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Actualités - CHRONOLOGIE

Prisonniers - Le rôle de l’Iran mis en exergue dans le compromis final Préparatifs accélérés en Israël en vue de l’échange de jeudi

Israël accélérait lundi ses préparatifs pour un échange de prisonniers avec le Hezbollah, qui doit avoir lieu jeudi, en dépit d’un certain malaise dans le pays à cause du prix payé. Israël va libérer plus de 400 détenus, en échange d’un civil en vie et des dépouilles de trois soldats à la suite d’un accord conclu grâce à une médiation allemande. Tous les analystes en Israël s’accordaient hier pour estimer que cet échange inégal va renforcer le prestige d’un mouvement qui s’est imposé au fil des ans comme un ennemi acharné et redoutable de l’État juif et figure sur la liste des organisations terroristes établie par le département d’État américain. Plus grave, il risque de pousser des groupes radicaux palestiniens à redoubler d’efforts pour kidnapper des militaires ou des civils israéliens. L’opinion israélienne est divisée, bien que la plupart des responsables politiques approuvent bon gré mal gré l’échange, rappelant qu’il y a eu des précédents. Selon un sondage publié lundi par le quotidien Maariv, 44 % des personnes interrogées approuvent l’accord d’échange, 44 % y sont hostiles, et 12 % sans opinion. « L’accord d’échange consacre la victoire du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah », estime le quotidien Haaretz selon lequel il va encourager l’aile « la plus extrémiste » parmi les Palestiniens. « Cet accord n’est pas brillant, mais il fallait le conclure car Israël ne pouvait abandonner l’un de ses citoyens et rester indifférent à la souffrance de familles de soldats » tués, note le journal à grand tirage Yediot Aharonot. Le général de réserve Ilan Biran, chargé du dossier, devait se rendre hier en Allemagne pour régler les derniers détails techniques de l’opération. L’armée israélienne a commencé lundi à déterrer des corps de combattants libanais tués qui doivent être remis jeudi au Hezbollah. Des équipes du rabbinat militaire ont sorti des corps enterrés dans le cimetière d’Amiad, dans le nord d’Israël, près de la localité de Rosh Pina. Une cinquantaine de soldats ont creusé la terre avec des pioches sous une pluie battante pour sortir les dépouilles des tombes numérotées. Elles ont ensuite été placées dans des cercueils en bois et hissées sur des véhicules de l’armée israélienne. Le commandant militaire de la région nord d’Israël, le général Benny Gantz, est arrivé sur les lieux pour superviser l’opération alors que l’armée décrétait le cimetière même, « zone militaire fermée », dont l’accès est interdit à la presse, placée à distance. L’accord prévoit la libération par Israël de 400 détenus palestiniens, 23 Libanais, cinq Syriens, trois Marocains, trois Soudanais, un Libyen et un Allemand, Steven Smirek, recruté par le Hezbollah et détenu depuis 1997. En échange, Israël obtiendra des dépouilles de trois soldats israéliens et d’Elhanan Tannenbaum, un colonel de réserve israélien enlevé par le Hezbollah en octobre 2000. Tannenbaum a été présenté par le Hezbollah comme un agent des services secrets israéliens, ce que les autorités israéliennes démentent, le menaçant de poursuites judiciaires pour ses agissements. Israël s’engage également à fournir au Hezbollah des informations sur le sort de 24 « disparus » et à fournir aux autorités libanaises des cartes des champs de mines laissées par ses troupes au Liban-Sud après le retrait de la région en mai 2000. D’autre part, d’ici à trois mois au maximum, Israël devrait libérer le doyen des détenus libanais, Samir Kantar, emprisonné depuis 24 ans pour meurtres, et éventuellement d’autres détenus, à condition d’avoir entre-temps obtenu des informations sur son navigateur Ron Arad dont l’appareil avait été abattu au Liban en 1986. Le ministre de la Défense israélien Shaoul Mofaz a affirmé dimanche qu’« Israël n’avait jamais été aussi proche d’obtenir des informations » sur cet aviateur dont on est sans nouvelles depuis dix ans. Une « formule de compromis » Le dénouement des négociations pour l’échange de prisonniers entre le Hezbollah et Israël a mis en exergue le rôle actif de l’Iran et aussi celui de la Syrie, souligne-t-on à Beyrouth. Bien que considéré comme un succès pour le Hezbollah, l’accord annoncé au cours du week-end n’aurait très probablement pas pu se faire sans l’intervention de Téhéran, protecteur patenté de la formation intégriste, qui a usé, selon l’expression du négociateur allemand Ernst Uhrlau, de « ses capacités de persuasion ». Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a d’ailleurs rendu dimanche un hommage appuyé à la « coopération de l’Iran » dans cette affaire. « Les Iraniens ont facilité les choses. Ils auraient pu nous demander de ne pas poursuivre la négociation, mais ils nous ont dit de faire ce qui nous semblait adéquat », avait-il dit. « Il ne fait pas de doute que l’Iran a pesé sur le Hezbollah et a permis de débloquer les négociations en proposant une formule de compromis en deux étapes », a indiqué à l’AFP une source diplomatique occidentale qui a requis l’anonymat. Ce compromis concerne la libération à un stade ultérieur de Samir Kantar. Le Hezbollah avait exigé en novembre sa libération en même temps que des centaines d’autres prisonniers arabes. Cette condition avait été rejetée par l’État hébreu. Sayyed Nasrallah a expliqué que la libération de Samir Kantar est liée aux informations qui parviendront « dans les deux ou trois mois » sur le sort de l’aviateur israélien Ron Arad, capturé en 1986 au Liban-Sud, et de quatre diplomates iraniens disparus au Liban-Sud en 1982. Or, ces diplomates sont donnés pour morts, et la demande les concernant serait plutôt formelle et destinée à faire « bonne mesure », selon cette source diplomatique. En revanche, le blocage concernant le sort de l’aviateur israélien semble levé. À ce propos, le chef du Hezbollah a évoqué la mise en place en Allemagne d’une commission « comprenant les parties concernées » pour suivre ce deuxième volet de l’échange. À Beyrouth, on indique que cette commission regroupera le Hezbollah, l’Allemagne, Israël et l’Iran. Outre l’Iran, la Syrie, qui a également des liens privilégiés avec le Hezbollah, a aussi joué un rôle important dans le dénouement de l’affaire, indique-t-on à Beyrouth. « La Syrie a tout intérêt à jouer les conciliateurs et à montrer des signes de bonne volonté au moment où elle annonce sa volonté de reprendre les négociations avec Israël, et qu’elle est soumise à des pressions américaines pour cesser son soutien au Hezbollah », ajoutent ces mêmes sources diplomatiques.
Israël accélérait lundi ses préparatifs pour un échange de prisonniers avec le Hezbollah, qui doit avoir lieu jeudi, en dépit d’un certain malaise dans le pays à cause du prix payé.
Israël va libérer plus de 400 détenus, en échange d’un civil en vie et des dépouilles de trois soldats à la suite d’un accord conclu grâce à une médiation allemande.
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