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Vie politique - Malgré le rabibochage, l’Exécutif tourne à vide La cohésion étatique laisse encore (beaucoup) à désirer

L’État s’est beaucoup démené sur le terrain, ces derniers jours. Avec des hauts (la Békaa) et des bas (Beyrouth, Tahsin Khayat). Mais sur le plan politique, le rabibochage syrien ne produit pas encore l’idéal. Tant s’en faut. La preuve, c’est que cette semaine le Conseil des ministres ne se réunit pas. Ce qui est éminemment improductif. Pour ne pas dire contre-productif, car qui n’avance pas recule. Le hiatus, inattendu dans le prétendu climat d’euphorie rétabli sur ordre téléguidé, a une double raison. La première, dans l’ordre arithmétique des choses, est qu’il y a trop de ministres absents, d’où défaut de quorum. La deuxième est que le chef de l’État se trouve en Suisse, pour le sommet de l’informatique. Ce qui prive Hariri du rare plaisir de présider le Conseil. Prérogative qui, pourtant, devrait être la règle et non l’exception, en termes d’esprit constitutionnel.
Toujours est-il qu’on voit par là que les cadeaux de l’avent, c’est-à-dire les échanges de bons procédés à l’occasion de la période des fêtes, restent assez chiches. Voire légèrement empoisonnés sur les bords, comme semble l’indiquer le cas Khayat.
De plus, les opérations coups de poing, largement applaudies quand elles concernent les Hell Angels, les motards et autres voyous spécialistes de l’arrachage des sacs à main, provoquent par contre des crispations politiques quand elles portent sur la culture interdite. Il n’est pas exclu, dans ce cadre, que les formations ou les leaders proches de la plèbe comme de la glèbe se sentent indisposés. Il est à craindre ainsi que la querellite ne sorte du cadre de l’Exécutif que pour déborder sur le Législatif. Les membres de l’auguste Assemblée, président en tête, sont en effet, par définition même, des défenseurs attitrés de toute cause sociale, agriculture comprise. Pour tout dire, et pour un peu, Berry pourrait se sentir visé par le zèle policier de Murr. Et s’il ne pipe mot, croit-on savoir, c’est parce que le ratissage avait manifestement la bénédiction des décideurs.
Retour à la case départ (en vacances) : le communiqué jubilatoire du secrétariat général du Conseil des ministres annonçant que Hariri présiderait la séance hebdomadaire s’est soldé par un flop retentissant. L’harmonie soi-disant retrouvée ne va pas jusqu’à laisser au président du Conseil le droit d’être président du Conseil. On lui a retiré le tapis (rouge) de sous les pieds. Et du coup, il fait savoir que, puisque c’est ainsi, il va à son tour partir. Pour se rendre en Espagne, également en congrès international, mardi prochain. On peut en déduire que la semaine prochaine non plus l’Exécutif ne fera pas son devoir. Et comme ensuite il y a les fêtes, on imagine le rendement.
Bref, rassuré sur son sort, puisque les tuteurs ne veulent pas le voir sauter, le cabinet se croise les bras. En période d’agitation sociale, cette dérobade est aussi préjudiciable, en définitive, que l’étaient les disputes entre les présidents. D’autant que, poussant le bouchon et l’outrecuidance un peu loin, certains ministres n’hésitent pas à avouer qu’ils préfèrent une partie de chasse, leur sport (interdit) favori, ou un voyage d’agrément à l’ennui d’une séance au Musée. Un état d’esprit qui permet à un ministre d’État de noter avec candeur, que lorsque les ministres à portefeuilles ne font rien, on ne peut pas lui demander, à lui, d’en faire davantage...
Les ministres ont cependant, parfois, des circonstances atténuantes. Dans ce sens qu’on ne les laisse pas faire leur travail. Farès Boueiz, ministre de l’Environnement, en donne, en privé, un exemple clair. Se trouvant en mission politique, mais aussi pour un check-up de santé, à l’étranger, il s’est vu appeler et rappeler par Hariri. Qui lui a demandé d’assister à une séance au cours de laquelle on allait débattre des ordures et des carrières. Boueiz a donc interrompu son voyage. Résultat des courses : l’on n’a traité ni les ordures ni des carrières pendant la séance. À cause des conflits entre dirigeants sur ces deux sujets, comme sur tant d’autres.
Philippe ABI-AKL
L’État s’est beaucoup démené sur le terrain, ces derniers jours. Avec des hauts (la Békaa) et des bas (Beyrouth, Tahsin Khayat). Mais sur le plan politique, le rabibochage syrien ne produit pas encore l’idéal. Tant s’en faut. La preuve, c’est que cette semaine le Conseil des ministres ne se réunit pas. Ce qui est éminemment improductif. Pour ne pas dire...