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LIBAN-GRAND-DUCHÉ - La ministre luxembourgeoise des AE reçue par Lahoud, Berry, Hariri et Obeid L’implantation des réfugiés palestiniens au cœur des entretiens de Lidye Polder à Beyrouth (photos)

La ministre luxembourgeoise des Affaires étrangères a été reçue hier par le chef de l’État, qui lui a explicité les positions du Liban concernant les derniers rebondissements sur la scène régionale, en s’arrêtant longuement sur tout ce qui se dit ou se fait en ce moment aux États-Unis et dans quelques cercles européens au sujet de l’implantation des réfugiés palestiniens dans les pays où ils sont établis.
Émile Lahoud a ainsi réaffirmé à Lidye Polder que le Liban refuse net ce genre de propositions, et qu’il appelle à l’application de la résolution 194 de l’Onu – celle-là même qui garantit aux réfugiés palestiniens le droit au retour. « Nous voulons que nos amis et nos alliés – dont les membres de l’UE – nous entendent et nous aident à faire face aux tentatives de tous ceux qui refusent, guidés par les milieux sionistes, de voir le Liban continuer à jouir de la stabilité qui est la sienne », a-t-il dit devant la ministre luxembourgeoise. « Le Liban ne touchera pas à ses constantes pour une poignée de dollars qu’on lui donnerait en échange de son acceptation du complot de l’implantation, surtout que les Nations unies et les grandes puissances, qui avaient parrainé l’accord de Taëf, en avaient accepté les garanties, parme lesquelles il y a le refus de l’implantation », a souligné le chef de l’État.
Il a en outre réitéré devant Lidye Polder que le Liban refuse et condamne le terrorisme, qu’il le combat sans relâche, « depuis bien avant les attentats du 11 septembre ». Nuançant tout de même ses propos, il a estimé que s’il était nécessaire de continuer à distinguer le terrorisme de la lutte des peuples en faveur de leurs droits, « il est indispensable d’œuvrer pour imposer la justice et l’équité » entre ces peuples. Et après avoir rappelé que les relations entre les pays arabes et les pays euro-méditerranéens étaient en train de se développer de plus en plus, il a demandé à l’UE de jouer un rôle efficace en faveur de cette équité, et aux dirigeants européens de venir voir sur le terrain ce qui se passe, de « ne pas se contenter de ce que propagent les médias – notamment ceux inféodés au sionisme ».
Quant à la ministre luxembourgeoise, dont le pays assurera dans quelques mois la présidence tournante de l’UE, elle a confirmé les convergences de points de vue entre le Liban et le grand-duché, notamment en ce qui concerne la nécessité de faire jouer à l’Onu un rôle essentiel dans le règlement des conflits au P-O en général, en Irak en particulier. Elle a en outre fait part de sa satisfaction à l’égard des progrès réalisés par le Liban durant les dernières années, à la stabilité sécuritaire qui y prévaut, tout en insistant sur la nécessité de poursuivre l’application du traité Euromed signé, entre autres, par le Liban.
Après Baabda, et toujours accompagnée de la directrice des Affaires politiques au ministère luxembourgeois des AE, Martine Schümer, de l’ambassadeur Jean-Paul Singer, de l’ambassadeur des Pays-Bas à Beyrouth, Gerard Jan Van Epen, Lidye Polder s’est rendue place de l’Étoile, où elle a été reçue par le président de la Chambre, Nabih Berry. Puis c’était au tour du Premier ministre, Rafic Hariri, de la recevoir au Sérail, pour parler situation régionale et relations bilatérales. « J’ai abordé avec le président Hariri les efforts fournis par l’UE en faveur d’une solution politique à laquelle on aboutirait grâce au dialogue : permettre à tous les peuples de la région de vivre en paix », a-t-elle dit au sortir de son entretien. Avant d’affirmer qu’elle avait félicité le n° 3 de l’État pour les efforts énormes qui ont été faits au niveau de la reconstruction, précisant qu’elle était déjà venue au Liban en 1996, et qu’elle avait donc la possibilité de comparer l’avant et l’après. Elle a enfin indiqué que sa tournée régionale comprend, après Beyrouth, une escale damascène. « J’ai évoqué avec le président Hariri les relations syro-européennes. Nous espérons les approfondir, arriver à un accord de partenariat entre la Syrie et l’UE, à l’instar de celui signé avec le Liban. Cela serait le meilleur moyen de préserver le dialogue et, au-delà, de l’approfondir », de trouver la confiance.

Au palais Bustros
En début de matinée, la ministre luxembourgeoise s’était rendue, dès 9 heures du matin, au palais Bustros où elle s’était entretenue avec son homologue libanais, Jean Obeid. Lequel a déclaré, à l’issue des discussions, avoir surtout évalué avec Lidye Polder tout ce qu’il était possible de faire pour ramener la sécurité dans la région et au Liban. « Rien ne pourra se faire dans la région sans un retour à la légalité internationale et aux résolutions onusiennes, sans des solutions globales, justes, équilibrées, et qui prendraient en compte les droits et les devoirs de toutes les parties, sans en privilégier une au détriment de l’autre », a dit le chef de la diplomatie, cité par notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane.
