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Actualités - OPINION

Mollah de rasoir

De toutes les farces politiques qui se jouent en Irak, la sienne est la plus réussie. Archétype du mollah grognon et trublion, Moqtada Sadr tient la rue chiite sous les semelles de ses babouches et les soldats de la coalition sous le feu de ses cartouches. Il est recherché activement par les Américains, un sort qu’il partage avec Ben Laden et le mollah Omar, ce que, finalement, il doit trouver assez rassurant… C’est un excité comme on les aime, rigolo au dernier degré. Adolescent déjà, la barbe camouflant une méchante acné, il vaquait dans l’ombre écrasante de son père Mohammed Sadek Sadr, un dignitaire respecté par ses coreligionnaires, mais qui lui menait la vie dure, avant d’être lui-même dézingué par les gougnafiers moustachus du Baas. Il en est resté un jeune homme aigri que la modestie n’étouffait guère. Les mauvaises langues racontent que chaque année à son anniversaire, il envoyait un message de félicitations à sa mère ! Papa Mohammed parti, Moqtada se devait de remplir le vide, mais la concurrence était rude au pays des dattes et le pedigree du mollahillion un peu court. Les séances de calinothérapie entreprises par l’ayatollah Ali Sistani n’ayant rien donné, le jeune enturbanné a emprunté la voie traditionnelle des déjantés arrivistes du monde arabe : le verbe ronflant, au milieu des gueux en armes. En fait, Moqtada est un barbu fragile, profondément vexé d’avoir été écarté par les imberbes de la coalition. Cultivant à fond le look Hassan Nasrallah, lunettes et intelligence en moins, Moqtada plagie sans vergogne le verbiage islamiste usé jusqu’à la corde des années 80 : les élections, c’est péché ; les femmes, c’est péché ; la musique, c’est péché… Seule la kalachnikov, c’est bien, mais entre deux prières. Le tout débité dans un sabir bien à lui, dépourvu de toute syllabe étrangère, probablement parce qu’aux yeux de ce mollah basique, les diplômes, c’est aussi péché… Bref, Moqtada est un peu trop barbu et son programme beaucoup trop barbant. Gaby NASR
De toutes les farces politiques qui se jouent en Irak, la sienne est la plus réussie. Archétype du mollah grognon et trublion, Moqtada Sadr tient la rue chiite sous les semelles de ses
babouches et les soldats de la coalition sous le feu de ses
cartouches. Il est recherché activement par les Américains, un sort qu’il partage avec Ben Laden et le mollah Omar, ce que, finalement,...