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Actualités - OPINION

Pouvoirs - Les conflits larvés grèvent derechef la facture Chirac rappelle au Liban, off the record, les engagements de Paris II

Dans la journée d’hier, le climat politique subissait les tensions issues des derniers rebonds, place de l’Étoile, du conflit endémique axé sur la téléphonie mobile. Avant le Conseil des ministres, une seule question sur toutes les lèvres : la trêve interprésidentielle allait-elle tenir ? Plus encore que dans les milieux politiques, l’inquiétude frisait la panique dans les cercles économiques ou financiers. D’autant que selon des témoins fiables, rencontrant récemment des hommes d’affaires libanais, le chef de l’État français, Jacques Chirac, a eu des mots assez durs pour le Liban. À cause du fait qu’aucun effort n’y a été déployé pour tenir les engagements pris dans le cadre de Paris II, conférence de sauvetage dans laquelle le président français s’est personnellement beaucoup investi. Par amitié pour Hariri, certes, mais surtout par compassion pour une population libanaise dont il n’ignore pas les souffrances. Et qui se voit sacrifiée à l’autel des luttes d’intérêt, ou de prestige, opposant ses propres dirigeants. Retour aux heures qui ont précédé le Conseil des ministres. Des ministres se sont insurgés, dans la matinée, contre les deux camps gouvernementaux en présence, les haririens et les lahoudistes. En imputant, il convient de le souligner, la responsabilité des hostilités aux premiers, qui se sont lancés dans une nouvelle campagne débridée contre le ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cardahi. Cela malgré le feu vert de l’Exécutif aux contrats d’exploitation et le cahier des charges mis au point pour l’adjudication, dans le cadre de l’appel d’offres dont le délai se termine le 26 du mois courant. Les professionnels se demandent, avec appréhension, si les attaques contre Cardahi ne vont pas torpiller l’adjudication, pour laquelle huit compagnies (dont une américaine) se sont présentées. Ces sociétés peuvent, en effet, être effrayées par les disputes locales et se poser des questions quant aux garanties ultérieures de respect du contrat de travail. On sait en effet que le capital d’investissement est frileux, sensible aux variations météopolitiques dans les contrées qu’il aborde. Si les requérants étrangers devaient se retirer de la course, cela signifierait que les attaques contre Cardahi auraient aidé les deux opérateurs locaux à garder leur monopole de fait dans le domaine de la téléphonie mobile. Cardahi s’est donc empressé de contrer ces tentatives visant à écœurer les compétiteurs étrangers. Il a ainsi précisé qu’en cas d’échec de l’adjudication, c’est l’État lui-même qui se chargerait de gérer le secteur, à partir du 31 mars. Soulignant, pour que chacun se le tienne pour dit, qu’il n’est pas question de proroger le mandat provisoire des opérateurs locaux. Il a de la sorte réduit à néant les assertions vénéneuses, perfides, de certains de ses contempteurs le soupçonnant d’œuvrer en réalité, et en sous-main, en faveur de ces deux compagnies libanaises. D’ailleurs, suite à une note d’information de Cardahi, le parquet financier a entamé ses investigations sur les actes dilatoires, pour retarder ou entraver les contrôles, attribués aux opérateurs. Le ministère porte plainte parce que, à l’en croire, les deux compagnies lui refusent des données et des informations qu’il leur réclame de plein droit. Cardahi passe donc manifestement à la contre-attaque et ne se contente plus de se défendre. Mais l’escalade en tant que telle n’est pas du goût des Syriens, qui insistent pour calmer le jeu et pour sauvegarder la trêve interprésidentielle, leur cadeau des fêtes. De plus, selon un professionnel avisé, la reprise des hostilités entre dirigeants libanais pourrait faire fuir des capitaux ou des investisseurs qui s’intéressent à un ticket économique jumelé, syro-libanais. C’est-à-dire qui pourraient créer des usines ou ouvrir des branches, dans les deux pays en même temps, pour un tas de raisons de commodité ou de rentabilité. Quoi qu’il en soit, le cellulaire a toujours été présenté comme une épreuve-test pionnière, sinon fondamentale, pour les privatisations (électricité, eaux, etc.) Qui elles-mêmes sont le nucleus des réformes, administratives ou financières, promises lors de Paris II. Vu sous cet angle, force est de constater que le tableau mathématique reste loin du compte. Et l’on s’inquiète d’autant plus que les prochains mois vont être réservés à trois échéances électorales, les municipales, la présidentielle puis les législatives. Qui risquent de rendre le pouvoir, déjà peu studieux, tout à fait improductif. Philippe ABI-AKL
Dans la journée d’hier, le climat politique subissait les tensions issues des derniers rebonds, place de l’Étoile, du conflit endémique axé sur la téléphonie mobile. Avant le Conseil des ministres, une seule question sur toutes les lèvres : la trêve interprésidentielle allait-elle tenir ? Plus encore que dans les milieux politiques, l’inquiétude frisait la panique dans...