S’attaquant ensuite aux projets visant à confirmer l’implantation des réfugiés palestiniens dans les pays où ils sont établis, Jean Obeid a estimé que la façon dont on continue d’envisager ce sujet est plus que « partielle », parce que « la présence palestinienne a toujours été source d’instabilité et de troubles dans la région – sans compter l’amertume, les déceptions, l’injustice... »
Le ministre des AE a ensuite condamné ceux qui s’opposent à un retour des Palestiniens (« notamment ceux de 1967, surtout que ceux qui gouvernent en Cisjordanie aujourd’hui sont des Palestiniens de 1948 »), tout en insistant sur le fait que le droit au retour des réfugiés palestiniens est dicté par la légalité internationale. « Dans ce cas-là, nous ne pouvons pas extraire de cette légalité ce qui nous plaît et jeter ce qui ne nous plaît pas. Pour une paix juste, globale, durable, il faut qu’Israël se remette sous l’ombrelle onusienne, il faut également que ceux qui sont capables de mettre un frein aux politiques extrémistes de l’État hébreu le fassent, qu’ils convainquent Israël d’œuvrer aussi pour la paix, pour la justice. Nous avons expliqué cela à la ministre Polder, en insistant sur le fait que le droit au retour est une des clés essentielles à l’établissement d’un État palestinien souverain. Et c’est cet État qui décidera si oui ou non il acceptera des citoyens sur son sol », a assuré Jean Obeid.
Quant à Lidye Polder, elle a rappelé les nombreux points qu’ont en commun le Liban et le grand-duché, et a affirmé tout de go que c’est « un message d’espoir » qu’elle voudrait délivrer : « La coexistence est possible, même avec les ennemis d’hier », a-t-elle dit.
« Les relations bilatérales sont excellentes, et le partenariat Euromed avec le Liban nous offre un beau tremplin pour notre coopération. Le Luxembourg a terminé tout ce qu’il fallait faire pour la ratification de cet accord, qui aura lieu dans les semaines à venir. Cet accord consolidera les relations économiques entre nos deux pays, sachant que le Liban joue un rôle économique certain et qu’il jouit d’une grande éxpérience : nous pouvons donc échanger nos expériences », a assuré Lidye Polder.
Sur le plan régional, elle a indiqué que les analyses et interprétations auxquelles elle a abouti avec Jean Obeid sont les mêmes. « Nous voulons appuyer tout ce qui peut servir une solution globale, durable et juste, ce qui peut servir tous les peuples et tous les États de cette région. Et notamment le peuple palestinien, ainsi que la “feuille de route” préparée l’an dernier par l’UE et qui pourrait, si son application se poursuivait, mener à la solution en question », a-t-elle affirmé.
Au sujet de l’Irak, Lidye Polder a déclaré que le Luxembourg souhaitait un retour à la paix et à la sécurité « dans les plus brefs délais », ainsi que la possibilité pour le peuple irakien de recouvrer sa souveraineté, « une condition essentielle pour que la stabilité s’installe de nouveau ». Interrogée sur le point de savoir si elle soutient le refus inconditionnel du Liban vis-à-vis de toute implantation des réfugiés palestiniens, Lidye Polder a répondu que ce sujet « est particulièrement délicat, à propos duquel les Nations unies ont publié une résolution. Il est difficile de trouver une solution à ce dossier, sauf qu’un proverbe assure que pour tenter de résoudre un problème, il faudrait éviter de lui ajouter quelque faille supplémentaire que ce soit. Il lui faut une solution équilibrée, juste, qui permette le débat, et que l’on n’imposerait à personne », a-t-elle assuré, estimant que la communauté internationale a, à ce niveau, une part de responsabilité.
Enfin, sur le point de savoir si le grand-duché a soutenu la proposition de loi soumise par deux députés au Parlement européen au sujet de l’implantation des réfugiés palestiniens, la ministre luxembourgeoise a indiqué que son pays n’avait pas à soutenir telle ou telle décision qu’adopterait le Parlement européen, parce que celui-ci est indépendant. Ce n’est pas comme si la décision avait été prise, a-t-elle expliqué, au cours d’un Conseil des ministres des AE de l’UE.
La ministre luxembourgeoise des Affaires étrangères a été reçue hier par le chef de l’État, qui lui a explicité les positions du Liban concernant les derniers rebondissements sur la scène régionale, en s’arrêtant longuement sur tout ce qui se dit ou se fait en ce moment aux États-Unis et dans quelques cercles européens au sujet de l’implantation des réfugiés...