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Actualités - OPINION

La trêve interprésidentielle sauvée de justesse

Ébranlée par les déclarations saoudiennes de Hariri, mise à mal par les prises de bec Cardahi-Siniora, la trêve interprésidentielle a été sauvée par le gong. Qui annonçait la fin du match, place de l’Étoile, sur un « draw ». Ou, plus exactement, pour rester dans l’imagerie du noble sport pugilistique, sur un « no contest ». Résultat nul. Et même nullissime, en termes de démocratie et de respect de l’opinion. L’initiative du Front national de la réforme, qui a interpellé le gouvernement sur le dossier du cellulaire, s’est donc soldée par un coup d’épée dans l’eau. Et, bien qu’ils ne l’avouent pas, beaucoup de haririens et autant de lahoudistes pacifistes poussent un ouf de soulagement. Car en cas de vote, et quel qu’en fût le score, leurs chefs respectifs auraient sans doute repris le sentier de la guerre intestine qui les a opposés pendant des années. Et que les décideurs ont arbitrée, avant les fêtes. En imposant à tous, aux présidents comme aux ministres ou aux députés, un armistice d’urgence. Dont la consolidation suscite de nouveaux contacts. Avec la participation discrète, autant qu’indispensable, des tuteurs. La reprise des hostilités aurait déstabilisé le pouvoir encore plus que par le passé. Parce que cette fois, Berry se serait sans doute trouvé impliqué, à son corps défendant. On sait en effet que le centre opposant l’a mis en cause directement, en lui reprochant de protéger le gouvernement. C’est-à-dire Hariri. Or ce centre opposant a trouvé un allié, tacite mais très présent, dans le camp lahoudiste. Plus exactement dans les interventions du ministre des Télécoms, Jean-Louis Cardahi. Qui n’est pas loin, par ses indications chiffrées, de conforter les soupçons de mauvaise gestion antérieure (doux euphémisme), portés à l’encontre du camp haririen par le Front national de la réforme. L’équation générale voulant que l’ennemi d’un ennemi soit votre ami, beaucoup pensent qu’il y aurait eu alliance de fait, en cas de nouvel embrasement au sein du pouvoir, entre les lahoudistes et le front cité. Qui comprend d’ailleurs dans ses rangs un rival direct du président du Conseil en la personne d’Omar Karamé. Ce dernier, qui avait précédé Hariri au Sérail, est fréquemment nommé pour sa succession. Bien que lui-même souhaite, selon ses proches, que l’on éloigne ce calice de lui. Il reste que si les présidents ne semblent pas vouloir en découdre de nouveau, la cohésion de l’Exécutif sort de l’épreuve fortement ébréchée. Le gouvernement est apparu divisé sur lui-même à la Chambre. Pour sa chance, l’opposition n’a pas fait montre de son côté d’une bonne organisation. Brouillonne, elle s’est même détournée de sa cible première, pour s’en prendre à Berry. Sur le fond, on reste plutôt perplexe. Siniora a soutenu que les prévisions des rentrées du cellulaire pour 2006 ne dépassent pas le zéro absolu ; à cause des dépenses envisagées, qu’il a détaillées. Cardahi lui a répondu, également par des arguments chiffrés. Mis à part le degré de crédibilité que le public est tenté d’accorder à chacun de ces deux ministres, il n’y a que les grands experts qui peuvent démêler le vrai du faux dans leurs affirmations respectives. En tout cas, empreint des responsabilités de régulateur du climat politique, le président Émile Lahoud aurait souhaité, pour sa part, que le débat parlementaire sur le cellulaire n’intervienne qu’après l’adjudication. Un événement qui devrait se situer avant la fin du mois en cours. Et dont l’orchestration est confiée, comme on sait, à Cardahi. Après l’échec de la première expérience effectuée sous la houlette du Conseil supérieur des privatisations. Pour tout dire, le chef de l’État craignait que les tensions virtuelles issues du débat n’aient un impact négatif sur le déroulement de l’adjudication. Et ne desservent l’intérêt du Trésor. Sans compter que les secousses politiques auraient de nouveau affecté l’économie du pays. Du Brésil où il accompagnait le chef de l’État, le vice-président du Conseil, Issam Farès, s’était posé des questions sur l’opportunité, et sur la pertinence, d’un débat parlementaire dans cette conjoncture. Reflétant ainsi, sans doute, les vues réservées du régime. Mais Berry en a jugé autrement. Il espérait sans doute compenser un peu le couac de l’examen des articles 60 et 70 de la Constitution concernant la Haute Cour. Mais c’est le contraire qui s’est produit. Car, de nouveau, la Chambre s’est montrée incapable de décider, le défaut de quorum se substituant cette fois au report sine die. Le comble, peut-être, c’est que Berry, qui a paru vouloir respecter l’opposition en confirmant le débat qu’elle réclamait, a été pris par cette dernière. Convaincue que le président de l’Assemblée s’était mis d’accord avec Hariri pour diriger les débats de manière à ce que le gouvernement ne soit pas inquiété. Mais le comble du comble, pour terminer, c’est que cette même opposition a toujours indiqué qu’elle n’avait pas l’intention de poser la question de confiance ! C’est-à-dire que, dans tous les cas, le gouvernement n’avait rien à craindre. Et en définitive, c’est à n’y rien comprendre. Sauf que l’opinion, toutes tendances confondues ou presque, a la nette impression qu’on se moque d’elle. Philippe ABI-AKL
Ébranlée par les déclarations saoudiennes de Hariri, mise à mal par les prises de bec Cardahi-Siniora, la trêve interprésidentielle a été sauvée par le gong. Qui annonçait la fin du match, place de l’Étoile, sur un « draw ». Ou, plus exactement, pour rester dans l’imagerie du noble sport pugilistique, sur un « no contest ». Résultat nul. Et même nullissime, en...