LIBAN-USA - Le ministre des AE réfute des propos attribués au secrétaire US à la Défense, Donald Rumsfeld Obeid dément toute présence de « terroristes » dans la Békaa

Le Liban a réfuté hier des propos attribués au secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, sur la présence de « terroristes » dans la vallée orientale de la Békaa, les jugeant « chimériques ». « Je pense que les faits sur le terrain démentiront ces propos, de même que l’ont été les prévisions de M. Rumsfeld sur l’existence d’armes de destruction massive » en Irak, a affirmé hier à la presse le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, de retour de Bahreïn après une tournée dans le Golfe. Rappelons que le quotidien arabe al-Sharq al-Awsat, citant des « sources américaines », avait affirmé mercredi que Donald Rumsfeld examinait l’envoi de troupes spéciales en Somalie ou dans la Békaa sous contrôle syrien, « pour appréhender des terroristes ». À la question de savoir si ces propos constituaient un prélude à une attaque américaine contre le Liban et la Syrie, le locataire du palais Bustros a assuré ignorer « ce qui se passe dans la tête de M. Rumsfeld, mais le Liban n’a rien à voir avec ces accusations. L’État libanais, à tous ses échelons (...), saura répondre de manière adéquate et convaincante », a-t-il souligné. De son côté, le ministre de l’Information, Michel Samaha, a qualifié de « chimérique » l’hypothèse d’une présence de terroristes dans la Békaa. « M. Rumsfeld devrait interroger le personnel de l’ambassade américaine qui se rend souvent dans la Békaa et supervise des projets financés par son Administration dans cette région et ailleurs au Liban », a-t-il dit hier au quotidien al-Sharq al-Awsat. Ajoutant que « ceux qui introduisent ce genre de chimères dans la tête de l’Administration américaine (...) cherchent à entraver toute tentative de dialogue sérieux et positif avec les États-Unis ». Il n’empêche, des sources bien informées citées par notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, n’ont pas caché hier leur appréhension à la suite des dernières menaces US. D’autant qu’elles n’ont pas manqué de faire le lien entre les déclarations à l’emporte-pièce de Donald Rumsfeld et celles de son second, Richard Perle, et de relever leur simultanéité. Tout en se souvenant de la trouvaille d’un ancien fonctionnaire de la Maison-Blanche, et qu’avait utilisée George W. Bush dans un discours resté dans les mémoires : « l’axe du mal ». Un président américain depuis longtemps décidé à abonder dans une politique de confrontation avec la Syrie, afin de la pousser à cesser tout soutien à des « organisations terroristes » parmi lesquelles figure en bonne place, aux yeux de l’Administration US, le Hezbollah. Les sources en question définissent ensuite le portrait-robot du terroriste selon Donald Rumsfeld : membres d’organisations ou autres groupuscules palestiniens à Damas, ex-baassistes qui résistent contre les forces de la coalition en Irak, et miliciens du Hezbollah dans la Békaa - sachant que les membres du parti intégriste qui se livrent aux opérations anti-israéliennes se trouvent au Liban-Sud... Elles évoquent en outre la façon dont ces opérations ponctuelles pourraient être menées, estimant que leur point de départ serait maritime, ou peut-être terrestre, à partir de l’Irak et sur un mode « policier », visant à capturer en bonne et due forme des « terroristes » de plus en plus recherchés. Pour ces sources, il est impératif que le gouvernement réagisse rapidement à ce genre de menaces et à réfuter au nom du Liban les informations des responsables américains, sans doutes obtenues, disent-elles, grâce aux bonnes œuvres des services israéliens. Ajoutant que le ministre des AE, Jean Obeid, posera ce problème au cours du prochain Conseil des ministres, afin de mettre sur pied un plan capable de convaincre les États-Unis que les déclarations de Donald Rumsfeld ou les recommandations de Richard Perle ne se basent sur aucune information concrète ou digne de foi.