Duel de dames : Laura, l’épouse modèle, face à Teresa, l’indépendante

La campagne présidentielle américaine sera aussi un duel entre les épouses des deux candidats, Laura Bush et Teresa Kerry, dont les origines et la personnalité très différentes pourraient influer sur le choix des électeurs en novembre. Laura Bush apparaît dans la campagne de spots télévisés diffusés depuis jeudi par l’équipe de campagne du président républicain George W. Bush. D’une voix douce, elle évoque « la force, la concentration, les qualités qu’exige notre époque ». « Elle est un grand atout pour George W. Bush. Elle a bien travaillé comme Première dame et lui permet d’avoir une autre image », estime Stephen Hess, expert politique à la Brookings Institution à Washington. Faisant figure d’épouse et de mère de famille modèle, la discrète Laura, 57 ans, a toujours affirmé n’avoir aucune intention de jouer un rôle actif en politique. Cette ancienne institutrice et bibliothécaire originaire du Texas, fille unique d’un comptable et d’une mère au foyer, joue toutefois un rôle modérateur auprès de son mari. Le président américain se plaît à rappeler le soutien qu’elle lui a apporté pour abandonner définitivement l’alcool et retrouver la foi chrétienne. Elle symbolise la « femme américaine traditionnelle. Je pense qu’elle est généralement appréciée en tant que personne », remarque Stephen Hess. Contrairement à la campagne pour la présidentielle de 2000, Laura Bush est aujourd’hui « beaucoup plus connue des Américains. En 2000, elle était plutôt un élément accessoire. Elle était là pour sourire », estime-t-il. En revanche, Teresa Kerry, l’épouse du candidat démocrate John Kerry, est encore largement une inconnue pour les Américains. « On ne sait pas encore vraiment comment elle est perçue par les Américains », souligne l’expert de la Brookings. Teresa Kerry est la richissime héritière de l’empire du ketchup Heinz depuis la mort accidentelle en 1991 de son premier mari, le sénateur républicain de Pennsylvanie John Heinz. Affichant spontanéité et franc-parler, cette polyglotte de 65 ans, mère de trois garçons, a brièvement travaillé à l’Onu après avoir étudié à Genève pour être interprète. « Teresa Heinz Kerry est une femme très cosmopolite, très raffinée, qui apportera un plus à la campagne présidentielle de Kerry », juge David Corbin, professeur de sciences politiques à l’Université du New Hampshire. « Elle peut jouer de façon naturelle le rôle de la femme indépendante », considère-t-il. D’après Stephen Hess, il est trop tôt pour savoir si elle représente un atout pour son mari comme l’est Laura Bush. « Teresa Kerry est une personne très individualiste, pas traditionnelle. Il est difficile de la placer dans une catégorie », juge-t-il. Le profil des deux femmes tranche en tout cas nettement de celui d’Hillary Clinton, l’épouse de l’ancien président Bill Clinton (1992-2000). « Elle avait un rôle beaucoup plus politique, plus idéologique », estime David Corbin. « Laura Bush et Teresa Heinz Kerry seront des atouts dans la campagne de leurs maris en jouant un rôle de soutien. Hillary était un soutien mais davantage à titre d’égale de son mari », ajoute-t-il.