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Actualités - CHRONOLOGIE

Vie universitaire - Inauguration de la Tribune culturelle à l’Institut des sciences politiques La période Aoun, entre légalité et légitimité, à l’USJ

Le bureau des étudiants de l’Institut des sciences politiques (USJ, campus des sciences sociales, rue Huvelin) a inauguré mercredi soir sa « Tribune culturelle » – « un espace de dialogue et de liberté pour toutes les personnes, et en particulier les jeunes désirant investir leur potentiel dans le combat pour la liberté », selon le président du bureau, Jamil Moawad. La première séance a été consacrée à une conférence-débat donnée par notre collaborateur Michel Hajji Georgiou sur le thème « Légalité et légitimité dans le système politique libanais en temps de crise, la période Aoun ». Étaient présents l’ancien président de la République Amine Gemayel, l’ancien recteur de l’USJ, le père Sélim Abou, la doyenne de l’Institut des sciences politiques, Mme Fadia Kiwan, MM. Samir Frangié, Élie Karamé, Samir Abdel-Malak, Massoud Achkar, Ziyad Baroud ainsi que plusieurs responsables estudiantins et étudiants. La présence de ces personnalités politiques dans un parterre d’étudiants a d’ailleurs permis de soulever un débat de fond sur plusieurs notions politiques, sous un angle académique, telles que la légitimité, la souveraineté, l’identité, la convivialité, la citoyenneté et l’État de droit. Présentant M. Hajji Georgiou, ex-étudiant à la faculté des sciences politiques, M. Moawad a estimé qu’à travers la « Tribune culturelle », « les jeunes pourront désormais diffuser leurs idées, lesquelles seront sans doute le moteur d’une dynamique de changement, participant ainsi à la formation d’une nouvelle élite politique au Liban ». « Seule celle-ci aura la capacité de faire du Liban un pays démocratique », a-t-il ajouté. De son côté, Michel Hajji Georgiou a estimé qu’avec le 13 octobre 1990, date de la chute du gouvernement Aoun et de l’invasion du palais de Baabda par les forces syriennes, c’est « un cycle entier de l’histoire du Liban, entamé en 1943, avec le Pacte national et l’Indépendance, qui s’achève ». Il a ensuite évoqué les avantages d’une approche de l’histoire contemporaine du Liban sous l’angle du binôme légalité-légitimité, précisant que la source de la légitimité au pays du Cèdre est le Pacte national de 1943, qui donne naissance à une légitimité consensuelle et communautaire. Le consensus de 43 sur l’identité du Liban ouvre la voie à un consensus sur la souveraineté libanaise, consensus sucessivement remis en question en 1958, 1969 et 1973, avec l’apparition des divergences entre les « libanistes » et le Mouvement national sur la conception de la souveraineté, à travers le problème de la présence armée palestinienne. « À partir de 1973, l’État cesse d’encadrer et de contenir les communautés. Il délaisse également son monopole de la violence légitime, apanage de l’armée, aux différentes milices, ce qui marque l’avènement d’une dynamique anticonsensuelle. Elle va commencer par une destruction du centre politique, puis par un assaut contre la légalité et la légitimité consensuelle, qui se traduit concrètement par un affaiblissement des structures étatiques, que les milices vont chercher à s’approprier pour dépasser leur “complexe de la légalité”, sous l’impulsion d’un acteur extérieur (17 mai, accord tripartite) », a poursuivi M. Hajji Georgiou, évoquant par ailleurs « la mise en place par la force d’une dynamique du vide institutionnel et l’assassinat de plusieurs leaders représentatifs capables de négocier un règlement ou ayant tenté à un moment ou un autre de briser les nouvelles barrières communautaires ». Il a ensuite posé le problème de la constitutionnalité de la nomination du cabinet militaire de transition en septembre 1988 par le président Gemayel, du processus de Taëf et de la dissolution de la Chambre par le général Aoun, estimant que le cabinet Aoun était constitutionnel, et que la dynamique de Taëf et la dissolution du Parlement ne l’étaient pas. Concernant la légitimité du gouvernement Aoun, il a rappelé que, selon le président Hraoui lui-même, les ministres musulmans avaient été contraints par Damas à démissionner. « Par ailleurs, on reproche à Aoun d’être une figure “populiste”. Un terme impropre, dans la mesure où le personnage est bien plus proche du césarisme plébiscitaire, pouvoir personnel autoritaire qui s’appuie ou tente de s’appuyer sur le peuple et l’armée. Deux forces que Aoun qualifie de “tresses dont il puisait sa force à la manière d’un Samson contemporain” (...) En fait, la légitimité de Aoun provient en grande partie du binôme armée-légalité. En d’autres termes, si l’on est dans la continuité du pacte de 43 (dans ce sens, Aoun est beaucoup plus conservateur que révolutionnaire), on constate l’apparition de nouvelles priorités, résultat des affrontements militaires : l’exigence de sécurité et le sentiment qu’il faut restituer à l’État le monopole de la violence légitime (notamment à l’armée) qui crée ce sentiment de ferveur populaire chez les Libanais. Aoun use dans ce cadre d’un discours simple, direct, articulé autour de la notion de souveraineté », a-t-il indiqué. Citant enfin le politologue Joseph Maïla, il a contesté la légitimité de l’accord de Taëf, qui « reformule la même concession sur la souveraineté que l’accord tripartite » et qui « ouvre la voie à une souveraineté limitée, sous la tutelle syrienne ». Il a enfin posé deux questions : à la première, « Peut-on parler de légitimité sans souveraineté ? » M. Hajji Georgiou a répondu par la négative, estimant que « tout pouvoir sous tutelle devient illégitime, d’où la nécessité d’un nouveau pacte national générateur de souveraineté ». À la seconde, « Le Liban peut-il se stabiliser sous l’impulsion d’une légitimité charismatique comme celle de Michel Aoun ? Une seule personne peut-elle réussir le pari de garantir la légitimité nationale, c’est-à-dire transcommunautaire? » il a également répondu par la négative, estimant que « la légitimité nationale passe par la mise en place d’institutions capables de constituer un creuset vers l’ordre national (armée, administration, Banque centrale), par l’édification d’un État de droit et l’émergence d’une citoyenneté qui viendrait se superposer à l’ordre communautaire ». Un débat s’est ensuivi entre étudiants et personnalités politiques, au cours duquel le président Gemayel a témoigné de son mandat. « Le président Hafez el-Assad a cherché à mettre en place une légitimité révolutionnaire au Liban », a-t-il affirmé, estimant que le processus de Taëf était anticonstitutionnel, et que le Liban se trouvait aujourd’hui dans une situation pseudodictatoriale.
Le bureau des étudiants de l’Institut des sciences politiques (USJ, campus des sciences sociales, rue Huvelin) a inauguré mercredi soir sa « Tribune culturelle » – « un espace de dialogue et de liberté pour toutes les personnes, et en particulier les jeunes désirant investir leur potentiel dans le combat pour la liberté », selon le président du bureau, Jamil Moawad. La...