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Actualités - CHRONOLOGIE

La prorogation présidentielle serait triple, ou ne serait pas

Un seul coup d’œil clinique suffit pour le constater : ce pays ne peut plus supporter les effets d’une cohabitation aussi conflictuelle entre les présidents. Le Sri Lanka, où la présidente et le Premier ministre ne s’entendaient pas, a résolu le problème par des élections anticipées de 4 ans. Ici, cela ne servirait à rien. La seule option de dégagement serait de changer de personnel dirigeant. Seulement, les réalités politiques et les rapports de force imposent cette équation évidente : si le chef de l’État reste, alors le président du Conseil et le président de la Chambre seraient également inamovibles. Pourquoi ? Parce que, sinon, la césure serait si profonde, les secousses si fortes, que le Liban serait économiquement ruiné. Très vite. En cas de prorogation ou de reconduction du mandat du président Lahoud, seule la présence au Sérail d’un Hariri préviendrait la faillite. Et l’explosion sociale qui en découlerait immédiatement. D’autant que le choix pris au niveau de la présidence de la République serait manifestement contraire à la volonté des Libanais. Illustrée par les positions du patriarche Sfeir ainsi que de l’Assemblée des évêques maronites. Ou encore par des pôles divers, des partis, des leaders, des organismes civils innombrables, dont Kornet Chehwane ou le Front national de la réforme. Qui rejettent l’idée d’amender l’article 49 de la Constitution en vue de permettre la reconduction ou la prorogation. En faisant valoir que sur des points aussi cruciaux, la loi fondamentale, reflet d’un pacte national, ne peut être retouchée qu’en base d’un consensus général, qui est loin d’être acquis. Cela, sans compter un mécontentement international certain, en cas de dérogation aux règles constitutionnelles démocratiques. En effet, les USA et l’Europe ont à maintes reprises, et tout à fait officiellement, souligné qu’il faut respecter au Liban le principe de l’alternance et la durée légale des mandats. Dès lors, nombre de professionnels craignent qu’une reconduction prenant figure de défi ne porte les États-Unis et l’Union européenne à appliquer une sorte de blocus politique et économique à l’encontre du pouvoir libanais. Dans une telle perspective, estiment ces observateurs, il est clair que le maintien de Hariri permettrait d’atténuer l’effet des rétorsions occidentales. Mais en même temps, soulignent-ils, le maintien du statu quo de tiraillements prolongerait, en les aggravant, les difficultés considérables dans lesquelles le pays économique se débat actuellement. C’est pourquoi certains soutiennent qu’en bonne logique, la présence à Baabda du président Lahoud devrait prendre fin à l’expiration de son sexennat. Mais, à les en croire, cela devrait également signifier le départ rapproché de Hariri, sans doute lors de la première année du prochain président de la République. Et, dans le même prolongement, la fin du règne parlementaire du président Nabih Berry. Après les législatives de 2005, qui devraient être régies par un code de proximité de petite circonscription, le caza par exemple, égalitaire et équilibré. Ce qui, en pratique, provoquerait la dislocation des grands blocs régionaux, dont celui de Berry vient largement en tête. Selon ces vues, sans doute idéalistes, le Liban aurait de la sorte changé sinon de système du moins d’équipe de direction et de présidents. Qui céderaient la place à un nouveau pouvoir collectif assumant mieux ses responsabilités nationales. Le changement, s’il devait y en avoir, passerait d’abord par l’élection d’un président de la République inspirant confiance à l’intérieur comme à l’étranger. Un homme doué de capacités certaines, qui saurait attirer les capitaux et les investisseurs. Parce que la priorité va au développement, à la production, à la croissance économique ainsi qu’à l’allégement de la dette publique comme du déficit budgétaire. À travers, notamment, l’organisation d’un Paris III. Accompagnée par une véritable réforme administrative et institutionnelle. Qui serait supervisée par un Premier ministre en parfait accord avec le chef de l’État. E.K.
Un seul coup d’œil clinique suffit pour le constater : ce pays ne peut plus supporter les effets d’une cohabitation aussi conflictuelle entre les présidents. Le Sri Lanka, où la présidente et le Premier ministre ne s’entendaient pas, a résolu le problème par des élections anticipées de 4 ans. Ici, cela ne servirait à rien. La seule option de dégagement serait de changer...