Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Rencontre - Des têtes couronnées au gala de l’association libanaise de l’Ordre de Malte L’archiduc Rudolphe de Habsbourg, son amour pour l’Autriche, ses rêves d’une monarchie restaurée

Il a fait le déplacement afin de prendre part au gala organisé par l’association libanaise de l’Ordre de Malte et rendre hommage à l’occasion de la Saint-Valentin à sa cousine germaine, la princesse Françoise de Lobkowicz, et à son amour et son dévouement pour le Liban. C’est la seconde fois que l’archiduc Rudolphe d’Autriche, fils du dernier empereur Charles de Habsbourg, destitué en 1918, et de l’impératrice Zita, née princesse de Bourbon-Parme, est de passage au Liban, accompagné de son épouse l’archiduchesse Anna Gabriele. Rencontre avec un homme, qui en dépit d’une vie d’exil, a conservé pour son pays un amour indéfectible. L’existence de ses parents a été marquée par la grandeur et la décadence, le règne et l’exil, la fortune et le dénuement. Le faste de la cour d’Autriche, l’archiduc Rudolphe de Habsbourg, né en Suisse le 5 septembre 1919, ne l’a jamais connu. Pas plus qu’il n’a véritablement connu son père, empereur d’Autriche et roi de Hongrie, profondément catholique, décédé prématurément en 1922 en exil, à l’âge de 35 ans et qui sera prochainement béatifié par le Vatican. « Mon père était un homme très religieux, qui a mené une vie de saint et qui s’est dévoué pour les autres », raconte l’archiduc Rudolphe. « Son souci primordial était d’aider les gens à survivre à l’épreuve de la guerre (Première Guerre mondiale) ». En effet, Charles 1er n’aura régné que deux ans, de 1916 à 1918, mais ces deux années ont été marquées par ses efforts en vue d’arrêter une guerre qu’il n’a jamais voulue et qui s’est terminée par l’éclatement de l’empire austro-hongrois et l’exil de la famille impériale à Madère, après confiscation de toutes ses propriétés. Financier et père de famille De son enfance passée en Espagne après la mort de son père, puis en Belgique, l’archiduc Rudolphe d’Autriche garde certains souvenirs encore vivaces. Il parle notamment de la volonté de sa mère, l’impératrice Zita, de mettre ses enfants à l’école, comme tous les autres enfants, et évoque l’éducation reçue au collège des pères jésuites de Bruxelles, « une éducation d’une grande sévérité, qui maintenait l’élève constamment sous pression ». Rudolphe de Habsbourg a 20 ans lorsque la Deuxième Guerre mondiale éclate. Profondément hostile à la politique nazie, la famille impériale déchue reprend le chemin de l’exil, de crainte d’être capturée par les troupes allemandes, après le bombardement de sa résidence en Belgique. Au terme d’une halte en France, elle se réfugie en Espagne puis au Portugal, avant de partir pour les États-Unis où elle séjourne jusqu’à la fin de la guerre. « Tout cela s’est passé très rapidement, se souvient l’archiduc. Nous ne pensions pas que la France serait occupée. » Mais les épreuves n’altèrent pas la détermination de l’archiduc Rudolphe, qui entreprend des études de droit économique aux États-Unis avant de se lancer dans la finance. « Ma profession était ma principale occupation et m’a permis de beaucoup voyager, se souvient-il. J’ai d’ailleurs passé huit ans en Afrique dans une grande plantation de café. J’y ai même appris le kiswahili, seul dialecte parlé là-bas. » Une langue qu’il pratique alors, à l’instar du français, de l’allemand, de l’anglais, de l’espagnol et du hongrois. Père de famille comblé, très soucieux de l’éducation de ses 5 enfants, il demeure néanmoins concerné par la politique et les affaires de son pays, pour lequel il nourrit un amour profond. Son soutien est indéféctible à son frère Otto, qui se lance dans la politique et qui est élu député européen, un mandat qu’il assure durant plusieurs années. « Mon frère était un fervent adepte de l’Union européenne élargie », dit-il, saluant à ce propos la prochaine entrée de la Hongrie dans l’UE. L’espoir d’un retour de la monarchie Même s’il a obtenu en 1980 l’autorisation de retourner en Autriche, au même titre que tous les membres de la famille impériale nés après la révolution, Rudolphe de Habsbourg vit toujours dans sa maison en Belgique avec son épouse, l’archiduchesse Anna Gabriele, et près de ses enfants et de ses 14 petits-enfants. « Nous y sommes heureux et très bien installés », dit-il simplement. Quant à ses relations avec le gouvernement autrichien, il les qualifie de « bonnes ». Des relations d’autant meilleures, que ses frères aînés, Otto et Robert, nés avant la fin de l’empire, ont été autorisés, eux aussi, à retourner en Autriche. « Une grande amitié lie aujourd’hui mon frère Otto au gouvernement autrichien », observe-t-il. Certes, ces relations cordiales avec la République n’empêchent pas l’archiduc de rester fidèle à la monarchie et d’espérer sa restauration. « Beaucoup d’Autrichiens éprouvent une immense sympathie pour notre famille », estime-t-il à ce propos. « Mais il n’existe pas en Autriche de parti politique monarchiste. D’ailleurs, aucun membre de la famille n’a repris le flambeau. Personnellement, je ne joue aucun rôle politique, mais je demeure disposé à soutenir les membres de ma famille dans ce but », ajoute-t-il. Une famille aujourd’hui disséminée à travers l’Europe, notamment en Belgique, au Luxembourg, au Liechtenchtein et en Espagne, et pour laquelle il voue une profonde affection. Près d’un demi-siècle après sa première visite au Liban en 1956, l’archiduc Rudolphe de Habsbourg est aujourd’hui de retour, avec son épouse l’archiduchesse Anna Gabriele, pour répondre à l’invitation de l’association libanaise de l’Ordre de Malte. Dans cette famille profondément catholique, l’appartenance à l’Ordre de Malte, réputé pour ses œuvres caritatives, est chose naturelle. Anne-Marie EL-HAGE
Il a fait le déplacement afin de prendre part au gala organisé par l’association libanaise de l’Ordre de Malte et rendre hommage à l’occasion de la Saint-Valentin à sa cousine germaine, la princesse Françoise de Lobkowicz, et à son amour et son dévouement pour le Liban. C’est la seconde fois que l’archiduc Rudolphe d’Autriche, fils du dernier empereur Charles de...