Rechercher
Rechercher

Actualités

Le souhait des jeunes : ne pas devenir comme ceux qu’ils critiquent aujourd’hui(photo)

Interventions prestigieuses, idées intéressantes, axées sur l’autocritique et l’art de laisser passer les bonnes occasions en se vautrant dans une confortable inertie, les séances de samedi étaient particulièrement intéressantes, pour la dernière journée du congrès de la pensée arabe. Il y a eu notamment un message télévisé du président français Jacques Chirac, une présentation assez dure de l’ancien ministre français des Affaires étrangères, M. Hubert Védrine, et un débat ciblé avec l’ambassadeur de la Ligue arabe à Paris, M. Nassif Hitti.
Mais les échanges les plus intéressants ont eu lieu avec les douze jeunes conviés à la tribune. Issus de la plupart des pays du monde arabe, ces jeunes ont exprimé leur vision des sociétés arabes, leurs souhaits et leurs critiques à l’égard d’un monde dans lequel ils se sentent de plus en plus étrangers.
Sous la houlette de l’intellectuelle libyenne, Farida el-Alakhi, qui dirigeait cette séance, les jeunes ont pour la première fois dans ce genre d’événement eu droit à la parole et ils se sont exprimés avec beaucoup d’aisance et de spontanéité. À entendre certains propos, on pourrait croire que les jeunes Libanais seraient devenus les plus extrémistes parmi les Arabes, l’un d’eux allant même jusqu’à faire l’éloge des « bombes humaines, meilleure arme contre les bombes atomiques ». Mais, dans leur grande majorité, les intervenants semblaient pour l’action et contre la philosophie du compromis, choqués par le rejet dont le monde arabe fait actuellement l’objet de la part des Américains en particulier. Tous ont en tout cas déploré les dissensions et les discriminations interarabes ainsi que l’absence de consensus dans la lutte contre Israël.

L’amour, la paix, le dialogue…
À la fin de la séance, chacun a voulu émettre un souhait et, avec une touchante spontanéité, une jeune fille a lancé, toute rougissante : « L’amour. » Les autres ont souhaité l’établissement d’un dialogue sincère, des résultats concrets, trouver la voie pour le développement, affronter les problèmes au lieu de les éviter, la paix, vivre au présent, et un Libanais a lancé : « Ne pas devenir plus tard comme ceux que nous critiquons aujourd’hui. » Ce qui lui a valu une grande ovation.
Dans les séances précédentes, le représentant de la Ligue arabe en France, M. Nassif Hitti, avait critiqué l’attitude des régimes arabes par rapport aux communautés arabes en Europe. « Au lieu d’utiliser cette présence comme un instrument de rapprochement et de modernisation de leurs sociétés, les régimes arabes n’y voient qu’un exutoire à leurs problèmes économiques. » De son côté, M. Hubert Védrine a déclaré que « ce n’est pas le dialogue euro-arabe qui résoudra les problèmes des pays arabes. Les Européens sont occupés à autre chose : l’élargissement, le renforcement de leurs institutions. Les Arabes doivent donc se prendre en charge et ils ne peuvent plus faire l’impasse sur la modernisation et la démocratisation ». L’islamologue Gilles Kepel a aussi vivement critiqué les Arabes, les accusant de n’avoir rien compris à l’Europe. Bref, le congrès de trois jours a été riche en bilans peu flatteurs et parfois en suggestions pour l’avenir. Mais la remarque la plus pertinente a été émise par un intellectuel égyptien, éditorialiste au quotidien al-Ahram, qui, face à la propension des Libanais à se plaindre de leur sort, a lancé : « Savez-vous que vous êtes le seul pays arabe qui abrite des anciens présidents en liberté ? » Encore heureux.
S.H.
Interventions prestigieuses, idées intéressantes, axées sur l’autocritique et l’art de laisser passer les bonnes occasions en se vautrant dans une confortable inertie, les séances de samedi étaient particulièrement intéressantes, pour la dernière journée du congrès de la pensée arabe. Il y a eu notamment un message télévisé du président français Jacques Chirac, une...