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Les diplomates locaux suivent avec intérêt l’évolution psycho-politique de Sharon


En marge de positions officielles rendues rigides par la force des choses, les professionnels de la diplomatie libanaise suivent avec intérêt le parcours de la pensée sharonienne. Qui, ces derniers temps, semble s’éloigner des paramètres d’extrémisme qui ont fait la renommée du bourreau de Sabra. Les proches de Sharon, et certains ministres du Likoud, rivalisent en effet d’une étrange ardeur, ces derniers temps. Pour présenter leur guide comme un modèle de modérantisme. Dont le nouvel idéal serait la mise en orbite d’un État israélien dit des quatre cinquièmes : 80 % de juifs et 20 % d’Arabes. Cette proposition fait par elle-même un sort au rêve d’un État hébreu à 100 %, impliquant donc l’expulsion des Arabes, que le radicalisme antérieur de l’aile dure du Likoud, incarnée par le même Sharon, défendait.
Tempérant ce tableau graphique de chute de fièvre, les professionnels du cru, se fondant sur des rapports diplomatiques concordants en provenance de Washington, de Paris ou de Londres, soulignent que Sharon peut fort bien être tout simplement en train de manœuvrer tactiquement. Pour désamorcer les pressions occidentales de retenue. Il est en effet notoire, comme les rapports le confirment, que les États-Unis, tout autant que l’Europe, demandent au gouvernement israélien de ne plus exercer de violence(s) contre les Palestiniens. De ne plus leur infliger de raids sanglants, de destructions massives, d’assassinats prétendument ciblés qui fauchent au passage d’innocentes victimes et de blocus affamant.
Sharon a été personnellement sommé par les Américains de se montrer moins incisif. Le président Bush lui a expressément demandé de faire montre de plus de souplesse. D’opérer des retraits, de démanteler des colonies, de réviser sa copie pour ce qui est de la clôture de séparation. Cela pendant que Powell recevait spectaculairement les promoteurs de l’Initiative de Genève, le Palestinien Yasser Abed Rabbo et l’Israélien Yossi Beilin.
Sharon a dû en outre s’alarmer de ce sondage européen qui a fait beaucoup de bruit. Et qui pointe le doigt sur Israël comme représentant un vrai danger et même comme étant un État terroriste. Or, jusqu’à cette dernière période, l’Europe était réputée pour être majoritairement en phase avec Israël. Vu comme un bastion avancé de la culture occidentale, pour ne pas dire de la civilisation dite judéo-chrétienne. Il y a donc, au niveau de l’opinion, une véritable révolution qui s’est opérée. Phénomène d’éveil d’autant plus marquant qu’il survient après le 11 septembre. Événement dont on aurait attendu, sur le plan européen, des effets contraires, d’empathie renforcée avec Israël.
Mais Sharon peut-il vraiment changer, au fond ? Les diplomates libanais l’espèrent un peu. Mais en doutent beaucoup. Parce que, pour faire contrepoids au sondage européen, il y a des statistiques bien israéliennes. Établies par des statisticiens de l’Université al-Aqsa. Qui montrent un net accroissement de la population palestinienne installée entre la mer et le fleuve du Jourdain. De leur côté, les démographes israéliens indiquent que, dans deux générations, les contrées centrales seraient peuplées de Palestiniens à 33 %. D’où une idée, présentée éventuellement comme un cadeau aux Américains : rabattre en profondeur quelque 150 000 colons juifs de Judée-Samarie et des environs du secteur oriental de Jérusalem.
Il faudra voir surtout, relèvent les cadres diplomatiques libanais, si l’échec des pourparlers interpalestiniens du Caire ne va pas amener Sharon à changer son apparent changement de caractère, pour ne pas dire de nature. Parce que le fiasco du Caire signifie en clair qu’il ne va pas y avoir de trêve de la part des organisations palestiniennes radicales. Et Sharon pourrait repartir sur le sentier de la guerre, en soutenant qu’il ne fait que se défendre, tandis que la « feuille de route » resterait bloquée. Et que l’Autorité palestinienne se retrouverait en mauvaise posture : accusée d’impuissance par les Américains comme par les Israéliens, et de complaisance par les radicaux palestiniens.
Khalil FLEYHANE
En marge de positions officielles rendues rigides par la force des choses, les professionnels de la diplomatie libanaise suivent avec intérêt le parcours de la pensée sharonienne. Qui, ces derniers temps, semble s’éloigner des paramètres d’extrémisme qui ont fait la renommée du bourreau de Sabra. Les proches de Sharon, et certains ministres du Likoud, rivalisent en effet...