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ÉVASION - «L’Orient-Le Jour» explore de nouvelles idées, de nouveaux créneaux, un exemple à suivre... Le tourisme en France : «Ça marche tout seul», mais l’avenir, c’est l’événementiel(PHOTOS)

Paris, de Anne-Marie EL-HAGE
Pour la majorité des touristes étrangers, la France se limite à Paris, Eurodisney et les châteaux de la Loire. Ces sites marchent d’ailleurs si fort qu’ils n’ont plus vraiment besoin de promotion. Preuve en est, le budget annuel alloué au tourisme par le premier pays sur le plan des arrivées internationales ne dépasse pas 90 millions d’euros, soit le tiers du budget de la météo nationale. Cependant, malgré ses 77 millions de touristes étrangers en 2002, la France n’est que troisième sur le plan des recettes, avec 34,5 milliards d’euros de revenus liés au tourisme. À ce niveau, l’Hexagone se laisse distancer par les États-Unis et l’Espagne, qui se taillent les deux premières places. Désireuse de s’adapter à l’évolution du marché, la France veut mieux faire et développer un autre tourisme. Un tourisme qui privilégie la mise en valeur d’événements, de modes de vie typiquement français, mais aussi d’un patrimoine culturel régional encore méconnu. Rencontres, en France, avec les différentes instances du tourisme français et de certains de leurs partenaires, grâce à l’initiative d’Ubifrance, agence française pour le développement international des entreprises.

L’état de santé du tourisme en France ? « Ça marche tout seul. Pas besoin d’investir plus», lance carrément Alain Monferrand, directeur de l’Observatoire national du tourisme, un organisme qui, à partir d’enquêtes et d’études détaillées, étudie l’ensemble des activités et des variations du tourisme français. Mais la France ne se repose pas pour autant sur ses lauriers.

Les petites régions
à l’honneur
Craignant, avec l’élargissement de l’Europe, l’évolution du tourisme et la concurrence des destinations qui font rêver, de perdre des parts de marché, malgré l’attachement que lui portent de nombreux touristes étrangers, la France s’est déjà lancée dans la promotion d’un tourisme différent. Un tourisme basé sur l’événementiel et sur la diversification de la gamme de ses sites. Créer des événements qui fidélisent les gens, valoriser le patrimoine culturel des petites régions, étaler le tourisme à diverses régions et sur les différentes périodes de l’année, mais aussi développer le tourisme à thème : la France a du pain sur la planche. « Aujourd’hui, le tourisme ne se limite plus au soleil, à la mer et au ski », observe M. Monferrand. « Ne pouvant agir sur la météo ou le taux de change, qui figurent parmi les composantes essentielles du tourisme, c’est donc sur l’événementiel que nous avons décidé d’axer notre action, afin d’atteindre nos objectifs », poursuit-il.
Ce coup de jeune qu’entend donner la France à son tourisme n’est pas fortuit. Avec le développement des liaisons routières et ferroviaires, et la suppression des frontières à l’intérieur de l’Europe, la France, désormais facile d’accès pour les Européens, est devenue le pays du court séjour par excellence. Un séjour qui se limite souvent à quelques nuitées et qu’il est impératif de rendre agréable, plaisant et plein de créativité, afin d’inciter les Européens, non seulement à revenir régulièrement en France, mais aussi et surtout à y investir.
D’autant plus que le tourisme de long-courrier rapporte 40 % des recettes, « mais il ne représente que 15 % des arrivées internationales vers l’Hexagone », conclut le directeur de l’Observatoire national du tourisme.
Mais comment Paris, qui draine le tiers des touristes étrangers de France, soit 26 millions de personnes par an, s’adapte-t-elle à cette nouvelle forme de tourisme ? À la mairie de Paris, Laurent Queige est formel. Maintenir Paris comme ville moderne, avant-gardiste et cosmopolite, nécessite quelques impératifs, comme l’amélioration de la qualité de l’accueil et le rapprochement entre les visiteurs et la population locale. « En effet, regrette le directeur de cabinet de Jean-Bernard Bros, adjoint au maire de Paris, la Ville lumière ne sait pas toujours accueillir ses visiteurs, qu’ils soient vacanciers ou clientèle d’affaire. »

