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BEYROUTH-BAGDAD - Les enquêteurs cherchent les raisons de ce transfert : sécuritaires, politiques ou simplement financières La justice saisie après l’introduction de milliards de dinars irakiens à l’aéroport de Beyrouth

La justice s’est saisie de l’affaire d’un avion-cargo privé libanais arrivé avant-hier soir à Beyrouth en provenance de Bagdad via Amman avec 19,5 milliards de dinars irakiens en billets de banque à son bord, soit environ 19 millions de dollars. Quatre personnes, dont des changeurs, ont été interpellées sur ordre du procureur général, Adnane Addoum, et du procureur général financier, Khalil Rahal. Le chef de la Brigade financière, Mahmoud Ibrahim, les a interrogées sur les raisons de l’introduction de tous ces milliards au Liban. La justice étant soucieuse de savoir s’il existe de quelconques desseins sécuritaires ou bien politiques à ce transfert, sachant qu’il n’est pas illégal, selon Adnane Addoum, d’introduire de l’argent au Liban, mais que la somme est telle que les questions se posent d’elles-mêmes – à moins qu’il n’y ait autorisation préalable de la Banque centrale. D’autant plus, toujours selon le procureur général, que c’est en Jordanie que ces dinars auraient pu être changés en dollars. Ont été notamment entendus : Mohammed Issam Abou-Darwiche (qui travaille en Irak, et qui a assuré que cet argent devait servir à acheter, pour le compte des forces US, des véhicules blindés en provenance d’Europe); Richard Jreissati (qui a nié tout rapport dans ce transfert d’argent, assurant qu’il était en Irak et qu’il a pris cet avion uniquement pour rentrer sur Beyrouth), ainsi qu’un changeur de la famille Mekattaf. Quant au propriétaire de l’avion, Mazen Bsat, il a également été soumis aux questions de la justice, malgré le fait qu’il avait été relâché la veille sous prétexte que l’avion qui a transporté les milliards avait été loué par sa compagnie, la « Bsat el-Rih ». Dont l’avocat a publié hier un communiqué assurant que la compagnie n’était en aucun cas responsable de cet argent, « parce qu’il n’y avait rien d’illégal à bord de cet appareil ». Le communiqué indique que la compagnie nie toute responsabilité au cas où il s’avérait que les milliards étaient transportés d’une façon illégale, « parce que les responsables de ladite compagnie n’ont pas à enquêter sur le contenu des marchandises » à bord de l’avion. Que cette responsabilité est du ressort des autorités du pays à partir duquel décolle l’avion en question. Spéculation ? Les enquêteurs se sont d’ailleurs demandé comment l’avion a pu décoller de Bagdad sans que les forces américaines n’y voient un quelconque couac. D’un autre côté, signalons que les autorités égyptiennes ont appréhendé 32 Égyptiens arrivés au Caire en provenance de Jordanie et transportant 1 630 000 000 de nouveaux dinars irakiens. Les prévenus avaient rejoint la Jordanie uniquement pour acheter ces dinars pour revenir en Égypte et les changer au taux fort, au marché noir. Quoi qu’il en soit, des sources bancaires interrogées par l’AFP estiment que l’argent transporté de Bagdad à Beyrouth serait destiné à des opérations de change en raison de la forte spéculation dont est l’objet, récemment, le nouveau dinar irakien, qui a remplacé le dinar à l’effigie de Saddam Hussein. Un changeur sur la place de Beyrouth ayant une importante clientèle syro-libanaise a fait état d’une montée spectaculaire de la demande sur la monnaie irakienne. « Auparavant négligeable, la demande a fait un bond et je vends 10 à 20 millions de dinars irakiens par jour depuis une dizaine de jours », a-t-il indiqué. Le dinar irakien s’est également fortement apprécié : alors que le dollar cotait 1 481 dinars il y a une dizaine de jours, il est désormais coté entre 1 000 et 1 052 dinars, soit une appréciation de 25 %, a-t-il précisé. Un autre changeur a relevé que la demande avait été justement initiée par les informations en provenance du Caire concernant la spéculation dont fait l’objet la nouvelle monnaie irakienne. « Ce sont surtout des Égyptiens, probablement encouragés par ces informations, qui achètent des dinars irakiens. J’ai vendu une vingtaine de millions de dinars irakiens au cours des cinq derniers jours », a-t-il déclaré. Sachant qu’à Bagdad, le dinar irakien avait atteint mercredi son plus haut niveau face au dollar depuis la fin de la guerre en Irak en mai, gagnant 33 % en 24 heures.
La justice s’est saisie de l’affaire d’un avion-cargo privé libanais arrivé avant-hier soir à Beyrouth en provenance de Bagdad via Amman avec 19,5 milliards de dinars irakiens en billets de banque à son bord, soit environ 19 millions de dollars.

Quatre personnes, dont des changeurs, ont été interpellées sur ordre du procureur général, Adnane Addoum, et du procureur...