrés, en leur redonnant la nationalité libanaise, pour qu’ils puissent participer à la vie politique du pays. Enfin, conclut cette personnalité, il faut tourner pour de bon la page du passé. Par une réconciliation nationale qui tarde à s’accomplir. Émile KHOURY
Peut-il y avoir en même temps un président de la République et un chef de gouvernement également forts ? Cette question, répond un professionnel, est inadéquate, sinon déplacée. Dans ce sens qu’aucun président ne dispose d’une aura d’influence intrinsèque. Car tout vrai pouvoir procède, ici, de la volonté du tuteur syrien.
Qui en est, évidemment, parfaitement...