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Actualités - CHRONOLOGIE

L’Irak et le Moyen-Orient toujours au cœur des dissensions entre les Huit Sea Island : le sommet de la réconciliation annoncée a montré les limites de la coopération

Les désaccords retentissants entre le président américain George W. Bush et certains de ses alliés sur le rôle de l’Otan en Irak ont montré les limites de leur coopération lors du sommet du G8 sur l’île de Sea Island en Géorgie aux États-Unis. Un sommet pourtant voulu celui de la réconciliation. Si les dirigeants des huit pays les plus puissants du monde ont cherché à sauver les apparences avec des déclarations d’amitié et de respect lors de leurs conférences de presse jeudi, à l’issue des deux journées de réunions, le choc s’était déjà pourtant produit mercredi en fin de journée, au cours de la première conférence de presse de Jacques Chirac. Le président français a en effet semé la consternation dans le camp américain en se déclarant hostile à un engagement militaire de l’Otan en Irak et à une réduction de la dette de ce pays, deux des demandes de M. Bush. Il a en outre crucifié le dernier projet de son hôte, le très controversé « Grand Moyen-Orient », avec une formule lapidaire : « Les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord n’ont pas besoin de missionnaires de la démocratie. » Les deux autres dirigeants de l’ancien camp de la paix en Irak, le président russe Vladimir Poutine et le chancelier allemand Gerhard Schröder, ont également émis des réserves. En quelques heures de débats, le clivage était de retour. Cette situation a surpris, car M. Bush venait d’obtenir le vote à l’unanimité des membres du Conseil de sécurité de l’Onu d’une résolution encadrant le transfert de souveraineté aux nouveaux dirigeants de l’Irak. Les explications sont venues jeudi avec les conférences de presse au terme du sommet. Otan Le président Bush est en effet apparu en recul, après s’être prononcé pour une implication accrue de l’Alliance atlantique en Irak, actuellement occupé par une force multinationale dominée par 140 000 soldats américains. « Je ne m’attends pas à ce que davantage de troupes de l’Otan soient proposées. C’est une attente irréaliste. Personne ne suggère cela », a-t-il cette fois assuré. « Le transfert de souveraineté signifie que les Irakiens vont être responsables de leur sécurité. Ce que nous suggérons, c’est que l’Otan puisse peut-être aider à entraîner les forces de sécurité irakiennes », a-t-il précisé. M. Chirac a pour sa part explicité sa position. « Toute ingérence de l’Otan dans cette région nous paraît comporter de grands risques, y compris des risques d’affrontement de l’Occident chrétien contre l’Orient musulman », a-t-il dit. « Nous avons indiqué clairement que nous ne pouvions pas accepter une mission de ce type pour l’Otan », a-t-il ajouté. Principal soutien de M. Bush dans la guerre en Irak, le Premier ministre britannique Tony Blair s’est, pour sa part, déclaré convaincu que « ce désaccord pourra être résolu ». Le sommet de l’Otan fin juin à Istanbul devrait permettre un nouvel échange de vues sur le rôle possible de l’Alliance. Les désaccords constatés à Sea Island ne devraient toutefois avoir aucune conséquence politique, a assuré M. Bush, pressé de questions sur ce point. « Jacques Chirac a raison de dire que nos relations sont excellentes. Mais cela ne signifie pas que nous soyons d’accord chaque fois que nous parlons », a-t-il affirmé. « On peut être amis sans être subordonnés », a pour sa part commenté le président français. « On ne peut pas être d’accord sur tout, mais on peut être en désaccord sans être agressifs », a-t-il dit. Dossier israélo-palestinien L’approche du dossier israélo-palestinien a également reflété les divergences entre Américains et Européens. Si le sommet du G8 s’est engagé à poursuivre les efforts de paix dans ce conflit, il n’a toutefois pas avancé d’idée neuve. Seule initiative annoncée, la tenue d’une réunion du quartette, à une date indéterminée d’ici à la fin du mois, dans un endroit non précisé du Proche-Orient. Mais, selon des diplomates américains, cette réunion ne se tiendrait même pas au niveau des ministres des Affaires étrangères, mais à celui de leurs adjoints. Le profil bas tenu sur le dossier israélo-palestinien lors du sommet de Sea Island contraste avec d’autres sommets des Huit où le conflit avait tenu la vedette, en particulier celui de Kananaskis au Canada, en 2002, où la volonté du président Bush d’écarter de la scène le président Arafat avait provoqué d’intenses débats. Cette semaine à Sea Island, le président Bush n’a même pas évoqué le conflit israélo-palestinien dans sa conférence de presse finale.

Les désaccords retentissants entre le président américain George W. Bush et certains de ses alliés sur le rôle de l’Otan en Irak ont montré les limites de leur coopération lors du sommet du G8 sur l’île de Sea Island en Géorgie aux États-Unis. Un sommet pourtant voulu celui de la réconciliation.
Si les dirigeants des huit pays les plus puissants du monde ont cherché...