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Terrorisme - Le Liban touché de plein fouet par la tragédie Sept tués et 53 blessés libanais dans l’attaque-suicide contre un centre résidentiel à Ryad

Touché de plein fouet par la tragédie, le Liban était sous le choc hier après l’attentat contre un complexe résidentiel de Ryad, le Mouhaya, qui a fait au moins dix-sept morts, dont sept Libanais. Les mots manquent pour décrire l’attentat, qui a décimé des familles et semé la douleur et le deuil dans les foyers libanais.

Perpétré dans la nuit de samedi à dimanche, l’attentat à la voiture piégée contre le complexe proche du palais royal al-Yamama, résidence d’expatriés de pays arabes essentiellement, mais aussi d’Occidentaux, a fait également 122 blessés, selon les chiffres disponibles en début de soirée. Parmi eux, 53 sont libanais, assure-t-on de source saoudienne.
On sait du reste que 60 % des résidents du complexe résidentiel étaient de nationalité libanaise, certains d’entre eux portant aussi une nationalité américaine.
Selon les témoignages recueillis auprès des Libanais résidant sur place, l’attaque a commencé par des tirs d’armes automatiques provenant d’un monticule situé au voisinage du complexe. Ces tirs ont visé les appartements illuminés. Peu après, un véhicule militaire, probablement volé, a forcé l’entrée du complexe. Ses occupants portaient des uniformes similaires à ceux des gardiens du complexe. Certains des assaillants tiraient dans toutes les directions, pendant que la voiture fonçait sur l’un des ensembles du complexe, avant d’exploser. Deux autres explosions ont également été entendues, ajoutent des témoins libanais de l’attentat, ainsi que des rafales d’armes automatiques entre les immeubles, dans les escaliers et à l’intérieur de certains appartements. Des témoins assurent que beaucoup de Libanais ont eu le visage criblé par des bris de verre.
Le complexe résidentiel Mouhaya comprenait 200 villas et bungalows, et abritait environ 600 personnes, des couples avec leurs enfants pour la plupart et, parmi les Libanais, de nombreux cadres actifs dans des agences de publicité . De sévères mesures de sécurité ont été prises autour de son périmètre, à l’issue de l’attaque.
Cinq enfants, dont trois libanais, figurent parmi les victimes de cet attentat attribué par un responsable saoudien à el-Qaëda, le réseau terroriste d’Oussama Ben Laden. Les deux petits libanais tués identifiés d’abord sont Raya Mezher (4 ans) et son frère Jade (8 ans). « Leur mère, qui a échappé à l’attentat, était enceinte et a perdu son bébé tandis que leur père est hospitalisé dans un état grave», ont indiqué leurs proches, déchirés par la douleur. Il s’agit des enfants de Charbel Mezher, un cadre de l’agence de publicité Fortune Promoseven.
On apprenait en fin de soirée que Richard Haïdar, sa femme Nancy et leur fils Jade avaient tous trois trouvé la mort dans l’attentat, le véhicule piégé ayant explosé pratiquement sous leur pavillon. Les deux autres morts libanais sont Nina Gébrane et Rania Saleh.

