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CLIMAT La culture en « système D »

En France, comme dans tout l’Occident, la culture est dans la rue, dit-on. La formule exprime l’idée d’un accès facile de Monsieur Tout-le-monde aux manifestations artistiques et culturelles. Ce n’est sans doute pas le cas chez nous. Mais il faut faire la part des choses : il y a du mauvais mais aussi du bon.
Commençons par le mauvais:
Premièrement, la culture au Liban est traditionnellement réservée à une certaine élite, qui a les moyens de se l’offrir. Oui, disons-le tout net. La plupart des manifestations culturelles de qualité nécessitent un budget conséquent. Et dans ce pays, aucun tarif réduit n’est pratiqué pour encourager les jeunes (on n’ose même pas évoquer ici les personnes du troisième âge !) à se cultiver.
Deuxièmement, elle passe au second plan – quand elle n’est pas complètement inexistante – des préoccupations des Libanais. Qui, s’ils ne sont pas dans la large tranche des économiquement défavorisés, préfèrent « investir » dans le show-off, le clinquant et le superficiel.
Troisièmement : du côté des institutions publiques et des ministères concernés, la culture est aux abonnés absents.
Trois raisons qui confirment l’idée que nous sommes un pays ou une société «culturellement» en régression.
Mais voilà, au lieu de voir le verre à moitié vide, pourquoi ne pas l’envisager à moitié plein ?
Certes, en Occident, les gens se remplissent les yeux, les oreilles et le cerveau rien qu’en se baladant ou en regardant la télévision (de moins en moins peut-être avec la prolifération des Loft Stories, Star Academy et autres Nice People… Mais il reste quand même quelques émissions de qualité). L’architecture dans ces pays, l’urbanisme, le foisonnement des manifestations culturelles, des spectacles, des concerts, des lectures publiques, des débats, sans compter le niveau de l’enseignement public, etc., sont tels, que même l’habitant de la plus petite agglomération rurale a un minimum de bagage intellectuel.
Chez nous, ce n’est à l’évidence pas le cas : nos régions défavorisées, nos clivages sociaux, l’état de nos écoles publiques ne peuvent apporter les fruits de la connaissance au tréfonds du pays du Cèdre et à tous les descendants du peuple qui créa l’alphabet. Il faut s’en faire une raison. Mais pour les habitants des villes, ceux de la capitale plus particulièrement, il y a quand même un panel d’activités culturelles non négligeable. À qui sait vraiment chercher. À qui veut vraiment s’enrichir intellectuellement.
Chaque semaine, un florilège de concerts gratuits, sinon à prix symboliques, est proposé aux mélomanes. En musique classique, on peut citer par exemple ceux de l’Orchestre symphonique national libanais à l’USJ. Par ailleurs, les centres culturels rattachés aux ambassades étrangères offrent – gracieusement – des séries de conférences, sur divers thèmes, dont on peut signaler les initiations à la musique et à l’opéra, qui ont lieu régulièrement au CCF. Idem pour les cinéphiles, qui peuvent bénéficier des divers ciné-clubs ouverts à tous par ces mêmes missions culturelles.
Les amateurs d’art peuvent sillonner les galeries de la ville qui, si elles ne présentent pas toujours des œuvres géniales, n’en offrent pas moins une idée honorable de l’évolution de l’art contemporain…
Certes, le domaine culturel, comme tous les domaines d’activités dans ce pays, a rétréci son champ d’action, crise oblige. Les programmations, de plus en plus rares, de pièces de théâtre en sont une des plus évidentes illustrations.
Certes, le prix des livres et autres imprimés devient pour certains inaccessible. Mais là aussi, on peut faire preuve de débrouillardise : des bibliothèques publiques fleurissent un peu partout dans le pays, grâce aux initiatives de quelques particuliers (dont Pharès Zoghbi) comme des centres culturels. Là aussi, pour un abonnement modique, on peut se fournir en ouvrages divers. Bref, les exemples foisonnent, qui témoignent que la culture est encore disponible au Liban. Bien sûr, cette culture est à la dimension du pays, et elle s’accorde à l’esprit du pays : pour la trouver, le Libanais doit faire appel à son fameux sens de la débrouillardise.
De la culture en système D, en somme.
Et pourquoi pas ?

Zéna ZALZAL
En France, comme dans tout l’Occident, la culture est dans la rue, dit-on. La formule exprime l’idée d’un accès facile de Monsieur Tout-le-monde aux manifestations artistiques et culturelles. Ce n’est sans doute pas le cas chez nous. Mais il faut faire la part des choses : il y a du mauvais mais aussi du bon. Commençons par le mauvais: Premièrement, la culture au Liban est...