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HOMMAGE - Photographe provocateur, sulfureux et… daltonien Helmut Newton, prince de la mode et des nus

Il était surtout connu pour ses photos de nus et son goût de la provocation. Le photographe australien Helmut Newton, décédé accidentellement le 23 janvier 2004, à 83 ans, à Hollywood, royaume du glamour qu’il avait immortalisé avec ses fameux clichés, était assurément l’un des photographes les plus célèbres (et les plus chers) au monde. Newton s’était spécialisé dans les photos de mode pour les magazines « Vogue », dont il était l’un des piliers, et « Elle.» Cet homme élégant (souvent habillé de blanc, de la tête aux pieds) était également considéré comme un maître de la photo érotique, notamment avec sa série des Big Nudes (Les grands nus), des clichés grand format noir et blanc qui avaient fait scandale à leur sortie dans les années 80. Il s’amusait en effet à mettre en scène de sulfureuses scénographies sadomasochistes. Par ses audaces formelles autour du document cru, par son refus de la sentimentalité, sa façon de faire résonner l’époque dans ses images, Newton s’est immortalisé comme l’un des grands photographes de la deuxième moitié du XXe siècle. Helmut Newton est né le 31 octobre 1920 à Berlin. Très tôt, il se passionne pour la photographie. Exit l’école. À 16 ans, il entre comme apprenti chez l’un des photographes les plus réputés de Berlin, Elsie Simon, chez qui il apprend le métier durant deux ans. Après quoi il devient, à 18 ans, « l’apprenti » de Yva, une photographe réputée de mode et de portraits. En 1938, pour échapper aux persécutions nazies, il fuit à Singapour. Il y est embauché comme photojournaliste par un quotidien local. Au bout de deux semaines, il est renvoyé pour cause d’incompétence et de lenteur au travail. Il rejoint alors l’Australie, dont il obtiendra la nationalité. Il s’y enrôle également dans l’armée. En 1948, Newton épouse l’actrice June Brunell, connue sous le nom d’Alice Springs, et après avoir ouvert un petit studio à Melbourne, commence à travailler pour Vogue (France) en 1961. Débute alors une fructueuse collaboration d’un quart de siècle. Il travaille également avec les plus célèbres magazines de mode ou de charme sur papier glacé, comme Playboy, Queen, Nova, Marie-Claire et Elle. Cela fait de lui l’un des photographes internationaux les plus chers, avec des honoraires journaliers de 5 000 euros. « Je n’ai quasiment pas changé ma manière de photographier depuis que je suis enfant », a-t-il expliqué l’an dernier au journal canadien National Post. Après s’être installé à Paris, le photographe, célèbre pour ses lunettes fumées cerclées, partage les dernières années de sa vie entre Monte-Carlo, où il possédait une résidence, et les États-Unis. Parmi ses nombreuses sources d’inspiration, Berlin, sa ville natale, son enfance au sein d’une famille juive bourgeoise, sa nounou nue ; Erich von Stroheim, Brassaï, les paparazzi, des accessoires médicaux (minerves, béquilles, prothèses), l’actualité, la nuit, les faits divers et de nombreux faits autobiographiques – de ses performances aquatiques dans les piscines des capitales du monde à son infarctus en 1971, quand il devint « tout blanc et tout gentil ». On l’aura compris, ses thèmes de prédilection sont, par excellence : le sexe, le pouvoir, la domination, l’argent. Ses décors : hôtels, avions, villas ou même les voitures décapotables. « Je suis superficiel » À ses nombreux critiques, lectrices choquées de Vogue ou féministes allemandes dont il s’est attiré de nombreuses fois les foudres, il rétorquait : « Je ne suis pas là pour être aimé, ce n’est pas ma fonction. Je ne suis pas un photographe qui fait un commentaire social. Moi, je suis superficiel et je montre le monde des riches et leurs relations. (...) Et j’essaie de le faire de la manière la plus bizarre, afin de ne provoquer aucun ennui. » Helmut Newton était daltonien, le répétait, s’en amusait. « Ça ne m’a pas empêché de voir. » Newton laisse une œuvre riche, dominée par ses photos de mode, ses grands nus, qui ont fait tant scandale, mais aussi ses portraits de personnalités. Son œuvre a été publiée sous forme de nombreux ouvrages, dont Femmes secrètes (1976), White Women (1981), Helmut Newton’s Illustrated n°1-Sex and Power (1987) ou encore Sumo (1999), un livre colossal présentant plus de 400 photos, pour la plupart inédites, englobant tous les aspects de son extraordinaire carrière photographique. En octobre dernier, il a cédé à Berlin, sa ville natale, l’ensemble de son œuvre, qui devrait y être exposée à partir de l’été prochain dans un nouveau lieu culturel. « Je suis très fier que mes photos reviennent dans ma ville natale. Pas seulement les nus, mais aussi les portraits, les paysages et les instantanés que j’aime tellement », s’était-il réjoui. Il avait souhaité que le lieu d’exposition de ses œuvres soit « très vivant » et qu’il s’y « passe beaucoup de choses ». « Ne parlez pas de musée, un musée c’est une chose morte ! » avait lancé le maître ès provocations. Fidèle à son (et ses) image (s)… M.G.H.

Il était surtout connu pour ses photos de nus et son goût de la provocation. Le photographe australien Helmut Newton, décédé accidentellement le 23 janvier 2004, à 83 ans, à Hollywood, royaume du glamour qu’il avait immortalisé avec ses fameux clichés, était assurément l’un des photographes les plus célèbres (et les plus chers) au monde. Newton s’était spécialisé dans les...