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Actualités - OPINION

Diaspora - Bientôt, la visite présidentielle rituelle à l’importante colonie libanaise du Brésil À la recherche d’une stratégie sérieuse pour resserrer les liens avec les émigrés

Dans une petite semaine, en principe, le chef de l’État doit se rendre au Brésil à la tête d’une importante délégation officielle comprenant nombre de ministres. C’est là une tradition observée par la plupart des régimes qui se sont succédé au Liban. Car le Brésil compte bien plus de Libanais d’origine qu’il ne se trouve de résidents dans la mère-patrie. Mais, à dire vrai, les retrouvailles périodiques, mis à part les bons sentiments, n’ont jamais encore produit de résultats tangibles. En termes de soutien accentué des émigrés à l’économie nationale branlante. Ou encore en termes de participation à la vie publique de ce pays. Pourtant, la phraséologie officielle locale déborde de pertinentes considérations sur l’importance du rôle que les émigrés pourraient jouer dans tous les domaines. Notamment en diplomatie, leur taux d’influence étant assez considérable de par le monde. Le refrain remonte loin : dans la déclaration ministérielle du premier gouvernement de l’indépendance, dirigé par Riad el-Solh, on trouve cette belle envolée : « Le gouvernement du Liban prendra contact avec l’aile émigrée répandue aux quatre coins du monde pour y chercher fortune et gloire. Nous n’oublions pas que les émigrés ont soutenu tout élan de renaissance. Nous n’oublions pas leur appui quand nous les avons appelés à aider la mère-patrie à défendre ses droits. Cela sans compter le bon renom qu’ils ont tissé pour le Liban dans les pays d’accueil. Le gouvernement resserrera les liens avec eux, même en ces temps de guerre mondiale. Pour des échanges directs profitables sur le plan moral autant que sur le plan matériel. » Cinquante-sept ans plus tard, en 2000, le gouvernement Hariri proclamait à son tour, dans sa déclaration ministérielle, sa détermination à renforcer la jonction entre le Liban résident et le Liban émigré. Affirmant qu’il entendait aider les émigrés à unifier leurs rangs, ainsi que tirer profit de leurs potentialités au service des causes nationales, dont la libération. Il ajoutait qu’il avait l’intention d’encourager l’investissement émigré. Hariri, tout comme Hoss avant lui, a visité le Brésil. D’innombrables congrès généraux ou pour hommes d’affaires ont été organisés au Liban. De non moins innombrables délégations officielles ou de la société civile se sont rendues régulièrement dans les pays d’émigration. L’on a même, un certain moment, créé un ministère spécial, assez vite englouti à cause de conflits de compétence avec les AE, qui ont donc repris ce département. En 1992, le palais Bustros avait enjoint aux ambassades ou aux consulats du Liban à l’étranger d’entrer en contact avec les clubs, les associations d’émigrés afin d’en inciter les membres à accomplir les formalités d’état civil impliquant confirmation de leur nationalité d’origine. Cela pour garder des liens forts, pour préserver certains droits de base, dont la propriété en terre libanaise, et pour faciliter les recensements. Le projet de nouveau code des naturalisations comprend un chapitre consacré aux émigrés, mais le texte dort toujours dans les tiroirs du pouvoir. Il convient de souligner par ailleurs que les Libanais se montrent aussi divisés à l’extérieur qu’à l’intérieur. On sait de la sorte que leurs querelles ont pratiquement réduit à néant l’Union créée pour eux. Mention spéciale doit être réservée aux milliers de Libanais que la guerre domestique a contraints à s’expatrier. Rien n’est fait concrètement pour les encourager à revenir participer à la vie économique et à la reconstruction du pays. Ils ne disposent même pas, en général, des facilités nécessaires pour voter lors des élections législatives. Pour tout dire, comme bon nombre de notables émigrés s’en plaignent, le pouvoir local n’a jamais songé à mettre en place une stratégie sérieuse pour attirer le concours des émigrés. Et encore moins pour retenir les nouvelles générations de Libanais d’origine vivant au-dehors. Ce qui est d’autant plus regrettable que la situation du pays n’incite pas les émigrés à avoir assez confiance, dans le pouvoir et l’Administration surtout, pour (re)venir investir. Émile KHOURY
Dans une petite semaine, en principe, le chef de l’État doit se rendre au Brésil à la tête d’une importante délégation officielle comprenant nombre de ministres. C’est là une tradition observée par la plupart des régimes qui se sont succédé au Liban. Car le Brésil compte bien plus de Libanais d’origine qu’il ne se trouve de résidents dans la mère-patrie. Mais,...