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Actualités - OPINION

L’heure de vérité financière attend le prochain président

À ceux qui l’interrogent sur son sentiment à l’égard d’une prorogation ou d’une reconduction du mandat du président Lahoud, le patriarche Sfeir répond toujours en affirmant qu’un amendement constitutionnel est un acte plus solennel que l’amendement d’une loi ordinaire. Le chef de l’Église maronite ajoute que toutes les tentatives de reconduction de mandat présidentiel ont été à l’origine de troubles sociaux et politiques, en commençant par celle de Béchara el-Khoury, en passant par celle de Camille Chamoun, pour finir par celle d’Élias Hraoui, qu’un diktat de Hafez el-Assad a reconduit dans ses fonctions pour trois ans. Une chose est sûre, pourtant, quel que soit le chef de l’État appelé à succéder au président Lahoud, et même si ce dernier doit se succéder à lui-même, les plus grandes qualités dont il devra jouir seront la transparence et le sang-froid, et le plus grand défi qu’il devra relever sera celui de la situation financière. Pour ce ténor de la vie politique, qui reflète en cela l’opinion publique, le temps que nous vivons n’est plus celui des apprentissages et des essais, mais celui d’une action résolue, servie par une expérience certaine, en faveur du relèvement du pays. Le prochain chef de l’État devra, selon ce ténor, faire face à la situation économique, financière et sociale, avec une équipe gouvernementale homogène. En effet, seule une action concertée est à même d’éviter au Liban une crise financière majeure en 2005, car le déficit budgétaire de 2003 a dépassé de 10 points les prévisions qui lui ont été faites (27 %) et que l’on ne sait ce que nous réserve 2004. Les chiffres de 2003 devraient suffire à eux seuls pour prévoir que le Liban se dirige vers la crise, ou du moins vers une passe financière difficile, passé le cap de l’année 2004, avec ses deux échéances euphorisantes. Fort des assurances du gouverneur de la Banque du Liban, qui dit pouvoir faire face aux échéances financières cette année, les Libanais vont en effet céder sans réserves à leur boulimie politique, et se donner entièrement aux échéances municipales et présidentielle de 2004. Mais après ces échéances sonnera l’heure de vérité. Pour relever le défi financier, la crédibilité extérieure du chef de l’État et de l’équipe gouvernementale devra être au moins aussi solide que leur crédibilité interne. Le nouveau régime devra combattre la corruption et le gaspillage avec toute l’énergie possible, tout en ménageant les libertés essentielles, la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la magistrature. Un mot récent de l’ancien ministre de l’Économie, Yassine Jaber, résume bien la situation. En 2003, a dit M. Jaber, le service de la dette, évalué à 4 000 milliards de livres, s’est finalement élevé à 4 800 milliards, et le déficit budgétaire, qui devait se situer autour de 27 %, s’est élevé à 37-38 %. Qu’en sera-t-il en 2004 ? Le Liban, a poursuivi l’ancien ministre, ressemble à un grand malade auquel un médecin a prescrit un médicament et qui, tout en s’abstenant de le prendre, redemande à son médecin traitant si son état de santé s’améliore. Si un forum Paris III doit se tenir, souligne M. Jaber, ce sera autant pour demander des comptes au Liban que pour lui assurer les fonds nécessaires au remboursement de ses dettes, en attendant la spirale vertueuse qui le sortira de l’endettement. Le salut du Liban passe par une prise de conscience de ses dirigeants, montrant que le temps de l’insouciance est passé. Émile KHOURY

À ceux qui l’interrogent sur son sentiment à l’égard d’une prorogation ou d’une reconduction du mandat du président Lahoud, le patriarche Sfeir répond toujours en affirmant qu’un amendement constitutionnel est un acte plus solennel que l’amendement d’une loi ordinaire. Le chef de l’Église maronite ajoute que toutes les tentatives de reconduction de mandat...