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Dossier régional - Craintes d’escalade à la frontière libano-israélienne et dans les territoires Situation alarmante au Proche-Orient, avertissent les diplomates européens


Certains diplomates européens en poste à Beyrouth mettent en garde contre la volatilité et la précarité de la situation actuelle au Moyen-Orient. Selon eux, d’ici à l’élection présidentielle américaine, la région est exposée à des confrontations et des escalades militaires à grande échelle.
Elle pourrait tout aussi bien connaître une accalmie, à condition que les différentes parties concernées s’engagent d’abord à aider les USA à en découdre avec la résistance en Irak de sorte que les Irakiens puissent effectivement exercer le pouvoir à partir du mois de juin. Un retour au calme en Irak renforcerait la position du candidat George W. Bush aux prochaines élections. En effet, les pertes quasi quotidiennes en soldats américains tués par la résistance irakienne se répercutent négativement sur la cote de popularité du président US.
C’est d’ailleurs pour cette raison que l’Administration Bush insiste auprès de l’Iran et de la Syrie (limitrophes de l’Irak) pour mieux contrôler leurs frontières de manière à empêcher l’infiltration d’éléments armés dans le pays. En opposant une fin de non-recevoir à certains États désireux de contribuer à la reconstruction de l’Irak et de conclure des contrats dans ce cadre, Washington cherche à faire pression sur les parties qui avaient refusé dès le début de participer à une guerre en Irak, et qui refusent toujours d’y envoyer des troupes pour épauler les forces de la coalition contre les « actes terroristes » irakiens. L’Administration Bush accuse ainsi ceux qui se contentent d’assiter en spectateurs à la lutte des forces américaines et britanniques contre les éléments armés irakiens d’encourager – sciemment ou non – le terrorisme.

Trêve en Palestine
Les diplomates européens susmentionnés estiment d’autre part que les groupuscules palestiniens extrémistes devraient s’abstenir d’entreprendre des opérations-suicide tout au long de la période qui précède les élections américaines. En effet, de telles opérations risquent fort d’entraîner une riposte militaire israélienne à grande échelle que Washington ne pourra pas stopper. Selon les mêmes sources, l’Administration US aurait d’ailleurs mis en garde le président Hosni Moubarak contre des développements de ce genre. Le chef de l’État égyptien devait transmettre à son tour ce message aux représentants du Hamas et du Jihad islamique récemment réunis au Caire. Le but était de convaincre ces factions palestiniennes de la nécessité d’aboutir à un accord de cessez-le-feu, même si cette trêve devait être unilatérale, l’essentiel étant que la balle soit désormais dans le camp israélien.

Détente au Sud
Les diplomates européens posent une autre condition à une détente au Moyen-Orient : le maintien de la trêve au Liban-Sud, au niveau de la ligne bleue en particulier. Par ailleurs, ajoutent-ils, le Hezbollah doit à tout prix s’abstenir d’aider l’intifada palestinienne, ainsi que les combattants de la résistance en Irak.
Washington aurait ainsi informé les dirigeants à Beyrouth et à Damas du fait que toute opération militaire à la frontière libano-israélienne pourrait dégénérer en une véritable escalade entre l’État hébreu, d’une part, le Liban et la Syrie, d’autre part. Et les États-Unis seraient d’autant plus impuissants à l’enrayer que la période préélectorale dans le pays interdit à l’Administration Bush de mécontenter le lobby juif de crainte de perdre ses voix précieuses.
D’où la volonté américaine d’entretenir le calme dans la région et d’éviter tout acte susceptible de dégénérer en véritable conflit. L’État hébreu pourrait effectivement prendre comme prétexte n’importe quel acte hostile pour se lancer dans une offensive de grande envergure et profiter ainsi de la période électorale aux États-Unis. L’Administration Bush favoriserait de surcroît une reprise des pourparlers de paix après l’élection présidentielle. Les USA estiment en effet qu’une relance des négociations aujourd’hui est pratiquement impossible dans la mesure où ce sont les idées extrémistes qui prévalent aussi bien dans le camp israélien que dans le camp palestinien. De fait, le cabinet Sharon ne semble guère disposé à promouvoir l’application de la « feuille de route », encore moins l’Initiative de Genève. De son côté, le gouvernement palestinien n’est pas à même de convaincre les factions extrémistes de l’importance d’une trêve en vue de relancer les pourparlers.
D’où la nécessité d’observer actuellement la plus grande retenue et de faire preuve de prudence, insistent les diplomates européens.

Émile KHOURY
Certains diplomates européens en poste à Beyrouth mettent en garde contre la volatilité et la précarité de la situation actuelle au Moyen-Orient. Selon eux, d’ici à l’élection présidentielle américaine, la région est exposée à des confrontations et des escalades militaires à grande échelle.Elle pourrait tout aussi bien connaître une accalmie, à condition que les...