Malgré leur admiration, les habitants de Sadr City estiment que se lancer dans la guérilla est prématuré Les chiites irakiens se disent fiers du Hezbollah

Des chiites irakiens ont félicité hier le Hezbollah d’avoir obtenu la libération de centaines de prisonniers arabes dans le cadre d’un échange avec Israël, mais les chiites jugeaient prématuré d’adopter la tactique du mouvement libanais contre les forces américaines. « Nous saluons la position du Liban et du Hezbollah », a affirmé cheikh Abdel Mahdi al-Karbalaï, représentant du grand ayatollah Ali Sistani dans la ville sainte chiite de Kerbala. Dans le quartier chiite pauvre de Sadr City, les habitants affichaient leur admiration devant le succès de leurs coreligionnaires libanais mais faisaient la distinction entre la présence américaine et l’occupation israélienne et jugeaient prématuré de suivre les pas des combattants libanais et palestiniens. Mais les habitants affirment que la situation pourrait empirer si la communauté chiite, qui représente 60 % de la population, a le sentiment que les Américains abusent de leur hospitalité. Si M. Houmeidi est reconnaissant à la coalition d’avoir mis fin à 24 ans de dictature de Saddam Hussein, les autres déclarent ne rien devoir aux occupants. Pour Jabbar Aziz, 25 ans, fonctionnaire au ministère des Transports, la décision des États-Unis était dictée par leurs propres intérêts et non par le désir d’aider le peuple irakien. Mais lui aussi croit que se lancer dans la guérilla est prématuré. « Nous avons d’autres moyens, comme des manifestations ou des sit-in », explique-t-il. « C’est une leçon pour nous. Les droits ne sont pas octroyés, ils se gagnent. Il faut établir un rapport de force avec l’occupant. Nous devons adopter la même voie que celle que le Hezbollah a prise vis-à-vis d’Israël », a déclaré, de son côté, cheikh Raëd al-Kazimi, un proche de Moqtada Sadr, à la mosquée Kazimiya de Bagdad. Les personnes interrogées à Sadr City, dont un paysan sunnite, ont marqué leur admiration pour le Hezbollah. « Il est le seul à soutenir les Palestiniens », a lancé Ahmed Obeidi, 43 ans. « Les Libanais et les Palestiniens sont des combattants courageux », a-t-il ajouté. « Tous les régimes arabes sont des traîtres, n’appuyant les Palestiniens qu’en paroles. Seul le Hezbollah les aide vraiment », renchérit Hamed Fadhel, un chiite de 19 ans.