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Rencontre - Le dirigeant irakien a demandé à Hariri l’envoi d’une délégation officielle à Bagdad Iyad Allawi : Les Arabes doivent aider l’Irak à retrouver sa souveraineté

Après le ministre des Finances et celui des Émigrés (qui, lui, n’avait pas été reçu par les officiels libanais),c’est le premier membre du CPI à visiter Beyrouth. Mais Iyad Allawi, président du parti de « L’entente irakienne » et de la commission générale de sécurité en Irak, a des attaches au Liban. Sa mère est de la famille Osseirane et sa propre famille compte y résider, maintenant qu’elle a quitté Londres. Assez critique vis-à-vis des médias et des gouvernements arabes, Iyad Allawi, qui a lui-même vécu un temps en Syrie, en fuyant le régime de Saddam Hussein, estime que le Conseil qu’il représente a souvent plus de légitimité que de nombreux gouvernements arabes. « Il ne faut pas pousser l’Irak à quitter la Ligue arabe », affirme-t-il, tout en précisant avoir d’excellentes relations avec les dirigeants syriens, libanais et jordaniens, entre autres. Et, en une phrase, il demande aux Arabes d’aider l’Irak à retrouver sa souveraineté.
Venu en visite semi-privée, pour passer quelques jours avec sa famille, installée depuis peu au Liban, M. Iyad Allawi a quand même eu des entretiens avec le président du Conseil, M. Rafic Hariri, avec le président de la Chambre, M. Nabih Berry, et avec le ministre Karim Pakradouni. S’il a beaucoup de reproches à faire aux médias arabes, et libanais notamment, il considère que les autorités à Beyrouth coopèrent tout à fait avec le CPI. « Le problème des fonds irakiens dans les banques libanaises a été réglé. Une grande partie des quelque 500 millions de dollars sera restituée à Bagdad et le reste sera payé aux commerçants libanais qui ont envoyé des marchandises en Irak. Le gouverneur de la Banque centrale irakienne devrait se rendre prochainement à Beyrouth, à Damas et à Amman pour fixer les détails de l’accord. Nous attendons simplement plus d’appui de la part des pays arabes. »
M. Allawi n’est pas près d’oublier l’attitude de la Ligue arabe envers le CPI. Aux journalistes présents, il relate sa rencontre avec le secrétaire général de cette Ligue, lorsque ce dernier hésitait à reconnaître la légitimité du CPI. « Personne ne doit faire de la surenchère à notre égard. Nous sommes plus soucieux de notre souveraineté que ceux qui prétendent nous donner de leçons. Ne poussez pas l’Irak à sortir de la Ligue car ce serait très grave et ce n’est pas cette même Ligue qui donne des certificats d’arabité. »
Le président du parti de
« L’entente irakienne » affirme être à l’origine de l’ouverture d’une nouvelle page dans les relations de l’Irak avec la Jordanie, la Syrie et le Liban. Ayant lui-même connu l’exil, pendant des années, à la suite d’une tentative d’assassinat et d’un emprisonnement d’un an et demi, à Bagdad, il ne peut accepter de devenir l’ennemi des pays qui ont longtemps aidé et abrité l’opposition irakienne. Même s’il souhaiterait les voir plus dynamiques dans leur appui au nouvel Irak. « J’ai rencontré le président du Conseil libanais à Kuala Lumpur et je lui avais déjà demandé d’envoyer une délégation officielle en Irak. J’ai réitéré ma demande au cours de notre rencontre de vendredi. Il a promis de le faire le plus tôt. Entre le CPI et le Liban, il n’existe aucun contentieux. »
Il entretient aussi de bonnes relations avec les dirigeants syriens et jordaniens. Il compte d’ailleurs se rendre très prochainement à Damas. En fait, M. Allawi se montre assez critique envers les Américains qui, selon lui, ont commis une grave erreur en dissolvant entièrement l’appareil étatique baassiste, sans avoir la possibilité de le remplacer rapidement, alors que bon nombre de soldats, de policiers, d’officiers du renseignement et de fonctionnaires avaient adhéré au Baas par nécessité et non par conviction. Il souhaiterait donc que les pays arabes aident l’Irak à retrouver la souveraineté, au lieu de le contraindre à se jeter encore plus dans les bras de l’Occident. C’est là son principal message aux dirigeants arabes.

