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Actualités - CHRONOLOGIE

Société - Même les militantes d’organisations laïques portent le voile Les pratiques religieuses gagnent du terrain dans les camps palestiniens

Les pratiques religieuses, dont le port du foulard islamique, gagnent du terrain parmi les Palestiniennes du Liban, en particulier les partisanes de mouvements laïcs, mais il ne s’agit pas d’une montée du fondamentalisme sunnite, relève notre confrère Négib Kazzakha, de l’AFP. Ce phénomène religieux ne touche pas seulement les dizaines de milliers de réfugiés vivant dans les camps, mais également leur entourage libanais immédiat, sunnite et chiite, à Beyrouth, Saïda, Tyr, Tripoli et Baalbeck. Il s’étend un peu partout au Proche-Orient. « Cette régression résulte de l’influence négative des fondamentalistes qui ont écorné 50 ans de lutte nationale marquée par la laïcité », a affirmé à l’AFP, Souhail Natour, un responsable du FDLP (Front démocratique de libération de la Palestine) du camp de Mar Élias, à Beyrouth. M. Natour confie que des jeunes militantes du FDLP ont adopté le voile, sans toutefois changer de conviction. « Leur souci est de ne pas heurter leur entourage où le port du foulard s’est répandu », dit-il. « De plus en plus, de nombreux jeunes gens jeûnent durant le ramadan et prient », ajoute-t-il. Sourayya, la cinquantaine et membre du FLPP (Front de lutte populaire palestinien), a revêtu il y a neuf ans le manteau islamique (jalbab) et s’est coiffée d’une écharpe (mandil). Mais elle continue de serrer la main des hommes. « Nous avons abandonné le marxisme, mais nous ne l’avons pas troqué contre le fondamentalisme », souligne cette femme du camp de Aïn el-Héloué. « Ma tenue vestimentaire est conforme à nos traditions musulmanes », affirme-t-elle. Elle milite au sein de l’Union générale des femmes palestiniennes (UGFP), où femmes voilées ou non travaillent côte à côte. Tête nue, Amné Jibril, cadre du Fateh, principale composante de l’OLP, discute avec Kanané Rahma, 50 ans, le visage cerné d’un voile. « Je porte la tenue islamique depuis douze ans et je n’ai pas pour autant viré du côté des islamistes, précise Kanané Rahma. Des centaines de proches sont dans mon cas. » Pour Amné Jibril, une fervente partisane de Yasser Arafat, « le retour aux traditions islamiques ne dénote ni fanatisme, ni extrémisme ». « Les Palestiniens de la diaspora comme ceux de l’intérieur sont des croyants qui ont trouvé ces dernières années refuge dans la religion face aux actes de guerre d’Israël et pour combler les espoirs déçus du projet d’un État palestinien », dit-elle. Selon elle, « le manteau islamique, pas cher, cache également la misère des habits ». Le port du voile s’est également répandu dans les écoles primaires des camps, « probablement imposé par des parents croyants » et les adolescentes se couvrent de plus en plus la tête. Fatma, une jolie brune du camp de Rachidiyé (Sud), porte un jean moulant mais s’est coiffé la tête d’un foulard. « C’est plus commode, mais je ne prie pas », confie-t-elle. « Les combattants se sont mis à prier et à jeûner après l’invasion israélienne du Liban et les massacres de Sabra et Chatila, en 1982. Se sentant totalement abandonnés et écrasés par la machine de guerre sioniste, ils se sont accrochés petit à petit à leur religion, l’islam », explique Fathi Abou al-Aardat, membre du Conseil national palestinien (CNP-Parlement en exil). Sultan Aboul Ayanaïn, chef du Fateh au Liban, affirme : « C’est vrai que les pratiques religieuses ont proliféré, mais les sentiments de notre peuple restent foncièrement nationalistes. Les islamistes sont une minorité, en dépit de leurs énormes efforts d’embrigader les jeunes et les femmes, notamment par le biais de riches associations caritatives. » Mais le clivage entre « nationalistes » et « islamistes » ne cesse de se creuser. Le FPLP-CG d’Ahmed Jibril, formation marxiste au départ, a renforcé ses liens avec les islamistes palestiniens du Hamas et du Jihad islamique, parallèlement au Hezbollah. Ce mouvement palestinien, dont les cadres récitent désormais des versets coraniques au début des réunions, envisage d’adopter l’islam comme doctrine lors de son prochain congrès.

Les pratiques religieuses, dont le port du foulard islamique, gagnent du terrain parmi les Palestiniennes du Liban, en particulier les partisanes de mouvements laïcs, mais il ne s’agit pas d’une montée du fondamentalisme sunnite, relève notre confrère Négib Kazzakha, de l’AFP.
Ce phénomène religieux ne touche pas seulement les dizaines de milliers de réfugiés vivant...