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Actualités - OPINION

Les sorties de Hariri exploitées dans le cadre de la controverse sur les municipales

Le géant mythologique Antée reprenait des forces en touchant la terre. De même, Hariri le mythique mange du lion quand il pose le pied sur le sol de l’Arabie saoudite où il a fait fortune, puis carrière politique, via Taëf. Il a ainsi, dans le royaume, paru récemment briser l’engagement pris à l’égard des décideurs de laisser de côté la question de la présidentielle. Après son retour à Beyrouth, ses lieutenants s’efforcent de minimiser l’incartade, (terme qu’ils récusent d’ailleurs), présentée comme isolée. En laissant entendre qu’il a été un peu piégé. Dans ce sens qu’il ne pouvait pas laisser sans réponse une question insidieuse de journaliste concernant le rôle dominant de la Syrie, notamment dans le choix d’un président de la République au Liban. Hariri, indiquent ses proches, devait réagir. Pour ne pas avoir l’air d’approuver une allusion assez évidente à une inadmissible hégémonie des tuteurs sur la scène locale. En d’autres termes, s’il a transgressé la loi du silence, ce n’est pas contre mais en faveur des Syriens. Hariri a donc affirmé que l’élection d’un président de la République procède d’une incontournable décision libanaise, bien que la Syrie ait un droit d’avis (écouté) dans ce domaine. Ses proches, qui craignent sans doute que leur chef ne soit encore une fois « mal compris » à Damas, répètent qu’il a voulu défendre la Syrie. Car les assertions qui portent atteinte à cette puissance tutélaire nuisent au Liban. Qui n’a jamais reçu du pays frère qu’assistance désintéressée. Mais, bien entendu, les contempteurs du président du Conseil au sein du camp loyaliste sautent sur l’occasion. Pour l’accuser de manœuvres dirigées contre eux, mais visant également la Syrie par ricochet. Dans le but de contrer les éventuelles tentatives, ou tentations, de prorogation ou de reconduction du mandat Lahoud. Cette interprétation s’inscrit dans le droit fil de la sourde campagne dont Hariri fait l’objet ces derniers temps à cause des municipales beyrouthines. On sait en effet que la capitale constitue un fief, une chasse gardée précieuse, pour le camp haririen. Le Premier ministre est donc intervenu sur ce dossier. Pour suggérer de garder le noyau de l’actuel conseil municipal, en tant qu’équipe de travail et de régulateur des équilibres confessionnels dans la cité. Les sièges seraient répartis à parité égale entre musulmans et chrétiens, qui assureraient la présidence par rotation de trois ans. Le poste-clé de mohafez, contesté depuis longtemps, serait transformé en secrétariat général de l’hôtel de ville et n’aurait plus qu’un caractère protocolaire, quasi honorifique. Cette offre a provoqué une forte levée de boucliers. De multiples parties se sont prononcées contre l’idée d’un consensus débouchant sur une élection d’office. Pour exiger, au nom de la démocratie, qu’il y ait compétition, à la régulière. Les porte-flambeau de ce mouvement se sont tournés vers les instances chrétiennes. En leur faisant valoir que les intérêts de leurs ouailles seraient lésés, du fait de la disparition du poste de mohafez, comme du fait que la majorité au sein du Conseil serait automatiquement aux côtés des haririens. De fait, plusieurs pôles chrétiens se déclarent mal à l’aise face aux propositions de Rafic Hariri. Et soutiennent qu’il faut laisser les Beyrouthins aller librement aux urnes pour s’exprimer sur le choix de leurs futurs édiles. Des tractations ont donc lieu actuellement, entre pôles chrétiens et musulmans de Beyrouth, pour la mise sur pied d’une liste opposée à celle de Hariri. Ces personnalités souhaitent mettre en exergue le caractère rassembleur de la capitale au niveau des confessions comme du pays. Elles estiment qu’il faut diviser la ville en arrondissements, pour faciliter les affaires publiques et permettre l’éclosion de comités de quartier soutenant le conseil municipal ainsi que le mohafez. Sur le plan des mécanismes électoraux, rien n’est encore vraiment décidé. Hariri doit recevoir Élias Murr à ce sujet. Et s’entretenir ensuite, probablement, avec le chef de l’État. Le but étant, sans doute, d’étouffer dans l’œuf les campagnes sectaires qui commencent à poindre le bout de leur nez dans certains quartiers. Où des jeunes gens se mobilisent derrière des slogans confessionnalistes. Agitation inquiétante qui a nécessité l’envoi de forces de sécurité, et de vigilance, supplémentaires ces derniers jours. Philippe ABI-AKL
Le géant mythologique Antée reprenait des forces en touchant la terre. De même, Hariri le mythique mange du lion quand il pose le pied sur le sol de l’Arabie saoudite où il a fait fortune, puis carrière politique, via Taëf. Il a ainsi, dans le royaume, paru récemment briser l’engagement pris à l’égard des décideurs de laisser de côté la question de la présidentielle....