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DIPLOMATIE - Nouveau représentant permanent du Liban aux Nations unies Sami Kronfol : La mission de diplomate, un véritable sacerdoce

NEW YORK (Nations unies), de Sylviane ZEHIL
Nommé en août dernier représentant permanent du Liban auprès des Nations unies, M. Sami Kronfol assume ses fonctions au moment où l’Organisation subit de profondes transformations et connaît des divergences de vues concernant la guerre d’Irak. Il succède à l’ambassadeur Salim Tadmouri qui a quitté les États-Unis en mars dernier. Après six mois de vacances, le Liban a enfin son représentant permanent qui a présenté en septembre dernier ses lettres de créance au secrétaire général de l’Onu, M. Kofi Annan. La tâche qui l’attend n’est guère aisée. Quel rôle le Liban espère-t-il jouer sur cet échiquier ? Par son entremise, la voix du Liban sera-t-elle entendue au sein de la communauté internationale ? C’est à la mission du Liban à l’Onu, faisant face à l’East River, que L’Orient-Le Jour l’a rencontré. « Il faut reconnaître que ce qui se passe au Moyen-Orient est très grave », confie-t-il. « En définitive, les pays de la région décideront de ce que sera l’avenir de cette partie du monde » qui fait l’objet de tant de « convoitises internationales ». « Les pays et le peuple de la région doivent préserver leurs intérêts et l’intérêt des générations futures, et contribuer au développement économique et social du monde. Le Liban passe par une période difficile. Il sait à quel point la région est en ébullition et craint qu’une défaillance ou une trop grande pression mène à des résultats encore plus difficiles à résoudre que ceux que nous connaissons aujourd’hui. Nous faisons partie du Moyen-Orient et nous avons toujours un rôle important à jouer comme pays paisible et pacifiste et nous croyons que nous avons l’expérience de tous les malheurs que les autres pays de la région peuvent connaître. Voilà pourquoi l’avis du Liban peut être entendu, apprécié, parce que nous connaissons mieux que quiconque les dangers qui guettent cette partie du monde », précise-t-il.
« Je crois que le rôle de toute délégation est de représenter son pays et d’être l’interprète de sa politique étrangère. Je ne veux pas dire que je serai seulement un simple exécutant mettant en application les directives que je recevrai du ministère des affaires étrangères. J’aimerais aussi pouvoir être celui qui fournira les données exactes et crédibles sur lesquelles on pourrait prendre une décision bien fondée, donc d’être un peu celui qui apportera aux hauts responsables libanais la vision qu’on a à New York des développements internationaux. »
L’ambassadeur Kronfol a pris ses nouvelles fonctions au moment où les préparatifs de la 58e session du débat général de l’Assemblée générale battaient leur plein, une période particulièrement chargée avant l’arrivée des délégations de haut niveau représentant les différents États membres. Pourquoi donc le président Lahoud s’est-il abstenu de faire le voyage à New York ? « Je crois, dit-il, que le président Lahoud voulait être présent à ce débat pour prononcer le discours du Liban à l’Assemblée générale. C’était son vœu le plus cher, et je sais qu’il aimerait que sa venue puisse donner les résultats escomptés pour le pays et la région. Ce n’est pas chaque année qu’un président du Liban vient à New York. Et généralement, il vient lorsqu’il y a un problème d’une grande importance qui se pose au pays. » Quelles sont donc les raisons réelles de cette absence remarquée ? « Ce qui se passait au Liban en ce moment en est la véritable raison. Le pays est en voie de décider de son développement économique et social et la présence du président au Liban pendant cette période de rentrée est tout à fait nécessaire. »

Travail d’une équipe
À l’orée de la retraite, l’ambassadeur Kronfol, qui a eu une riche carrière diplomatique, pense qu’il est « toujours en train de faire carrière. En diplomatie, dit-il, on travaille jusqu’au dernier moment et bien au-delà pour pouvoir assumer le rôle et la mission. Lorsqu’on dit mission, ce n’est pas un emploi ou un travail, c’est un peu un sacerdoce auquel on s’est adonné depuis sa tendre jeunesse. C’est un élan qui a commencé et qui devrait se terminer pas un sprint final. Je peux dire que le clair de mon travail de diplomate a été celui que je fais, celui de la diplomatie multilatérale, c’est-à-dire, représenter le Liban auprès d’instances régionales et internationales bien que la partie bilatérale n’ait pas été négligeable. Par exemple, lorsque j’étais ambassadeur auprès du Maroc, le sommet arabe de Casablanca avait déjà lancé les grandes lignes des solutions démocratiques de la question libanaise. On avait préparé Taëf à partir de Rabat et l’intérêt que le Royaume du Maroc portait au règlement de la crise libanaise a été accentué par l’intérêt d’autres pays arabes dont l’Algérie et l’Arabie saoudite. D’un autre côté, le rôle que le Liban a pu jouer pour reprendre sa place au sein de l’Unesco et celui de la francophonie, ainsi que la position que nous avons eue pour assurer notre place au sein de la Ligue arabe, a permis aux Libanais de reprendre espoir dans l’avenir de leur pays et confiance dans le concert des nations. » Son succès ? Il l’attribue au travail d’équipe. « Je suis fier de vous dire que tous les ministres des Affaires étrangères avec lesquels j’ai travaillé ont un attachement indéfectible à défendre notre pays. Il y a dans notre ministère des affaires étrangères une équipe de diplomates qui, lorsqu’elle se met au service d’un nouveau ministre, fait tout ce qu’elle peut pour que notre politique étrangère réussisse. Ce n’est pas le travail d’un seul individu mais d’une équipe », affirme-t-il avec passion.
Avant cette nomination, M. Kronfol était, depuis décembre 2000, ambassadeur du Liban au Caire, et, de 1999 à 2000, coordonnateur national pour le partenariat Europe-Méditerranée au ministère des Affaires étrangères à Beyrouth. De 1994 à 1999, il était représentant permanent du Liban auprès de l’Unesco à Paris, et département accrédité auprès de l’Agence internationale de la francophonie. Il a aussi été ambassadeur auprès de la Ligue des États arabes. M. Kronfol est entré au service des Affaires étrangères de son pays en 1965 et a été nommé pour la première fois à l’étranger en 1967, à l’ambassade du Liban en Arabie saoudite. Au fil des ans, il a occupé des postes de plus en plus importants en Union soviétique, au Koweït, au Maroc, en France et en Tunisie. Après son retour au Liban en 1985, M. Kronfol a assumé pendant deux ans les fonctions de chef de la Division des affaires arabes au ministère des Affaires étrangères, et en 1987, il a rejoint l’ambassade du Liban au Maroc où il est resté jusqu’en 1994.
C’est en 1983 qu’il a été promu au rang d’ambassadeur. Né à Beyrouth en 1941, M. Kronfol est marié à sa cousine May Kronfol, et père de trois enfants, Salma, Nahmat et Omar. Il est titulaire d’une maîtrise en droit et en économie ainsi qu’en sciences politiques de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. En 1964, il a été admis à l’Institut national d’administration et du développement dont il est sorti diplômé en 1965.
NEW YORK (Nations unies), de Sylviane ZEHILNommé en août dernier représentant permanent du Liban auprès des Nations unies, M. Sami Kronfol assume ses fonctions au moment où l’Organisation subit de profondes transformations et connaît des divergences de vues concernant la guerre d’Irak. Il succède à l’ambassadeur Salim Tadmouri qui a quitté les États-Unis en mars...