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Actualités - OPINION

Sharon pourrait se lancer cette année dans une aventure militaire L’Europe lassée de l’inaction arabe face à Israël

Lors de sa deuxième tournée dans les monarchies du Golfe, qui a pris fin mardi, le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, avait réaffirmé à plusieurs reprises l’importance d’une action arabe commune dans la phase actuelle pour faire face aux défis que pose le conflit israélo-arabe. Commentant ces propos, un diplomate européen en poste à Beyrouth souligne que dans la mesure où les pays arabes se suffisent de l’adoption de décisions de principe pour ce qui est du processus de paix et ne font rien pour en assurer l’application, il ne faut pas s’attendre à ce que les États européens viennent en aide à ceux qui ne veulent pas s’aider eux-mêmes. L’Europe est d’autant plus incapable de se substituer aux Arabes que, de l’autre côté, on voit les États-Unis s’abstenir de faire pression sur Israël pour que ce dernier applique les résolutions internationales, et cela bien que dans leur grande majorité, ces résolutions soient d’origine américaine, ajoute ce diplomate. Pour lui, cette double inaction permet au Premier ministre israélien, Ariel Sharon, de profiter de la situation afin de garder son contrôle sur une grande partie des territoires arabes et palestiniens occupés, refuser un retrait jusqu’aux frontières de juin 1967 et maintenir sa politique donnant la priorité à la sécurité sur la paix. Le diplomate européen estime qu’il est bien entendu nécessaire de parvenir à un minimum de solidarité interarabe pour faire face à cette situation, mais cette solidarité ne doit pas uniquement se manifester pour ce qui est de l’adoption de décisions de principe – il y en a déjà beaucoup trop –, mais aussi et surtout pour prendre des mesures pratiques, comme par exemple le renforcement du boycottage d’Israël, le gel des relations diplomatiques établies avec lui par certains pays arabes et, si ces mesures s’avéraient insuffisantes, le recours à des solutions plus radicales comme l’ouverture à la résistance des frontières des pays voisins de l’État hébreu. Toutes ces mesures devraient pouvoir être examinées au cours du prochain sommet arabe, qui ferait bien de ne pas se suffire de rappeler les décisions prises au cours des précédents sommets, souligne le diplomate. En tout état de cause, poursuit-il, il est clair que le gouvernement israélien actuel, étant donné sa coloration radicale, va continuer à promouvoir le slogan de la sécurité avant la paix, en usant du prétexte selon lequel la paix resterait menacée du fait des éléments islamistes ou même « terroristes » comme les appelle l’État hébreu si ces derniers n’étaient pas combattus et éliminés auparavant. Mais le diplomate souligne que la réponse à cette logique est précisément d’œuvrer à instaurer la paix d’abord parce que c’est bien là que se trouve la clé de la sécurité. Une fois qu’Israël se serait retiré des territoires arabes et palestiniens occupés, en application des résolutions internationales et des fondements de la conférence de Madrid et qu’en conséquence, un traité de paix global serait conclu, les causes de la poursuite de l’intifada palestinienne et de la résistance islamique disparaîtraient parfaitement. D’ailleurs, à ce moment-là, Israël ne serait pas seul à faire face aux éléments « terroristes ». Tous les gouvernements arabes devraient aussi les combattre dans la mesure où rien ne justifierait plus leurs activités, sinon le désir de saboter la sécurité et la paix. C’est à ce moment-là seulement qu’il serait possible non seulement à la Syrie, mais à tous les États arabes, de répondre favorablement aux demandes formulées par les États-Unis en vue de consolider la paix. Le président syrien, Bachar el-Assad, a réitéré dernièrement la disposition de Damas à accepter toute initiative en vue de relancer des négociations de paix fondées sur les principes de Madrid et sur ce qui a déjà été réalisé sur ce plan. Les Européens demeurent cependant sceptiques sur les chances d’un succès de telles négociations avec l’actuel Premier ministre israélien. Ce point de vue semble d’autant plus pertinent que M. Sharon pourrait être tenté de mettre à profit la période de la campagne présidentielle américaine, dans laquelle nous sommes déjà entrés, afin de se lancer dans une aventure militaire sous prétexte de lutte contre le terrorisme. D’où le refus du Premier ministre israélien de reprendre les pourparlers avec la Syrie à partir du point où ils étaient arrivés, mais aussi à appliquer les dispositions des accords d’Oslo. Le diplomate européen ajoute que ce qui pourrait également inciter M. Sharon à se lancer dans une opération militaire d’envergure est la crainte de voir la nouvelle Administration américaine issue de l’élection de novembre prochain – même si George W. Bush est réélu – faire pression afin d’accélérer la relance du processus dans un sens qui n’irait pas nécessairement dans l’intérêt du gouvernement israélien en place. Quoi qu’il en soit, ce qui est certain, c’est que les États-Unis sont pour le moment entièrement accaparés par l’Irak et qu’ils n’ont aucune intention de se laisser détourner l’attention de ce dossier. Émile KHOURY
Lors de sa deuxième tournée dans les monarchies du Golfe, qui a pris fin mardi, le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, avait réaffirmé à plusieurs reprises l’importance d’une action arabe commune dans la phase actuelle pour faire face aux défis que pose le conflit israélo-arabe.
Commentant ces propos, un diplomate européen en poste à Beyrouth souligne que dans...