Découvrir
un autre Paris
Débloquer des budgets pour la formation des fonctionnaires à l’accueil des étrangers, améliorer la signalétique et multiplier les points d’informations à l’intention des étrangers, mais aussi sensibiliser la population française à l’impact du tourisme, ne sont que quelques-unes des mesures prises par la mairie de Paris. « Notre priorité, poursuit M. Queige, est de développer le tourisme alternatif. » Par tourisme alternatif, il entend une autre façon de visiter la ville de Paris.
Désormais, sur les brochures vantant la capitale figurent des quartiers et des sites différents des visites traditionnelles et montrant la capitale sous un nouvel aspect : insolite, sportive, romantique, etc. Une visite touristique de Paris peut tout aussi bien englober les traditionnels monuments historiques que certains quartiers, les boutiques d’artisans ou des cours intérieures. Car de plus en plus de touristes d’agrément désirent connaître un Paris qu’ils ignorent.
Tout en privilégiant les espaces consacrés aux piétons, aux promeneurs, aux cyclistes et aux rollers, afin de réduire la pollution, les encombrements et le bruit, la mairie de Paris n’en finit pas d’étonner par sa créativité. « Paris, destination du court séjour, entend bien mettre en valeur ses atouts culturels, artistiques, gastronomiques, artisanaux, sportifs, romantiques », insiste M. Queige.
Ainsi, chaque année, les événements festifs, proposés gratuitement par la mairie de Paris, s’installent, s’organisent, se multiplient et drainent davantage de personnes. Des manifestations comme Paris plage, Nuit blanche, la Techno parade ou les ballades à rollers, le vendredi soir, ont désormais leurs adeptes, une clientèle tant locale qu’étrangère qui apprécie la convivialité de tels événements. Mais elles ont surtout réussi le pari de mettre les animations et l’art à la portée de tous, notamment des français les plus défavorisés, qui sont 40 % à ne jamais partir en vacances.
S’adapter à l’évolution du marché touristique est actuellement l’objectif primordial de la France. Un tel objectif est-il téméraire, depuis l’élargissement de l’Europe et la concurrence de nouvelles destinations ?
Seul l’avenir le dira. Pour le moment, l’Hexagone se contente de tisser sa toile, patiemment, d’une main de maître. La France n’en finit pas de séduire et son savoir-faire aussi.

Nausicaa, ou la sensibilisation à la protection des mers

Nausicaa, le centre national de la mer, a pris le nom de la princesse qui avait recueilli Ulysse sur son île de Corfoue. Érigé en 1991 à Boulogne-sur-Mer, qui abrite le premier port de pêche de France, Nausicaa sensibilise chaque année près de 700 000 visiteurs, dont 180 000 écoliers, à la protection des mers. Si 70 % des visiteurs se rendent à Boulogne-sur-Mer spécifiquement pour visiter le centre de la mer, Nausicaa n’en est pas moins un important outil de développement économique pour l’agglomération.
Expositions thématiques, aquariums géants regorgeant de poissons et d’animaux marins en tout genre, mais aussi de coraux et de plantes aquatiques, médiathèque, cinéma, animations diverses et interactivité, Nausicaa est un véritable centre culturel marin qui sensibilise petits et grands aux problèmes de la mer, de manière ludique et attractive.
Pour l’année 2003, la grande thématique développée à Nausicaa traite les bouleversements climatiques, la sécheresse, les tempêtes, les inondations, à travers des conférences, des ateliers, ainsi qu’un spectacle audiovisuel en quatre dimensions.
« Les océans ne se sont jamais autant dégradés que ces cinq dernières années », déplore le directeur général de Nausicaa, Philippe Vallette. Ainsi, 27 % des récifs coralliens sont morts par dégradation directe ou à cause de l’installation d’hôtels et de résidences, sans stations d’épuration. De plus, la pêche à outrance dépeuple les mers de manière dramatique. « Si nous n’arrivons pas à modifier les choses dans les dix années à venir, il sera de plus en plus difficile de le faire ultérieurement, et la planète court à la catastrophe, prévient l’océanographe. C’est pourquoi, poursuit-il, nous tentons de faire prendre conscience aux visiteurs que chaque geste compte. Ils réalisent que ce qu’ils font pour les océans, ils le font pour eux. D’ailleurs, il est plus aisé d’éduquer les gens de façon massive lorsqu’ils sont en vacances. »
Recherchant davantage de moyens pour éduquer et informer les gens, Nausicaa, dont la création découle d’un investissement public, a développé un partenariat à l’échelle internationale avec la chaîne hôtelière privée Accor. Dans ses nombreux complexes de vacances, celle-ci entend offrir à sa clientèle des activités qui prennent en compte le respect de la nature et qui sensibilisent à la protection de l’environnement marin. Ce partenariat a débuté en Égypte, sur les bords de la mer Rouge, et devrait s’étendre à de nombreux hôtels des stations balnéaires, à travers le monde.
Il reste à espérer que le Liban fasse appel, à son tour, à ce précieux savoir-faire, afin de protéger sa côte, avant qu’il ne soit, encore une fois, trop tard.

