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Sécurité - Nouveau round de ratissages en janvier Les officiels offusqués par les protestations politiciennes

Incroyable mais vrai : des responsables de l’État et des partis représentés à la Chambre, voire au gouvernement, ont trouvé moyen de pousser les hauts cris à la suite de l’opération combinée des forces de l’ordre (FSI, armée et Syriens) dans la Békaa. Plus précisément à Brital et à Hor Taala, hauts lieux du banditisme, du trafic de drogue et du crime organisé. Raid propre, comme on dit, qui s’est déroulé sans effusion de sang et a permis le ramassage de dizaines d’éléments. À de rares exceptions près, les politiciens protestataires, qui disent défendre une population brimée, n’ont réagi que plusieurs jours après les rafles.
Les gouvernementaux, les cadres sécuritaires s’étonnent avec quelque amertume des récriminations du Hezbollah comme de Nabih Berry. Qui se sont montrés quand même, redisons-le, un peu lents à l’allumage. Sans doute pour voir d’abord, auprès des décideurs, maîtres de la région, quelle marge de manœuvre ils peuvent avoir. Le parti intégriste et le mouvement Amal sont en tout cas tenus de commenter, la zone visée faisant partie de leur fief électoral. On aurait cependant pensé qu’ils feraient un peu la part des choses, en reconnaissant au moins à la loi la nécessité de s’imposer à tous. Ce qui n’a pas été le cas, bien au contraire. On a pu entendre en effet, péripétie ahurissante, le délégué légal de l’imam Khamenéi au Liban, (excusez du peu), cheikh Mohammed Yazbeck menacer d’une révolution contre l’État libanais ! Pour beaucoup moins que cela, dans d’autres pays, des contestataires sont embastillés. Il a fustigé l’opération effectuée à Hor Taala, en affirmant qu’il y avait eu répression abusive, pour ne pas dire sauvage. Répétant ensuite, et en substance : « Que cherche-t-on à provoquer ? Une révolution ? Si l’État nous accule dans un coin, nous serions excusés (d’agir). Pourquoi ne font-ils pas à Jbeil, au Kesrouan, à Beyrouth ce qu’ils ont fait à Hor Taala ? Pourquoi sommes-nous traités autrement, nous autres dans la Békaa ? »
Pour ne pas faire le jeu de la provocation, les autorités font la sourde oreille à ces propos. Mais des cadres politiques relèvent en privé que pour être conséquent avec son effort d’autorité, l’État ne devrait fermer ni les yeux ni les oreilles devant de tels défis à la loi. En ajoutant que sous aucun prétexte on ne doit se montrer négligent face à des précédents pareils. Car si l’on ne demande pas de suite des comptes à ceux qui menacent l’ordre public, ils peuvent être tentés de prendre cela pour de la faiblesse et de hausser les surenchères. Jusqu’à passer à l’acte. Ces sources rappellent ensuite à cheikh Yazbeck que Jbeil, le Kesrouan et Beyrouth, qu’il cite, ne sont pas précisément des champs de culture du pavot ou du haschisch. Ou des antres de hors-la-loi. Ce qui n’empêche pas les forces de l’ordre d’y effectuer régulièrement des journées dites de sécurité, avec barrages et perquisitions. Sans tapage médiatique ni exploitation politique.
De son côté, le Hezbollah indique que s’il bouge, c’est dans un esprit de défense sociale. Un mouvement que Berry suit à son tour, pour se rattraper auprès de l’électorat. Ce qui montre, soulignent les mêmes cadres cités, que l’objectif est surtout politique. Les municipales sont en effet en vue et il faut préparer les législatives de 2005. En jouant sur les instincts des gens. Ce sont de telles considérations qui animent en réalité les protestataires. Qui savent pourtant fort bien que le plan de sécurité a été accompli tout à fait dans les règles, avec précision et sans abus. Ainsi des manœuvres ont été accomplies pour que les repris de justice ne soient pas acculés à une confrontation armée à l’intérieur de la localité. On les a laissé fuir, on les y a même incités indirectement, pour aller les cueillir sans coup férir et sans leur tirer dessus (alors qu’eux-mêmes ont ouvert le feu sur un hélico), en rase campagne à quelque 15 km de Hor Taala, près de Nabi Sbat. De plus l’on n’a gardé abusivement personne ; dans ce sens que lorsqu’il y avait confusion homonymique possible, les suspects ont été aussitôt relâchés, au bénéfice du doute. Quoi qu’il en soit, selon un ministre influent, le dossier sécuritaire est placé à l’heure actuelle comme priorité. Il ajoute que l’État, dans la dangereuse conjoncture régionale présente, ne peut pas se permettre de plaisanter ou de se montrer laxiste dans un tel domaine. Et qu’il continuera à étaler la plus grande fermeté. Car, répète-t-il, la tentative d’attentat contre l’ambassade américaine montre combien l’étape est délicate. À l’ombre, notamment, des difficultés marquant actuellement les rapports entre la Syrie et les États-Unis. D’où, sans doute, la tentation pour des parties déterminées de jeter de l’huile sur le feu, alors même que Damas prône pour sa part un dialogue rationnel.
Philippe ABI-AKL
Incroyable mais vrai : des responsables de l’État et des partis représentés à la Chambre, voire au gouvernement, ont trouvé moyen de pousser les hauts cris à la suite de l’opération combinée des forces de l’ordre (FSI, armée et Syriens) dans la Békaa. Plus précisément à Brital et à Hor Taala, hauts lieux du banditisme, du trafic de drogue et du crime organisé. Raid...