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Actualités

Tableau - Le pendu au foulard * Mort, où est ta victoire ? *

Le gibet pour les gibiers de potence ? Vaste question. D’actualité locale.
D’actualité aussi, le slogan islamiste « laïcité = terrorisme » lancé à Tripoli ou à Saïda contre Chirac.
La collusion, autant que la collision, de ces deux thèmes complexes se cristallise au sein d’un même creuset logique. Dont Sfeir, mais également al-Azhar, tissent la trame à travers l’enchaînement condensé suivant :
– Pour prouver qu’il peut parfaitement s’autogouverner, ou pour confirmer le contraire, le Liban doit d’abord obtenir son émancipation territoriale et politique. Étendu à la peine de mort, ce même raisonnement implique qu’avant d’appliquer une mesure aussi extrême, il faut d’abord voir si une bonne police, au sens large et fort du terme, ne suffit pas.
– Dans tous les cas, la criminalité ordinaire et le terrorisme, ou encore les îlots d’insécurité que constituent des banlieues non intégrées en France, de pleins villages ou camps chez nous, doivent se traiter préventivement bien plus que répressivement. Par un considérable travail social en amont. Pour une intégration générale, locale ou expatriée, à un corps collectif assaini. Nivelé par un emploi judicieux des sous plutôt que par une batterie de lois, honnêtes ou scélérates.
– À Rome, fais comme les Romains. C’est le conseil que prodigue le mufti égyptien au sujet de la bataille dite du foulard. Qui oppose finalement bien plus les deux grandes écoles de la pensée coranique, la radicale et la modérée, que deux cultures cousines, l’orientale et l’occidentale.

Histoire de France
Pour en finir avec cette polémique du signe ostentatoire d’appartenance, on peut déplorer un certain déficit de communication. Dans ce sens que nul, en France, n’a clairement expliqué aux immigrés mahométans que la laïcité est une exigence vitale pour ce pays. Composite. Elle ne fait pas partie des valeurs républicaines, comme on l’a répété, mais des impératifs nationaux, quel que soit le régime en place. En effet, comme Alain Peyrefitte le démontre dans nombre de ses écrits, en France, c’est l’État qui crée la nation. Et non pas l’inverse comme en Allemagne. Où la race teutonne, unique sinon unie, a fini par générer un État, d’ailleurs largement fédératif, sans gêne ni incohérence. Alors que, grosso modo, il existe en France plusieurs ethnies d’origines distinctes, des peuplades fréquemment antagonistes au cours des siècles. Autant de nations donc, puisque ce vocable est synonyme de peuples. Pour les fondre en une seule entité, le pouvoir s’est toujours fait centralisateur, dominateur. Que cela soit sous ces Rois qui en mille ans ont fait la France ou sous le jacobinisme, leur digne héritier. On a donc nivelé par les lois. Aujourd’hui même, par exemple, on refuse les subventions publiques aux écoles qui dispensent leur enseignement en breton. C’est donc dans le même esprit, primordial mais en quelque sorte obtus, que l’on veut régler le problème du foulard islamique. Dès lors, s’il est abusif de mettre à pied d’égalité la laïcité et le terrorisme, comme le font nos intégristes (paradoxalement hostiles à l’intégration), il reste permis de relever qu’il est temps de traiter le problème par le social plutôt que par le code.

Hic et nunc
Ici et maintenant, le problème le plus pressant reste celui des potences. Ici et maintenant, la peine capitale, ce n’est pas la peine. Mauvaise au départ, la défense des abolitionnistes commence (à peine) à se recentrer. Pour sortir des sentiers battus (en brèche) du gnangnan pleurnichard, de la morale et autres envolées lyriques sur le tu ne tueras point. Les défenseurs des droits de l’homme semblent réaliser que pour des mortels il est absurde de plaider l’immortalité. Qu’il est également peu humain de parler de valeurs humaines au sujet de monstres, en oubliant les victimes. Pour tout dire, les abolitionnistes ont l’air de comprendre enfin que le dossier n’est pas philosophique, mais social. Ils prêchent donc, comme Bkerké, la réhabilitation par la lutte contre la pauvreté, la promiscuité, l’ignorance, etc. C’est bien.
Mais ils oublient deux petites choses : la route est de loin le plus grand assassin. Et on ne les voit nulle part, les brillants avocats, sur ce front capital. Les défaillances de l’État à ce niveau ne justifient pas les carences de la société civile, chauffards mais aussi bonnes âmes, en tête. Ensuite, n’ils omettent que dans leur mot-chouchou, moratoire, il y a mort. Mort sinon de l’autorité (déjà inexistante) de l’État, du moins de la loi. Or si la France en est trop respectueuse, nous ne le sommes pas assez.
Reste cependant ce constat : à terme, il est mauvais de flatter dans le sens du poil la soif de fermeté populaire en dressant les potences. Quand on sait ne pas pouvoir assumer la suite. Autant en termes de sécurité sociale que de sécurité tout court.

Jean ISSA

Le mot qui tue

*– Huile de Myrto Tarantine, 1783.
*– Citation biblique. Titre d’un film de Hervé Bromberger, 1963. Et d’un best-seller (1934) de Henri Daniel-Rops. Cet écrivain d’origine israélite, converti au plus fervent des catholicismes, avait du flair. Il avait largué son patronyme de Petiot, bien avant que le Dr Marcel Petiot ne le rende sinistrement célèbre. En expédiant ad patres, plutôt qu’en Angleterre, des tas d’Israélites qui cherchaient à fuir la France de l’Occupation. Et qu’il dépouillait de leurs riches valises, avant de les confier aux bons soins ardentissimes de sa chaudière.
Retour à Daniel-Rops. Il s’était fait un nom et des sous, avec une Vie de Jésus. Un soir à l’opéra, sa moitié débarque, un vison sur le dos. Mauriac le vipérin (d’ailleurs auteur du Nœud de vipères) caresse un peu la fourrure du plat de la main. En s’exclamant : « Doux Jésus ! »
Le gibet pour les gibiers de potence ? Vaste question. D’actualité locale.D’actualité aussi, le slogan islamiste « laïcité = terrorisme » lancé à Tripoli ou à Saïda contre Chirac.La collusion, autant que la collision, de ces deux thèmes complexes se cristallise au sein d’un même creuset logique. Dont Sfeir, mais également al-Azhar, tissent la trame à travers...