Pari tenu, M. Joumblatt !

Un référendum sur la présence syrienne au Liban ? Une excellente proposition dans l’absolu, une idée piégée dans une société pluraliste comme la nôtre. De fait, et contrairement aux apparences, l’enjeu dans cette affaire n’est pas tant la présence syrienne que le référendum lui-même. En effet, la question fondamentale est de savoir si les Libanais sont disposés à accepter les résultats d’un vote basé sur la démocratie du nombre. Par exemple, que feraient les chrétiens si la majorité de la population votait en faveur du maintien des troupes syriennes ? Gageons que ceux qui, parmi eux, n’ont pas encore émigré commenceront à y songer sérieusement... Edmond Naïm a perçu le danger d’une telle initiative, suggérant ainsi que le référendum ait lieu dans les plus brefs délais, mais séparément, au sein de chaque communauté, chrétienne et musulmane. Malheureusement, les conséquences d’une telle entreprise pourraient être encore plus désastreuses du fait que l’on mènerait le pays tout droit à la partition. La seule idée d’un référendum devrait être définitivement bannie au Liban. Du reste, connaissant les facultés extraordinaires d’adaptation, de revirement et de retournement du député Walid Joumblatt, il y a fort à parier qu’une fois de retour à Beyrouth, les propos tenus à Londres au sujet de ce fameux référendum seront vite oubliés. Le leader druze s’est engagé à la BBC à réclamer l’organisation du vote. Pari tenu, M. Joumblatt ! José JAMHOURI