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Actualités - CHRONOLOGIE

Congrès - Clôture du congrès sur le dialogue entre l’Europe et le monde arabo-musulman Un premier pas vers la compréhension mutuelle, estime le Hezbollah

Et au troisième jour du congrès sur le dialogue entre l’Europe et le monde islamique, le calme est revenu. Après une ouverture houleuse, à cause d’un incident entre un député allemand et le représentant de Hamas au Liban, des débats passionnés, notamment sur l’approche européenne des opérations-suicide, c’est peu avant la clôture que les nombreux invités ont réussi à trouver un terrain d’entente : l’opposition à la politique de l’Administration américaine en Irak, en Palestine et dans le monde en général. Mais si les concepts étaient souvent différents, les intervenants ont réussi, comme l’a relevé le Dr Ali Fayad, directeur du centre d’études et de documentation du Hezbollah, à mieux comprendre leurs mécanismes de pensée mutuels. Un pas vers un dialogue profond, même si pour l’instant, il y a surtout eu des exposés des différentes positions. Malgré, il est vrai, une importante contribution de la Friedrich-Ebert-Stiftung, de L’Orient Institute of Beirut, du Centre des études islamiques de l’université de Birmingham et de la revue Confluences-Méditerranée, c’est surtout le Hezbollah qui semblait être l’âme de ce congrès. Dans le souci de se montrer à la hauteur de la mission, il a mis le paquet côté organisation : aucune présence visible de sécurité, des traductions simultanées en arabe, anglais et français, des documents immédiatement disponibles et une volonté évidente de donner la parole à tous, sans privilégier les membres du mouvement ou les sympathisants. Le Hezbollah était déterminé à faire de cette rencontre une réussite et il y est sans doute parvenu, tant les interventions ont cerné les problèmes, sans complaisance ni hypocrisie, mettant parfois l’accent sur l’étendue des divergences. Pour le Hezbollah, il s’agissait aussi de se présenter devant l’Europe, sous le visage d’une formation déterminée à évoluer dans le sens de l’ouverture, de la tolérance et de la reconnaissance de l’autre, voire des autres. Et, au fil des interventions, il est effectivement apparu comme le plus modéré des partis, par rapport aux différentes formations islamiques participant au congrès. Les intervenants campent sur leurs positions C’est aussi le Hezbollah qui a tenté de convaincre le représentant du Hamas au Liban, M. Oussama Hamdane, de ne pas se retirer de la salle lorsque le député allemand, M. Christoph Zöpel, a qualifié l’organisation palestinienne de terroriste. Ali Fayad a ainsi suggéré que le débat s’engage sur la question et le lendemain, ce fut chose faite. C’est aussi le Hezbollah qui a tenté d’atténuer la portée de la déclaration d’une jeune Iranienne qui, au cours de la dernière séance, a considéré, en guise de conclusion, que le Coran est universel et ne s’adresse pas seulement aux musulmans. C’est encore lui qui a sollicité un débat ouvert sur le concept de résistance et les opérations-suicide, provoquant une position en pointe de l’Allemand, Michael Lüders, qui considère que ces procédés « sont terroristes et ne font qu’encourager l’extrémisme de Sharon ». Pour le Hezbollah, ce congrès était donc une réussite. Il a réussi à rassembler des penseurs, des chercheurs européens, arabes, indonésiens et iraniens, les encourageant à discuter simplement et franchement et à se positionner comme un véritable moteur du dialogue, en dépit des campagnes hostiles menées en Europe, pour décourager les intellectuels de participer à cette rencontre. Mais sur le plan du dialogue, il n’a pas vraiment atteint ses objectifs, puisque les intervenants sont restés sur leurs positions. Il faudrait relever, à ce sujet, que si les Européens ayant participé à ce congrès appartenaient à une élite intellectuelle, les intervenants du monde arabe n’étaient pas toujours du niveau, se contentant de prononcer des allocutions idéologiques et passionnées, frôlant la langue de bois si chère aux pays du tiers-monde. Il n’y a pas d’entités homogènes Comme l’a relevé le chercheur syrien, al-Tayyib Tizini, l’élément principal qui ressort de ce congrès c’est que ni l’Europe ni le monde arabo-islamique ne forment une entité cohérente, parlant d’une seule voix. « Peut-être aurait-il fallu commencer par un dialogue interne à chacune des deux parties, avant de les pousser à parler entre elles », a-t-il déclaré. Il est vrai que l’intervention de l’Iranien, Ali Moue’mène, a jeté un froid chez les Arabes, puisqu’il a affirmé qu’il n’y avait pas d’État irakien moderne, heurtant l’élan nationaliste de nombreux présents. Mais toutes ces remarques montrent que le débat était réellement ouvert et chacun a pu s’exprimer en toute liberté. Plusieurs problématiques ont ainsi fait l’objet de nombreuses interventions, notamment les liens entre l’État et la religion, ce qui a permis d’évoquer le concept de laïcité et bien entendu la question du voile en France, le problème palestinien, la résistance et le terrorisme et les concepts de démocratie et de consultation. Le meilleur résumé est venu du Dr Ali Fayad, qui a déclaré en guise de conclusion que ce congrès était un premier pas, mais qu’il devrait être suivi de beaucoup d’autres, afin de parvenir à un véritable dialogue. Mais pour cela, il faut accepter d’écouter et surtout de reconnaître les différences. Il faut aussi beaucoup de respect pour que les propos soient constructifs et n’aboutissent pas à une impassse. Le Dr Fayad a aussi précisé avoir compris, grâce aux débats des trois jours, qu’être sûr d’avoir raison ne signifie pas forcément avoir les moyens d’en convaincre les autres. Le dialogue, c’est donc un art, voire une philosophie, et, dans cet ordre d’idées, le premier pas accompli à travers le congrès a besoin d’une véritable dynamique pour devenir un échange et pour qu’il aboutisse à l’adoption d’un langage commun. Car l’un des points soulevés au cours des trois jours de débats était axé sur le fait qu’Européens et musulmans utilisent souvent les mêmes mots, mais en leur donnant des significations différentes. Par contre, tout le monde était d’accord pour dénoncer le concept américain de la démocratie. Le premier dénominateur commun a été trouvé. Il ne reste plus qu’à attendre la suite. Scarlett HADDAD
Et au troisième jour du congrès sur le dialogue entre l’Europe et le monde islamique, le calme est revenu. Après une ouverture houleuse, à cause d’un incident entre un député allemand et le représentant de Hamas au Liban, des débats passionnés, notamment sur l’approche européenne des opérations-suicide, c’est peu avant la clôture que les nombreux invités ont...