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Actualités - OPINION

ANALYSE - La compétition pour la présidentielle s’ouvre sur le mode feutré Les décideurs prennent leur temps... et leurs précautions

Huit mois. Peut-être même un peu moins. À la fin du prochain été, l’Assemblée nationale devra élire un nouveau président de la République. Ou reconduire le mandat de l’actuel, bien que cela ne soit pas prévu dans la Constitution. En tout cas, l’événement est en soi au moins aussi important que des élections législatives. Et il mérite donc d’être mieux préparé que la dernière loi électorale. Parachutée par les décideurs au dernier moment. Pour être aussitôt contresignée par le chef du gouvernement d’alors, Sélim Hoss, qui s’est plié à cette formalité, tout en protestant contre l’iniquité des dispositions retenues. De fait, il devait en être électoralement la première victime, en se faisant battre à plate couture à Beyrouth, sa ville natale, par le Sidonien Hariri. Mais, tout compte fait, on ne peut rien reprocher à l’ancien président du Conseil. S’il n’avait pas joué le jeu, le pays aurait risqué une crise d’une extrême gravité. Et le fait que, par ailleurs, il eut antérieurement refusé de signer pour des exécutions capitales montre bien que, quand il le faut, quand son souci du bien public le lui permet, Hoss sait dire non. Pourquoi cette évocation d’un passé relativement lointain ? Parce qu’il sert de point de repère. Car, pour le fond, rien n’a changé au niveau des problèmes institutionnels locaux. Au nombre de trois, comme les présidences : – Le choix d’un chef de l’État. Qui tire en fait la majeure partie de ses pouvoirs, de ses capacités d’agir, de sa propre configuration de personnalité. Laquelle se définit dans un cadre du jeu d’attraction ou de rejet avec l’autre pôle magnétique de l’Exécutif, le président du Conseil. – Consécutivement et subséquemment, la projection infographique de la prochaine législature, qui devra être élue en 2005. Nous disons bien élue. Car cette fois-ci, l’opinion se rebiffe contre les parachutages trop flagrants. Il y en aura toujours certes, du simple fait d’ailleurs qu’une bonne frange des Libanais reste une inconditionnelle sincère des décideurs. Mais cela ne devrait plus caractériser d’une manière aussi essentielle l’hémicycle. – Les prérogatives du président du Conseil. Ou, plus exactement, l’étendue de son champ d’influence et de compétence. En d’autres termes, il s’agit d’abord de savoir si l’on pourra ou non, dans la prochaine phase, se passer de Hariri. S’il faudra que, le cas échéant, il parte en même temps que le chef de l’État, ce que proposent d’ailleurs certains loyalistes férus d’équation équitable. Tout est dans tout et réciproquement, disait Alfred Capus. C’est, ici dans ce Landerneau, une vérité première. Personne ne peut en effet tirer sur le bout de la pelote sans faire venir le reste. C’est-à-dire qu’il n’est pas possible de sonder les vues au sujet de la présidentielle, comme semble le faire Assad, sans traiter des législatives et du statut du Sérail. Dans ce même ordre, qui est d’ailleurs chronologique. En effet, le choix du prochain chef de l’État (ou de la reconduction) devra beaucoup conditionner les législatives. Qui, à leur tour, permettront de savoir si Hariri va continuer à occuper la même (grosse) place au soleil. Et si l’on ne va pas, par exemple, le prier de se contenter d’un lot de consolation. Comme la gestion de la capitale où le pouvoir de décision serait éventuellement retiré au mohafez pour devenir l’apanage exclusif d’un conseil municipal acquis au milliardaire. Paris vaut bien une messe, lançait Henri IV de France (et de Navarre). Est-ce que Beyrouth vaut bien un Sérail ? Dans la ronde actuelle de concertations assadiennes, on note que jusqu’à présent, les principaux intéressés de notre place publique ne sont entendus que par fidèles interposés. Il ne serait dès lors pas étonnant qu’après un délai de convenance, afin de ne pas les confondre avec le tout-venant ou, plus exactement, avec des officiels d’un rang moins élevé, les dirigeants libanais soient invités à Damas. Ou se retrouvent, ce n’est pas impossible, autour du président Assad. Certains souhaitent même qu’à une occasion ou à une autre, les responsables libanais entourent le chef de l’État syrien lors d’une rencontre qu’il aurait (enfin) avec Mgr Sfeir.À Bkerké ou, en été, à Dimane qui semblerait plus plausible. Mais ce sont là, pour le moment, des vœux pieux et des spéculations, le fruit n’étant pas encore mûr pour d’aussi retentissantes retrouvailles. Pour le moment, on en reste, du côté syrien, aux marques spéciales d’appréciation pour les positions positives de Bkerké concernant le rejet des pressions US. En laissant en outre entendre qu’on entend tenir compte de l’avis du cardinal dans le choix d’un président. Maronite. Jean ISSA
Huit mois. Peut-être même un peu moins. À la fin du prochain été, l’Assemblée nationale devra élire un nouveau président de la République. Ou reconduire le mandat de l’actuel, bien que cela ne soit pas prévu dans la Constitution. En tout cas, l’événement est en soi au moins aussi important que des élections législatives. Et il mérite donc d’être mieux préparé...