Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Dossier régional Washington pour une politique de la carotte et du bâton avec Damas

Selon un diplomate libanais, la principale question qui se pose actuellement dans les milieux officiels et politiques à Beyrouth concerne la façon dont les États-Unis comptent s’y prendre avec Damas pour satisfaire leurs exigences : le recours simultané à la carotte et au bâton, ou au bâton seulement ? Jusqu’à nouvel ordre, l’Administration américaine ne serait sans doute pas opposée à l’usage de la carotte. Concrètement, cela voudrait dire que Washington montrerait de bonnes dispositions à l’égard d’une relance des négociations en vue de parvenir à la conclusion d’un accord entre l’État hébreu d’une part, la Syrie et le Liban d’autre part, concernant le Golan et les fermes de Chebaa au Liban-Sud. De fait, d’aucuns parmi les responsables au sein de l’Administration Bush estiment qu’on ne peut pas demander à la Syrie de mettre fin aux opérations armées du Hezbollah, d’aider à modérer les ardeurs des groupes palestiniens extrémistes, tels que le Hamas et le Jihad islamique, et de fermer les bureaux des leaders palestiniens opposants établis à Damas, sans faire miroiter à ses yeux un certain nombre d’avantages. Pour ces mêmes responsables, il est donc nécessaire d’encourager les autorités syriennes sur cette voie en leur promettant une restitution du Golan annexé par Israël depuis plus de vingt ans. Washington a tout intérêt à gagner l’appui de Bachar el-Assad concernant la situation en Irak, dans les territoires palestiniens et aux frontières libano-israéliennes. Pour ce faire, le recours simultané à la carotte et au bâton est indispensable aux yeux d’un certain nombre de hauts fonctionnaires de l’Administration US. Ces derniers sont persuadés en effet qu’on pourrait aisément éviter l’usage du bâton (c’est-à-dire la mise en application des sanctions prévues par le Syria Accountability Act), surtout depuis que la Libye a donné l’exemple en acceptant de se débarrasser de ses armes de destruction massive, et depuis qu’un dialogue irano-américain semble s’être amorcé grâce à l’aide humanitaire offerte par les États-Unis aux victimes du tremblement de terre de Bam. Mais les ultras au sein du cabinet Sharon et du Likoud tentent de convaincre Washington de la nécessité de prendre des mesures coercitives contre la Syrie, sous prétexte qu’elle pourrait fort bien accepter la carotte américaine, quitte à rejeter ensuite toutes les revendications relatives aux groupuscules extrémistes palestiniens et au Hezbollah libanais. Selon les partisans de la ligne dure à Tel-Aviv, la Syrie étant pratiquement isolée sur le plan régional et international, l’État hébreu pourra continuer à occuper une partie du Golan et peut-être même des hameaux de Chebaa. Mais rien ne permet d’assurer que le calme régnera pour autant à la frontière libano-israélienne, surtout si les réfugiés palestiniens au Liban estiment par exemple que le recours à la lutte armée est d’autant plus justifié que le droit au retour est sacré. D’où, selon Israël, la nécessité d’utiliser la force au cas où les exigences américaines ne sont pas satisfaites. En tout état de cause, l’État hébreu table sur le fait que les Arabes s’adapteront une fois de plus au fait accompli, ce qui avait fait dire, en 1994, au secrétaire général adjoint du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem : « Israël finira par devenir le maître du monde arabe puisqu’il aura réussi à infiltrer son économie, sa culture et sa mentalité. » Et d’ajouter : « Un danger nous guette, bien plus grave que celui de la guerre, c’est celui de la paix, et le coût de la paix sera bien plus élevé que celui de la guerre. » Émile KHOURY
Selon un diplomate libanais, la principale question qui se pose actuellement dans les milieux officiels et politiques à Beyrouth concerne la façon dont les États-Unis comptent s’y prendre avec Damas pour satisfaire leurs exigences : le recours simultané à la carotte et au bâton, ou au bâton seulement ?
Jusqu’à nouvel ordre, l’Administration américaine ne serait sans...