Pas de résistance,
mais des actes terroristes
Quant à son message aux médias arabes, il est un peu plus musclé. Rien ne l’irrite autant que de voir les médias arabes qualifier les attaques en Irak d’opérations de résistance. « Les seuls résistants en Irak, c’est nous, qui avons combattu pendant plus de trente ans un régime honni et qui en avons largement payé le prix. Nos forces sont présentes sur le terrain irakien depuis des années et si les Arabes nous avaient aidés plus activement, nous n’aurions pas eu besoin d’une intervention américaine pour en finir avec le régime de Saddam. »
M. Allawi nie que le CPI ait été nommé par les Américains. « Nous avons été élus par les Irakiens et si certains contestent la légitimité de nos élections, qu’ils y regardent d’un peu plus près dans certains pays arabes. D’ailleurs, c’est le représentant de M. Kofi Annan à Bagdad, Sergio di Mello, tué depuis dans un attentat, qui avait annoncé la formation du CPI, pour bien montrer que la formation avait l’aval des Nations unies. Aujourd’hui, nous menons une bataille pour l’indépendance et la reconstruction et il faut aider l’Irak à se tenir debout. »
Selon le dirigeant irakien, qui préside la commission de sécurité, les attaques seraient le fait d’anciens baassistes, lésés par la chute du régime et conscients du fait que s’ils étaient arrêtés, ils seraient jugés pour leurs crimes passés, d’anciens soldats frustrés et renvoyés chez eux, sans autre forme de procès, et enfin de groupes de volontaires venus de l’étranger. Ces derniers seraient plus de 5 000. M. Allawi confie avoir interrogé l’un d’eux, au moment de son arrestation, et il aurait vu un type ignorant tout de la réalité et convaincu de combattre dans un pays impie. Les frontières de l’Irak étant pour l’instant perméables, il serait très difficile de contrôler les entrées et les sorties dans le pays. Mais le responsable irakien est formel : « Ce ne sont pas des résistants, mais des terroristes. Dans le genre du groupe kurde Ansar al-islam. Plus vite nous parviendrons à former une police et une armée, et plus vite nous en viendrons à bout. Ce sont des gens qui n’ont aucune idéologie et, selon un recensement, il y aurait eu plus de victimes irakiennes qu’au sein des forces de la coalition, au cours des quatre derniers mois. Ce qui montre bien qu’il ne s’agit pas d’un mouvement de résistance. »
M. Allawi affirme ensuite que le calendrier-programme annoncé récemment sera strictement suivi. « En juin, le CPI sera dissous. Nous nous serons entendus avec les forces de la coalition sur leur retrait du territoire irakien, avec la possibilité de garder des bases sur place. Nous organiserons ensuite des élections législatives ainsi que celles d’une Assemblée constituante, chargée de mettre au point la Constitution du pays. »
Selon lui, toutes les parties sont d’accord pour préserver l’unité de l’Irak, sur base d’un système fédéral, mais ce serait sur la signification du mot fédération que portent les divergences.
De confession chiite lui-même, M. Iyad Allawi refuse le partage confessionnel. Il dirige d’ailleurs la seule formation laïque du CPI, mais il est conscient que les défis qui attendent l’Irak sont énormes. « L’Iran est le seul pays de la région à avoir envoyé une délégation officielle à Bagdad », constate-t-il, avant d’affirmer toutefois que la Syrie s’est montrée très positive au sujet du contrôle des frontières et il doit s’y rendre prochainement pour poursuivre le dialogue. « Les membres du CPI qui ont critiqué la Syrie l’ont fait en leur nom propre et pour des raisons personnelles. Mais le Conseil n’a adressé aucune critique officielle. Au contraire. Même chose avec la Jordanie. »
Au sujet de Saddam Hussein, M. Allawi est très méprisant. « C’est un lâche qui a détourné plus de 2 milliards de dollars de la Banque centrale et qui n’a même pas eu le courage de se suicider, avant d’être pris. Tous les détails seront connus bientôt. » Par contre, le dirigeant ne croit pas que la seconde épouse du président déchu, Samira Shahbandar, se trouverait au Liban. Mais il a de toute façon des soucis bien plus importants.

Scarlett HADDAD
Après le ministre des Finances et celui des Émigrés (qui, lui, n’avait pas été reçu par les officiels libanais),c’est le premier membre du CPI à visiter Beyrouth. Mais Iyad Allawi, président du parti de « L’entente irakienne » et de la commission générale de sécurité en Irak, a des attaches au Liban. Sa mère est de la famille Osseirane et sa propre famille compte y...