Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Le Liban de toujours

Quelle que soit l’admiration que l’on porte à Hassan Nasrallah et aux résistants, leur lutte ne saurait résumer le Liban. Il y a d’autres luttes et d’autres résistances qui sont tout aussi âpres, comme la résistance à ce qui mine notre souveraineté, la lutte contre la tentation totalitaire, le pouvoir de l’argent, le refus du pluralisme, la paresse intellectuelle et l’effort d’être soi. Non, la résistance à l’État d’Israël ne résume pas le Liban. Elle n’en est qu’une des dimensions. Ne nous laissons pas griser par nos victoires. Laissons de côté les manuels d’histoire, et tournons nos regards vers les registres des départs de l’AIB. Socialement, nous sommes dans le rouge. Le pays se vide à la vitesse de la lumière, tandis qu’un autre sang le repeuple. Du reste, quelle est notre doctrine de défense ? En fixant à un peuple des objectifs inaccessibles, c’est au désespoir qu’on le pousse. Cherchons à affaiblir Israël, oui, mais cherchons aussi d’autres manières de vaincre Israël qu’à la pointe du fusil. La force ne se justifie que comme un appoint à la diplomatie. La diplomatie sans la force peut être impuissante, mais la force sans la diplomatie est suicidaire. Dans la question de Palestine, il y a à la fois la nation et la religion et, au cœur de la dimension religieuse, Jérusalem. On peut refuser de croire à un dialogue politique avec Ariel Sharon. Mais de là à ne pas croire, comme Walid Joumblatt, à la culture de la paix, la distance est grande. Ne pas croire à la culture de la paix, c’est ne pas croire au dialogue des cultures. Et la seule alternative au dialogue des cultures, c’est le choc des civilisations et l’autodestruction de la planète. De ce devoir de dialogue, qui est un devoir de paix, nul n’est dispensé, pas plus le Liban que le Hezbollah, pas plus la Palestine qu’Israël. Sans ce dialogue, le Liban ne serait pas ce qu’il est. Il serait bien plus pauvre, bien plus simpliste, bien plus sec, à l’image de cet aride Sud qu’on utilise plutôt que de le servir. Non, dans cette partie du monde qui est le berceau de trois religions, l’appel profond du Liban est sa vocation au dialogue, et en particulier au nécessaire et aventureux dialogue entre les religions. Le « totus tuus » du Liban, c’est bien Dieu. Dieu est le premier et le dernier risque que doit prendre notre pays. Fady NOUN
Quelle que soit l’admiration que l’on porte à Hassan Nasrallah et aux résistants, leur lutte ne saurait résumer le Liban. Il y a d’autres luttes et d’autres résistances qui sont tout aussi âpres, comme la résistance à ce qui mine notre souveraineté, la lutte contre la tentation totalitaire, le pouvoir de l’argent, le refus du pluralisme, la paresse intellectuelle et...