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CORRESPONDANCE - Le livre des « Résidences des ambassadeurs à Washington » Une place au soleil pour le Liban(photos)

Washington est une ville ouverte à tous. Tout le monde sans exception peut visiter ses musées sans avoir à payer un droit d’entrée. Et tout un chacun peut faire un tour dans les bureaux des grands instituts publics : le FBI, la CIA, le Congrès, le Sénat etc. Et, jusqu’au 11 septembre 2001, Américains et touristes étrangers pouvaient aller tous les matins à la découverte de la Maison-Blanche. Leur était bien entendu interdite l’aile privée de la famille présidentielle.

WASHINGTON-Irène MOSALLI
Il est cependant une zone où le libre accès n’a pas cours : les habitations des ambassadeurs accrédités dans la capitale fédérale. À l’intention de ceux qui n’ont pas eu l’occasion d’être admis dans ces demeures, qui sont autant d’échantillons des divers pays du globe, les éditions colombiennes « Villega editores » viennent de publier un ouvrage luxueux (333 pages) intitulé Les Résidences des ambassades à Washington D.C. Y sont présentées en textes et très belles photos (d’Antonio Castenada Buraglia) 41 des 175 missions étrangères que compte la ville.
L’ouvrage, rédigé par une architecte de renom, Jane C. Loeffer, comporte deux préfaces, l’une signée Luis Alberto Moreno (ancien ambassadeur colombien) et Gabriela Ferres Cordero (épouse de l’actuel ambassadeur de Colombie à Washington) et l’autre Lily Urdinola de Bianchi (journaliste colombienne et épouse de l’actuel ambassadeur du Chili à Washington). L’introduction est due à un connaisseur de la vie diplomatique, Walter Cutler, ancien ambassadeur américain et actuellement à la tête du Meridian House, un important centre pour la promotion des relations internationales.

Architecture américaine
sur le mode méditerranéen
Le Liban figure en bonne place dans ce livre de grand format aux côtés notamment de la France, la Chine, la Suède, le Koweït, la Turquie, la Corée et le Mexique. Ceci parce que Rim, l’épouse de l’actuel ambassadeur M. Farid Abboud, a grandement ouvert les portes de la résidence. Celle-ci, acquise par le gouvernement en 1949, six ans après l’Indépendance, est ainsi décrite : « C’est un très bel hôtel particulier interprété par des architectes américains sur le mode méditerranéen : stucs, tuiles mosaïques et petits balcons. Parmi les objets rares importés du pays un spectaculaire sarcophage en pierre taillée orné de guirlandes et d’une tête de méduse.
La lumière entre en flots à l’intérieur de la maison, balayant l’imposant escalier de l’entrée, le parquet de chêne, la cheminée de marbre, les tapis persans, le piano à queue Steinway et les porcelaines… Les célèbres peintres libanais du siècle dernier sont présents à travers leurs toiles accrochées partout : magnifiques nus et aquarelles de Gibran Khalil Gibran, paysages d’Omar Ounsi et de César Gemayel, et les peintures abstraites de Saliba Douaihy, réputé pour les fresques qu’il a réalisées pour l’église maronite de Dimane. »
À noter qu’à Washington, la plupart des résidences des ambassadeurs appartenaient à l’origine à des millionnaires américains qui, au tournant du XXe siècle, avaient choisi de s’installer d’une manière cossue dans la capitale fédérale pour se rapprocher des pôles du pouvoir. Néanmoins, l’architecte français Pierre Lenfant, qui a conçu (en 1791) et réalisé le tracé de la ville de Washington, avait prévu dans ses plans un espace pour une rangée d’habitations grandioses pour les représentants des pays étrangers. En effet, après avoir envoyé ses premiers diplomates en Hollande, en Grande-Bretagne, en Russie et en Espagne, les USA ont reçu à leur tour les émissaires de ces pays. La réciprocité est allée crescendo et en 1843, les États-Unis avaient accrédité en Chine leur premier émissaire. En 1893, le premier diplomate américain à porter le titre d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire était nommé auprès de la cour Saint-James.
Si beaucoup de pays étrangers ont choisi de s’installer sur le sol américain dans des résidences déjà existantes, certains ont opté pour des constructions modernes. Le Danemark a été le premier à faire ce pas dans les années 60.
Neuves ou anciennes, les demeures de « Leurs Excellences » restent un point de mire. Est-on attiré par ce que Balzac définit comme « l’allure noble qu’on appelle un pas d’ambassadeur », ou par cette réflexion de Louis Madelin : « Pour un bon ambassadeur, un bon chef de cuisine est un auxiliaire, peut-être plus précieux qu’un bon chef de cabinet».
Washington est une ville ouverte à tous. Tout le monde sans exception peut visiter ses musées sans avoir à payer un droit d’entrée. Et tout un chacun peut faire un tour dans les bureaux des grands instituts publics : le FBI, la CIA, le Congrès, le Sénat etc. Et, jusqu’au 11 septembre 2001, Américains et touristes étrangers pouvaient aller tous les matins à la découverte...