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Syria Accountability Act - La loi paralyse les efforts pour avancer vers la paix, déclare Hariri Tollé à Beyrouth contre la loi imposant des sanctions à la Syrie

Beyrouth a dénoncé hier et samedi l’imposition par les États-Unis de sanctions contre Damas, appelé à cesser son soutien présumé au terrorisme et au retrait de ses troupes du Liban, la qualifiant d’« atteinte flagrante » à la souveraineté du Liban et à celle de la Syrie.

«Cette loi complique la situation dans la région et paralyse toute possibilité de réelle progression pour le règlement du conflit israélo-arabe et la réalisation d’une paix globale et définitive », a indiqué le Premier ministre Rafic Hariri, à la suite de la signature par le président des États-Unis George W. Bush du Syria Accountability and Lebanese Sovereignty Restoration Act vendredi.
« Les États-Unis auraient mieux fait d’intensifier le dialogue avec la Syrie pour parvenir à une solution à toutes les questions en suspens. Le dialogue est le seul moyen de régler tous les problèmes, tout aussi compliqués qu’ils soient », a indiqué M. Hariri. Le Premier ministre a dit s’attendre « à ce que les États-Unis intensifient leurs initiatives et leurs efforts pour consacrer leur rôle de parrain du processus de paix, en se tenant à égale distance de toutes les parties. Et pour cause : il s’agit de la seule voie qui mène à la paix régionale ».
De son côté, le ministre des Affaires étrangères Jean Obeid a affirmé que « la déception seule ne suffit pas pour exprimer le désespoir des Arabes, de l’Europe et du monde face à la reculade du président américain devant cette clique acquise au sionisme au sein du Congrès américain, qui a poussé le président à se soumettre à ces pressions concernant le Syria Accountability Act et la soumission face à Israël ».
Critiquant la signature par le président américain de cette loi, « au moment où d’autres projets de loi se préparent au Congrès concernant le Saudi Accountability Act ou l’implantation des Palestiniens au Liban et dans les pays arabes », M. Obeid a dénoncé l’ivresse triomphaliste des États-Unis, comparable à celle de la Rome Antique.
« Nous souhaitions que le président US empêche la chute du Congrès et de l’Administration aux mains d’une poignée acquise au sionisme, qui désire pousser l’Amérique à détruire l’Onu, déchirer l’Europe et semer la zizanie dans les pays du monde à travers la guerre, la souffrance, l’obscurité et le chaos. Nous pensions que la sagesse allait triompher de l’ignorance (...) et l’équilibre du déséquilibre dans la politique des États-Unis et de son Administration », a-t-il souligné.
Craignant qu’après l’annihilation de la référence onusienne, ce ne soit le tour du sens juste et rationnel des États-Unis, il a dénoncé la partialité américaine en faveur d’Israël, en souhaitant que le président Bush « prenne conscience du danger qui guette l’Amérique, l’Occident et le monde entier, en raison du désespoir grandissant et du manque de sagesse et d’équité dans les politiques américaines ».

Samaha : Une atteinte
flagrante à la souveraineté
« Cette loi constitue une atteinte flagrante de la part des États-Unis à la souveraineté des deux États » syrien et libanais, a déclaré pour sa part le ministre de l’Information Michel Samaha, dans un entretien accordé à la chaîne satellite al-Arabiya.
« Il existe un Parlement libanais et un Parlement syrien, et les relations libano-syriennes de même que la présence syrienne au Liban sont dictées par des accords conclus entre les deux pays souverains », a-t-il ajouté. « La loi ne peut pas avoir d’effet sur la question des relations libano-syriennes. Le volet libano-syrien et la présence militaire syrienne au Liban sont des questions qui sont du ressort des gouvernements libanais et syrien », a souligné M. Samaha.
Le ministre de l’Information a par ailleurs estimé que la loi américaine, qui appelle notamment les gouvernements du Liban et de la Syrie à « entamer des négociations inconditionnelles bilatérales » avec Israël afin de parvenir à une paix globale et permanente, qui vise selon lui à « séparer les volets libanais et syrien » du processus de paix avec Israël. Aussi a-t-il mis en garde contre les répercussions négatives que la loi aura sur les Palestiniens.
Il a enfin estimé qu’« après le Syria Accountability Act, c’est la loi visant à mettre fin à l’existence de l’Unrwa qui sera réactivée pour l’entrée en vigueur de l’implantation ».

Hoss : Si les Arabes
avaient des chefs libres...
« Si la nation arabe avait des chefs libres, ils se seraient réunis au plus vite pour décider d’édicter un American Accountability Act », a affirmé l’ancien Premier ministre Sélim Hoss. « Selon quelle logique les États-Unis se permettent-ils d’évoquer une question libanaise sans en référer au gouvernement libanais ? De quel droit l’Amérique se permet-elle de demander des comptes à un pays souverain, membre de l’Onu ? Cela ne constitue-t-il pas un mépris du droit international ? » s’est-il interrogé.
« S’il revient aux États-Unis de demander des comptes à d’autres pays, qui est-ce qui demandera des comptes à ce pays pour son soutien à Israël (...) ? L’Amérique ne devient-elle pas partie prenante au terrorisme pratiqué par Israël contre les Arabes ? Qui sanctionnera les États-Unis pour leur occupation de l’Irak, injustement accusé de détenir des armes de destruction massive ? » a-t-il ajouté.
L’ancien Premier ministre Omar Karamé a précisé, de son côté, que la signature par le président Bush de la loi « constitue un moyen de pression supplémentaire contre la Syrie ».
Le vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, a pour sa part estimé que « le Syria Accountability Act est exactement comme les explosions qui ont visé plusieurs complexes dans les pays voisins ». « L’objectif est d’empêcher la Syrie de jouer un rôle de pionnier et de leader au niveau de l’appui à la cause palestinienne. On veut également l’empêcher de jouer le rôle de l’avocat plaidant en faveur de l’unité de l’Irak », a-t-il ajouté.
Quant au président de la commission parlementaire des Affaires étrangères, le député Ali el-Khalil, il a estimé que la signature du président Bush « vise à sanctionner la position syrienne vis-à-vis de la question irakienne et à frapper la résistance au Liban et l’intifada en Palestine ».
Parmi les voix qui se sont également élevées pour critiquer la signature par le président Bush du Syria Accountability Act, citons le ministre des Affaires sociales Assaad Diab, les députés Mohammed Abdelhamid Beydoun, Kassem Hachem et Wajih Baarini, et l’ancien ministre Talal Meraabi.
Beyrouth a dénoncé hier et samedi l’imposition par les États-Unis de sanctions contre Damas, appelé à cesser son soutien présumé au terrorisme et au retrait de ses troupes du Liban, la qualifiant d’« atteinte flagrante » à la souveraineté du Liban et à celle de la Syrie.«Cette loi complique la situation dans la région et paralyse toute possibilité de réelle...