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Actualités - CHRONOLOGIE

Documentaire Projection de « Passages », de Leïla Kilani, consacré au compositeur libanais Zad Moultaka, le piano au quart de ton

Dans ses recherches incessantes, passionnées et pour le moins authentiques pour faire se rencontrer l’Orient et l’Occident par l’intermédiaire du piano, Zad Moultaka a fait l’objet d’un documentaire réalisé par Leïla Kilani et projeté au théâtre Monnot à l’occasion du festival « Cryptonite ». Zad Moultaka, Passages, autant le dire tout de suite, est un film réussi. D’abord parce que le compositeur est de ces personnes à la nature plus que réservée, parlant à la fois avec application et répulsion à la caméra, avec son piano pour rempart, pour justificatif d’une phrase inachevée. À travers le documentaire, Zad Moultaka révèle sa personnalité charmante et obstinée – charmante parce qu’elle lui permet de convaincre aisément des artistes comme la chanteuse Fadia Tomb el-Hage, son interprète privilégiée, et obstinée parce que ses opérations à cœur ouvert sur son piano, dont il explore chaque corde, ont été pour le moins fructueuses. Répulsion magnifique S’impose aussi sa personnalité double, faite d’une pâte pétrie des bruits et les sons d’une Beyrouth en guerre et de longues années passées en exilé à Paris. L’entretien filmé retrace donc cet entrelacement d’événements et de moments cruciaux : le début de la guerre au moment de la première communion du musicien ; ses premiers souvenirs sonores, adolescent, du passage, sous sa fenêtre, des fanfares mortuaires précédant un cercueil ; l’installation à Paris, les concerts d’interprétation et la double décision de retourner s’installer à Beyrouth et de composer. Zad Moultaka, piano à l’appui, décrypte son processus créatif, s’inspirant tout aussi bien de la répulsion magnifique inspirée par la guerre et ses bombardements que des mouachahats anciens, qu’il réorchestre avec bonheur. Imprégné du quart de ton oriental, il l’apprivoise sur son instrument à cordes et en tire le meilleur en accommodant « l’horizontalité de la musique arabe et la verticalité de la composition occidentale ». C’est de cette manière que le compositeur a créé, pour le festival de Baalbeck en 2000, une pièce intitulée Anachid et écrite pour chœur, soliste, piano et percussion. Une réactivation étonnante du « takht » traditionnel, qui a laissé une marque durable dans le cheminement actuel de la musique d’Orient. Le documentaire se referme sur un Zad Moultaka en pleine séance de réarrangement d’une partition de Monteverdi, qu’il agrémente de ce qu’il sait faire le mieux : l’incursion entêtante et efficace de la note minuscule et destructrice qu’est le quart de ton. Diala GEMAYEL Zad Moultaka donnera un concert de mouachahate au piano, avec Fadia Tomb el-Hage, jeudi 26 février à 20h, à l’Assembly Hall. Renseignements : La CD-Thèque (01/321485).

Dans ses recherches incessantes, passionnées et pour le moins authentiques pour faire se rencontrer l’Orient et l’Occident par l’intermédiaire du piano, Zad Moultaka a fait l’objet d’un documentaire réalisé par Leïla Kilani et projeté au théâtre Monnot à l’occasion du festival « Cryptonite ».
Zad Moultaka, Passages, autant le dire tout de suite, est un film...