La Cité des sciences et de l’industrie, pour mieux comprendre ce monde qui nous entoure

Érigée il y a 15 ans sur 150000 m2, la Cité des sciences et de l’industrie, située à la Villette, à Paris, est une destination incontournable pour les amateurs de muséographie scientifique et de loisir intelligent. Et pour cause, le plus grand musée scientifique d’Europe, fier de ses 300000 visiteurs par an, a créé un style d’exposition interactif, permettant l’autonomie des visiteurs, même les plus jeunes, ainsi que la sensibilisation ludique aux sciences et aux techniques les plus pointues et les plus nouvelles.
Qu’il s’agisse de la Cité des enfants, accueillant les petits de 3 à 12 ans, ou d’Explora, exposition destinée à tous, dès l’âge de 12 ans, ou même de la Géode, salle de cinéma hémisphérique dotée d’un écran géant de 100 m2, la Cité des sciences et de l’industrie varie les activités et les thèmes au fil des saisons, et les adapte aux événements.
Comment produire de l’eau ? Comment la terre fonctionne-t-elle ? Que sont les gènes ? Ou encore comment se transmettent les sons ? À chacune de ces questions, le visiteur découvrira les réponses au moyen d’expériences, de jeux, d’ateliers, de manipulations diverses. Aborder la logique informatique, comprendre les problèmes mathématiques, prendre conscience de son propre rôle dans la gestion du patrimoine terrestre, les scientifiques en herbe, grands et petits, n’en finissent pas d’apprendre dans ce méga-espace scientifique.
Le succès de la Cité des sciences et de l’industrie a facilité l’exportation de l’exposition. Depuis quelques années, même le Liban dispose de sa propre Cité des sciences, destinée exclusivement aux enfants, dans l’espoir que celle-ci s’agrandisse et touche un public plus varié.

Ubifrance, pour la promotion
de la France à l’étranger
Ubifrance, agence française pour le développement international des entreprises, fait connaître les technologies, produits, services et savoir-faire français, et met en contact professionnels français et étrangers. Elle diffuse, par ailleurs, l’information sur les technologies et produits français dans la presse professionnelle internationale grâce à ses bureaux de presse, et développe des partenariats entre entreprises françaises et étrangères. Gérante de campagnes de promotion de la France, elle développe de plus les sites officiels des exportateurs français.
Paris, de Anne-Marie EL-HAGEPour la majorité des touristes étrangers, la France se limite à Paris, Eurodisney et les châteaux de la Loire. Ces sites marchent d’ailleurs si fort qu’ils n’ont plus vraiment besoin de promotion. Preuve en est, le budget annuel alloué au tourisme par le premier pays sur le plan des arrivées internationales ne dépasse pas 90 millions d’euros,...