P-O - Sharon ordonne la destruction de deux nouvelles colonies sauvages Clôture de sécurité : Israël s’expose à un boycottage international, prévient Lapid

Israël pourrait faire l’objet d’un boycottage de la communauté internationale, à l’instar de l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid, en raison du tracé controversé de la ligne de séparation qu’il érige en Cisjordanie, a averti hier un haut responsable israélien. Le Premier ministre Sharon a de son côté ordonné hier de démanteler deux nouvelles colonies sauvages en Cisjordanie, tandis que 30 000 Palestiniens recevaient l’autorisation de venir travailler en Israël. «Il y a un danger que nous soyons exposés au boycottage international comme cela a été le cas pour l’Afrique du Sud jusqu’à la chute du régime » d’apartheid dans ce pays, a déclaré hier le vice-Premier ministre et ministre israélien de la Justice Yossef Lapid, du Shinouï, lors de la réunion hebdomadaire du cabinet du Premier ministre israélien Ariel Sharon. « Tout cela nous arrive du fait que nous ne nous sommes pas contentés de la clôture de sécurité d’origine et avons changé son tracé. Voilà pourquoi je suggère de réexaminer cette question », a ajouté le ministre. La prochaine ouverture, le 23 février, des audiences sur les conséquences légales de l’édification de cet ouvrage défensif par la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye sera « le premier pas qui fera d’Israël une nouvelle Afrique du Sud », a averti M. Lapid. La clôture de sécurité érigée par Israël pour empêcher l’infiltration de kamikazes palestiniens sur son territoire était censée, au départ, épouser le tracé de la « ligne verte » de démarcation entre Israël et la Cisjordanie. Toutefois, pour englober le maximum de colonies juives de Cisjordanie, elle s’enfonce profondément par endroits dans ce territoire, annexant de facto des secteurs entiers du futur État palestinien appelé à voir le jour d’ici à 2005, conformément au plan de paix de la « feuille de route ». Les Palestiniens dénoncent cet ouvrage défensif comme un « mur de l’apartheid ». M. Sharon a ordonné, par ailleurs, le démantèlement de deux nouvelles colonies sauvages créées sans autorisation en Cisjordanie, selon son bureau. Des ordres de démolition concernant quatre autres colonies sauvages, dont une habitée, ont été donnés fin décembre. Un chef colon, Pinhas Wallerstein, s’est empressé d’affirmer que « les colons entendent lutter par tous les moyens légaux contre cette politique du gouvernement qui menace l’avenir du sionisme ». Les colons ont lancé un appel à une importante manifestation à Tel-Aviv pour le 12 janvier. M. Sharon a également ordonné la démolition d’un institut d’études talmudiques dédié au rabbin Meir Kahane, en construction dans la colonie sauvage de Tapouah Maarav, en Cisjordanie, a indiqué la radio publique. Assassiné en 1990 aux États-Unis, le rabbin Kahane avait été élu député en 1984 sur la liste du « Kach ». Ce parti, qui préconisait l’expulsion de tous les Arabes d’Israël et des territoires palestiniens, a été décrété hors-la-loi en 1988. Sur le terrain, près de 30 000 Palestiniens ont été autorisés à travailler en Israël, dans le cadre des mesures d’allègement prises par l’armée. Une salve de cinq obus de mortier qui n’a pas fait de blessé a en outre été tirée en direction d’une colonie israélienne du bloc d’implantations de Goush Katif, au sud de Gaza. En soirée, on apprenait par ailleurs que l’armée israélienne avait mené une incursion dans un village proche de Jénine en Cisjordanie où elle a arrêté un membre des Brigades d’el-Aqsa. Samedi, quatre Palestiniens, dont trois adolescents, avaient été tués par des tirs de soldats israéliens à Naplouse en Cisjordanie, où l’armée mène depuis plus de deux semaines une opération d’envergure à la recherche d’activistes. Une opération qui a amené le Premier ministre palestinien Ahmed Qoreï à condamner « le silence » de la communauté internationale après le raid meurtrier israélien.