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LIVRE - « Un monde en transition, 500 cartes postales de la collection Mohsen Yammine » Entre Machreq et Maghreb, le visage de l’Orient(photos)

À supposer que les publications présentant une partie d’une collection de photographies et/ou de cartes postales d’Orient ne manquent pas, «Un monde en transition», remarquable ouvrage rassemblant quelque 500 pièces sur le même thème, patiemment amassées sur place et au fil des années par Mohsen Yammine, a choisi la voie radicale : le périple complet, du Machreq et du Maghreb.
Ses initiateurs, Mohsen Yammine et Saad Kiwan tout d’abord, aidés de Joseph Tarrab ensuite, ont fait quatre sélections de cartes avant d’arrêter les trois chapitres qui le composent. Suivant deux arcs autour du bassin méditerranéen, de la Turquie à la Palestine puis du Maroc à l’Égypte, l’ensemble s’articule délibérément autour d’«une randonnée qui ordonne les œuvres», explique Joseph Tarrab. Entre «L’Orient au tournant» et «L’empreinte coloniale» s’immisce un troisième chapitre, intitulé «L’image maquillée», entièrement consacré aux scènes éthiques.

Album
Même si le livre s’offre le luxe de trois textes, chacun signé Mohsen Yammine, Joseph Tarrab et Marlin Dick, la place de choix est résolument donnée à l’iconographie, reproduite de main de maître par Saad Kiwan, dont le perfectionnisme n’est plus à prouver. Le respect porté au document est perceptible à chaque page : systématiquement reproduit dans son intégralité, au plus proche possible de l’original et nécessitant pour cela des pages pliantes, il donne au lecteur l’impression qu’il s’agit d’un album qu’il aurait lui-même constitué.
Étayant les explications de Joseph Tarrab sur l’importance de la carte postale au XIXe siècle («La carte postale illustrée, photographique en particulier, est l’une de ces nouveautés synergétiques – photographie, imprimerie, poste –, à la fois instrument de communication, de divertissement, de connaissance et donc, indirectement, d’arrogance culturelle et de volonté de domination des contrées “arriérées”»), les légendes reproduisent intégralement le verso de la carte, en trois langues.

Les vrais artistes
Les promoteurs du projet appuient donc sur la corde nostalgique qu’éveillent, par voie de fait, de tels documents iconographiques. À ce titre, les panoramas des villes d’Orient, Jérusalem, Beyrouth, Alep ou Constantinople, permettent de se rendre compte de l’évolution, tantôt radicale, tantôt évolutive, de ces dernières en presque 150 ans. Si la nostalgie d’un Liban plus verdoyant, par exemple, ou d’une Constantinople plus cosmopolite domine l’ensemble de l’ouvrage, les amateurs d’orientalisme, quant à eux, sont assurément ceux qui prendront le plus grand plaisir à feuilleter ces pages chargées d’histoire, où le fantasme d’Orient est prégnant, à travers les clichés que sont la Bédouine alanguie sur son diwan et buvant sa tasse de café ou fumant sa pipe à eau, les souks remplis de marchands en costumes traditionnels ou encore les monuments, ponts, avenues et autres constructions locales et coloniales.
Toute cette imagerie ne doit pas faire oublier les vrais artistes que met en avant Un monde en transition : les photographes. Ces derniers, dont les noms, la nationalité sont uniquement connus des initiés, ont eu du mal à laisser leur trace dans l’industrie qu’était alors en train de devenir le morceau de papier imprimé puis envoyé par courrier, appelé carte postale. Si, au Liban, on se souvient des Bonfils, on ne peut pas en dire autant des poignées d’autres qui parcouraient le Machreq et le Maghreb en quête de ce petit supplément orientaliste dont l’Europe était insatiable. Certains portraits, n’étaient le vieillissement du tirage et le manque de matériel, sont absolument magnifiques et parviennent souvent à saisir, derrière la figure de circonstance et la pose de pacotille, à travers le visage, le miroir de l’esprit d’un simple individu.

Diala GEMAYEL
À supposer que les publications présentant une partie d’une collection de photographies et/ou de cartes postales d’Orient ne manquent pas, «Un monde en transition», remarquable ouvrage rassemblant quelque 500 pièces sur le même thème, patiemment amassées sur place et au fil des années par Mohsen Yammine, a choisi la voie radicale : le périple complet, du Machreq et du...