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Présidentielle Les dérives de fond entravent le déroulement normal de la campagne

Le vice-président du Conseil, Issam Farès, invite les postulants à la présidence à se déclarer, en étalant leurs programmes respectifs. Il relève que l’échéance est déjà tombée, comme qui dirait, dans le domaine public. Et que le débat étant ouvert, il est normal, il est grand temps, que l’opinion sache comment chaque candidat compte traiter les problèmes du pays. Cet appel semble marqué au coin de la logique. Mais la raison n’a pas vraiment droit de cité dans un Liban qui ne bénéficie pas d’un système démocratique sain. Au niveau de la politique cela, fait malheureusement plus de vingt-cinq ans que la situation est frappée d’anomalies fondamentales. C’est un peu ce que résume le président Sélim Hoss quand il observe qu’au Liban il y a beaucoup de liberté, mais bien peu de démocratie. Certes, ce dernier concept n’a jamais brillé de tous ses éclats dans ce pays.
Mais jadis, au moins, un an avant le scrutin, les candidatures étaient posées. Et la décantation se faisait à un rythme normal, au niveau des politiciens, des pôles divers ou même des franges de la rue, qui choisissaient leur camp, ou leur favori, à tête reposée, si l’on peut dire. La sélection était généralement assez facile, parce qu’il y avait rarement plus de deux ou trois candidats plausibles. L’on avait plus conscience qu’aujourd’hui des lourdes responsabilités que la présidence incombe. Aussi seuls ceux dont les qualités d’homme d’État étaient avérées se portaient en lice. La genèse républicaine reste ainsi marquée par la rivalité Béchara el-Khoury – Émile Eddé, qui avait pris corps sous le mandat déjà. Puis, il y a eu le match Camille Chamoun – Hamid Frangié. Ensuite, Raymond Eddé, tout en sachant n’avoir aucune chance, s’est posé en concurrent de Fouad Chéhab, pour magnifier l’esprit de la démocratie. Il y eut, après, une lutte extrêmement serrée entre Sleiman Frangié et Élias Sarkis, le premier l’emportant par une seule voix.
Évidemment, dès que la guerre domestique a éclaté, en 1975, tout a changé. L’invasion israélienne en 1982 a affecté directement l’élection présidentielle, portant Béchir Gemayel, puis son frère Amine, à la tête du pouvoir. En effet, épisode un peu oublié, l’occupant était intervenu auprès de Camille Chamoun pour le dissuader de briguer de nouveau la présidence. Plus tard, en 88, les Syriens et les Américains se sont entendus sur le nom de Mikhaël Daher. Mais, pour une fois, et à cause des convulsions de la guerre, le choix extérieur n’a pu être imposé. Car le patriarche Sfeir, suivi par de nombreuses forces politiques, s’était opposé au diktat. Non pas par manque d’estime pour le candidat dit unique, mais par défense des principes et des usages démocratiques bien compris. Cependant, le patriarche ne voulait pas faire de l’obstruction pure. On lui avait demandé une liste informelle de candidats possibles. Il avait accepté d’en livrer une. Pour apprendre qu’aucun des noms qu’il suggérait n’avait été retenu. Mgr Sfeir a retenu, justement la leçon : dernièrement, lors de sa tournée européenne, il a indiqué qu’il ne nommerait personne pour la prochaine échéance. Retour à la brève histoire de la présidentielle : dans la foulée de Taëf, l’accord s’était fait sur le nom de René Moawad. Après son assassinat, le jour de l’Indépendance, les grands électeurs ont choisi Élias Hraoui, puis le général Émile Lahoud.
Et c’est bien parce que la décision ne reste interne que d’une façon très relative que, contrairement au passé, les candidats virtuels ne se prononcent toujours pas. Ils ne souhaitent pas s’aventurer, à se brûler comme on dit, avant qu’on ne sache, d’abord, à quoi s’en tenir à propos d’une éventuelle reconduction. Et puis, la Constitution libanaise n’oblige personne ni à déclarer ouvertement sa candidature ni, a fortiori, à exposer son programme.

Émile KHOURY
Le vice-président du Conseil, Issam Farès, invite les postulants à la présidence à se déclarer, en étalant leurs programmes respectifs. Il relève que l’échéance est déjà tombée, comme qui dirait, dans le domaine public. Et que le débat étant ouvert, il est normal, il est grand temps, que l’opinion sache comment chaque candidat compte traiter les problèmes du pays....