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ANALYSE Pour la Syrie, des alliés de plus en plus encombrants

Le général Rustom Ghazalé, dit Abou Abdo, a beaucoup à faire ces temps-ci. Les alliés de la Syrie, au Liban, et ils sont légion, n’arrêtent pas de lui causer des problèmes. Parvenir à démêler le bon du mauvais et essayer de calmer le jeu, en trouvant des compromis entre des personnalités ou des intérêts inconciliables, est un véritable casse-tête pour lui, et cela occupe d’ailleurs une grande partie de ce temps précieux, qu’il pourrait consacrer aux moyens d’affronter la situation actuelle, bref à des choses beaucoup plus constructives.
D’abord, c’était le président de la Chambre qui s’opposait il y a quelques mois à l’enrôlement d’officiers au sein de la Sûreté générale et se lançait dans une polémique dévastatrice avec le directeur général de ladite Sûreté, autre allié de poids de la Syrie. Puis ce fut le PDG de la NTV, M. Tahsin Khayat, qui, à partir de cette affaire, s’est lancé dans une campagne blessante contre le général Jamil Sayyed, croyant que son heure avait sonné. La justice a été impliquée dans ce dossier, et ce fut elle qui s’est chargée de trouver un compromis entre les deux parties, sans doute grâce à une intervention fraternelle qui aurait enjoint à tout le monde de mettre un terme au conflit sans plus tarder.
Le vice-président de la Chambre, M. Élie Ferzli, qui revendique son alliance avec la Syrie, s’est à son tour lancé dans une violente campagne contre d’autres alliés békaïotes et beyrouthins de la Syrie, allant même jusqu’à provoquer, une fois n’est pas coutume, une réaction claire des Syriens : il y a des limites à ne pas dépasser, surtout lorsqu’on prétend parler au nom de Damas.
Tout cela sans oublier les interminables dissensions entre les divers responsables, les guerres et autres règlements de comptes de l’ancien vice-président du Conseil, M. Michel Murr ; les déclarations intempestives du député Mohsen Dalloul ; les conflits entre le président de la Chambre et ses anciens hommes, notamment l’ancien ministre de l’Agriculture, M. Ali Abdallah, l’ancien ministre des Ressources hydrauliques, M. Mohammed Abdel Hamid Beydoun, et l’ancien ministre des Coopératives, M. Mahmoud Abou Hamdane ; la guerre médiatique entre le député Nicolas Fattouche, qui se présente lui aussi comme un allié de la Syrie, et le procureur général près la Cour de cassation, M. Adnane Addoum, ainsi d’ailleurs qu’avec la plupart des magistrats ; enfin la dernière affaire Khayat qui a, une fois de plus, contraint les Syriens à intervenir pour empêcher une explosion généralisée… Bref, dans le camp libanais prosyrien, tout est loin d’aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, chaque personnalité n’ayant que le souci de défendre ses propres intérêts en s’appuyant sur son alliance avec la Syrie.

Une multitude de courants au Liban comme en Syrie ?
Résultat : c’est une véritable cacophonie sur la scène interne, qui permet à l’opposition, ou plutôt à toutes les oppositions, de se reposer en laissant les membres d’un même camp se battre entre eux et s’affaiblir mutuellement. Ce qui d’ailleurs ne peut que discréditer la Syrie, qui, tout au long de ces dernières années, ne semblerait pas avoir réussi à se doter d’alliés sûrs et fiables, la plupart d’entre eux faisant passer leurs propres affaires avant toute autre considération.
De deux choses l’une : soit cette multiplicité de courants, d’affinités et d’intérêts au sein du courant prosyrien au Liban ne serait que le reflet de l’existence de plusieurs courants en Syrie même, soit il s’agit d’un lourd héritage, accumulé tout au long des années, et dans lequel il faudrait aujourd’hui mettre un peu d’ordre.
Ceux qui connaissent la scène syrienne affirment qu’il existerait effectivement plusieurs courants sur les bords du Barada : vieille garde, anciens pôles du pouvoir, génération montante, etc. Mais, en fin de compte, tous savent que la décision appartient au président Bachar el-Assad. En attendant qu’il donne son mot d’ordre, les cafouillages se multiplient et chaque partie croit pouvoir influer sur la décision finale. Serait-ce cette atmosphère trouble qui rejaillirait sur le Liban, au point d’y multiplier les conflits et les guéguerres parallèles, ou bien les alliés libanais de la Syrie se sentiraient-ils suffisamment forts pour passer outre les directives et continuer à régler des comptes personnels au détriment d’une stratégie d’entente et d’harmonie ?
La balle est donc dans le camp des autorités syriennes et de leur représentant au Liban, le général Rustom Ghazalé. Soit, il décide sérieusement de pousser les alliés de son pays à plus de retenue, soit, il laisse la situation s’envenimer, la Syrie ayant trop couvé des personnalités aussi diverses que divisées entre elles, au point de se retrouver aujourd’hui face à une situation tellement inextricable qu’elle ne souhaiterait plus s’en mêler.
Pourtant, toujours selon les experts de la politique syrienne, Abou Abdo enverrait des messages dans toutes les directions pour exprimer le mécontentement de son pays. Les alliés libanais de la Syrie, de plus en plus encombrants et turbulents, sauront-ils capter les signaux ?

Scarlett HADDAD
Le général Rustom Ghazalé, dit Abou Abdo, a beaucoup à faire ces temps-ci. Les alliés de la Syrie, au Liban, et ils sont légion, n’arrêtent pas de lui causer des problèmes. Parvenir à démêler le bon du mauvais et essayer de calmer le jeu, en trouvant des compromis entre des personnalités ou des intérêts inconciliables, est un véritable casse-tête pour lui, et cela...