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Actualités - OPINION

Vie politique La guerre larvée de la présidentielle brouille déjà toutes les cartes

C’est un peu Pearl Harbor : les hostilités ont bel et bien commencé, mais sans déclaration de guerre. Car nul ne souhaite aller ouvertement à l’encontre des recommandations temporisatrices des décideurs. Il n’en reste pas moins que la bataille de la présidentielle, pour voilée qu’elle soit, perturbe fortement les données, et les alliances, sur la scène politique locale. Frangié prend ses distances par rapport à Hariri. Le ministre de la Santé se démarque du président du Conseil à cause, indique-t-il, de divergences de vues quant au concept de « ligne nationale ». À son avis, en effet, il convient d’adhérer à cette orientation avec engagement, sans réserve mentale et sans y paraître contraint. Ce qui sous-entend clairement que Hariri n’adopte cette voie que contraint et forcé. Le leader du Nord ajoute d’ailleurs qu’il faut savoir s’incliner devant la décision syrienne concernant la présidentielle. Qu’elle soit pour la prorogation ou pour l’élection d’un nouveau président. Il précise que ses préférences vont d’abord à sa propre personne, et ensuite à Jean Obeid, autre nominé (comme on dit aux Oscars qui se jouent sous peu) nordiste. Joumblatt se démarque lui aussi de Hariri sur plusieurs points. Il martèle qu’il ne se tiendrait aux côtés d’aucune partie qui porterait atteinte aux relations avec la Syrie. Il indique qu’il serait avec la reconduction, aussi impopulaire qu’elle soit, si les pressions, l’étau, l’isolement américains visant la Syrie comme le Liban devaient imposer un tel choix. Cependant, la plupart des professionnels pensent principalement en termes de non-reconduction. C’est-à-dire qu’ils déploient des approches de regroupement en fonction de l’élection d’un nouveau président. Chaque bloc en gestation songe dès lors à soutenir un candidat virtuel déterminé, ou même à en désigner un. Il faut souligner que pour l’heure, et dans ce cadre précis, l’entente Berry-Hariri semble tenir le coup. Les deux présidents, toujours au stade actuel, ne semblent plus pouvoir compter, comme leurs partisans l’espéraient encore il y a quelques semaines, sur Joumblatt et sur Frangié. Un tel axe quadripartite aurait sans doute pesé assez lourd dans la balance, dans la mesure où les leaderships locaux ont leur mot à dire. Mais une série perlée de conflits est intervenue pour rompre ce front. Dont les pôles ne sont d’ailleurs pas d’accord sur le présidentiable qu’il conviendrait d’appuyer. Le problème, inhérent du reste au système de copartage, c’est que chaque leader estime qu’un candidat qui serait accepté par les autres ne lui apporterait pas la part du lion dont il rêve. De leur côté, les candidats virtuels se retrouvent sans soutiens solides. Et certains d’entre eux, pour marquer des points, avancent qu’ils ne sont pas défavorables à la reconduction. Attitude tactique pour qu’on se rabatte sur eux. Mais qui risque de provoquer un effet boomerang, en faisant tache d’huile. Il est évident, en effet, que les reconductionnistes placent toutes leurs espérances dans les tiraillements entre les leaderships locaux. Faute d’entente entre ces jouteurs, la prorogation pourrait apparaître en fin de compte comme une bonne solution de compromis. D’autant que les disputes affaiblissent naturellement les possibilités de voir les Libanais choisir eux-mêmes. Et les décideurs, espèrent les reconductionnistes, se tourneraient volontiers vers la voie la moins conflictuelle, celle qui éviterait de provoquer des tensions ou des frustrations accusées, la prorogation. Quoi qu’il en soit, le tandem Berry-Hariri, par le maintien même de sa cohésion à l’égard de la présidentielle, s’expose à des attaques répétées. Le président de la Chambre en est tout à fait conscient. Il a, en effet, souligné récemment qu’il se sent dans le collimateur, à cause de l’échéance. De son côté, Hariri déclare qu’il va être de plus en plus critiqué, « en cette saison d’élection présidentielle », à des fins de pressions politiques. Ses proches ajoutent que les attaques vont sans doute aller crescendo, ce qui pourrait mettre en péril la trêve interprésidentielle dès avant les municipales. Dont l’un des épisodes les plus disputés devrait être Beyrouth, enjeu capital (c’est le mot) pour Hariri. Émile KHOURY
C’est un peu Pearl Harbor : les hostilités ont bel et bien commencé, mais sans déclaration de guerre. Car nul ne souhaite aller ouvertement à l’encontre des recommandations temporisatrices des décideurs. Il n’en reste pas moins que la bataille de la présidentielle, pour voilée qu’elle soit, perturbe fortement les données, et les alliances, sur la scène politique...