Mafieux aériens

Comme s’il ne suffisait pas déjà, pour voyager tranquille, de devoir prendre en compte les lubies débridées de quelque polichinelle barbu qui lui viendrait à l’idée de faire de la résistance aérienne en s’envoyant en l’air avec des centaines de passagers, va falloir désormais compter avec les crasses crapuleuses d’une poignée de Libanais. Le métissage devient particulièrement réussi lorsque les crapules « de l’extérieur » font copain-coquin avec les fripouilles « de l’intérieur ». Nos ancêtres les Phéniciens exportaient l’alphabet ? Qu’à cela ne tienne, nos mafieux vendront la crème de nos adages : « L’honnête homme est un crétin à l’état brut, et mentir, voler, voire tuer sont un signe incontestable d’intelligence et de savoir-faire. » Alors forcément, le reste vient tout seul : le vieux coucou qui ne tient que par la peinture, des passagers assis de traviole, d’autres carrément debout, accrochés aux masques à oxygène qui pendouillent, des casse-croûte de maçon en guise de plateau-repas, sans oublier les valises bourrées de billets de banque de ceux dont la première règle d’hygiène est le blanchiment d’argent sale. Bref, un chauffe-bain volant pratiquant des tarifs d’autobus de banlieue. Bienvenue dans le XXIe siècle. Comme disait l’autre, mon cœur est libanais, mais mon avion est africain. Un malheur ne venant jamais tout seul, il se trouve toujours des margoulins locaux pour cacher le manifeste de vol et maquiller le certificat de navigation, ajoutant ça et là quelques sucreries techniques pour colmater le gruyère de sécurité. Résultat des courses : un drame effroyable, des dizaines de familles endeuillées et des ministres qui plastronnent. Quant à la transparence de l’enquête, si chère au pouvoir judiciaire, ce sera comme d’habitude : opaque… ou à la Trinité. Gaby NASR