Dispositions pratiques
Le président Émile Lahoud et de hauts responsables civils et religieux ont vivement condamné cet attentat. À la suite de concertations avec le chef de l’État et le Premier ministre, une délégation composée de trois diplomates s’est envolée en milieu d’après-midi pour Ryad avec pour mission d’apporter une assistance matérielle et morale aux familles des victimes libanaises. Cette délégation pourrait décider sur place de rapatrier les blessés. L’ambassade du Liban a convoqué les Libanais habitant le complexe résidentiel Mouhaya à se retrouver aujourd’hui au siège de la chancellerie, à 13 heures, pour discuter des dispositions pratiques que voudraient prendre les Libanais visés par l’attentat, pour ce qui concerne essentiellement le rapatriement éventuel de ceux qui le désirent, le relogement des autres et l’octroi de nouveaux passeports à ceux qui les ont perdus dans la tragédie.
Selon une source proche de l’ambassade du Liban à Ryad, le Premier ministre aurait provisoirement mis à la disposition des Libanais, ayant perdu leurs biens dans l’explosion, des pavillons dans le complexe résidentiel Oger-Arabie saoudite. Le fils de M. Hariri, Saad Hariri, serait en étroit contact avec l’ambassadeur du Liban pour coordonner l’opération de secours aux Libanais sinistrés. Le Premier ministre lui-même est entré à plusieurs reprises en contact avec le diplomate, pour faire le point de la situation au fur et à mesure que l’ampleur de la tragédie se précisait.
La délégation des AE qui s’est rendue hier à Ryad comprend MM. Haytham Jomaa, directeur des Émigrés, Ghassan Naamani, directeur des Affaires arabes et ancien ambassadeur du Liban en Arabie saoudite et Youssef Sadaka, conseiller. Elle a effectué hier à son arrivée une tournée des hôpitaux où sont soignés les blessés libanais et a donné rendez-vous à tous les résidents du complexe visé par l’attentat, ce midi, à l’ambassade du Liban.
À Beyrouth, une cellule de crise a été mise sur pied pour assurer le suivi de l’affaire. Les personnes désireuses d’obtenir aujourd’hui des informations au sujet des attentats et des victimes doivent prendre contact avec la direction des affaires politiques du palais Bustros.
Forte de plus de 100 000 personnes, la communauté libanaise en Arabie saoudite est une des plus actives au royaume et a grandement contribué à son développement économique.
Les Libanais présents en nombre en Arabie saoudite depuis la fin des années soixante travaillent dans presque tous les secteurs : banque, publicité, éducation, hôpitaux, commerce et alimentation. Mais avec la récente montée des actes terroristes dans le royaume, certains Libanais commencent à envisager de partir vers des cieux plus cléments.

Parmi les résidents libanais,
des cadres d’agences de publicité

Les employés d’au moins quatre agences de publicité libanaises habitent le compound attaqué par les terroristes à Ryad. Hier en soirée, les publicitaires comme le reste des Libanais attendaient les informations diffusées par les télévisions et les agences de presse pour être informés du sort de leurs collègues et amis basés en Arabie saoudite.
Interrogé au téléphone, le président du syndicat des agences de pub au Liban, Ramzi Najjar, a indiqué que « toutes les agences de publicité basées dans le monde arabe, notamment en Arabie saoudite, sont liées aux Libanais, les pionniers dans ce secteur ».
Indiquant que les employés de plus de quatre agences libanaises de publicité habitent le compound, notamment Fortune Promoseven et Team/Young & Rubicam, il a relevé que des cadres et des ingénieurs ont également été touchés par l’attentat.
À la question de savoir si les agences de pub libanaises fermeront leurs portes en Arabie saoudite, M. Najjar a indiqué : « C’est un faux problème, la question ne se pose pas », soulignant que les Libanais qui ont vécu une guerre de 20 ans, courageux et combatifs, « n’ont pas peur de rester en Arabie saoudite ».

Des femmes et des enfants tués, des familles décimées

Voci la liste des victimes de l’attentat du complexe résidentiel de Ryad, telle qu’elle se présentait en fin de soirée.
Les morts libanais sont : Nina Gébrane, une jeune mariée originaire du Koura qui, avec son époux, envisageait d’émigrer au Canada (la dépouille de la malheureuse a été reconnue à l’alliance qu’elle portait au doigt), Rania Saleh, les deux enfants Raya et Jade Mezher, ainsi que le couple Richard et Nancy Haïdar, et leur fils Jade.
Rania Saleh, épouse de Walid Saleh, a été tuée avec son employée de maison non libanaise. Son mari, qui travaille pour la chaîne Future TV, était en déplacement à Djeddah au moment du drame.
Des blessés, on a identifié, de source proche de l’ambassade du Liban : Charbel Mezher, le père des deux enfants tués, atteint à l’épaule et à l’estomac, et dont l’état ne laisse pas d’inspirer quelque inquiétude, son épouse Maguy, atteinte de contusions et dont trois côtes sont brisées, qui travaille comme attachée commerciale à l’ambassade de Suède, Nehmé Mouchantaf, son fils Jade et son épouse Aline, qui ont été, d’abord, portés disparus (Aline Mouchantaf a eu le dos labouré par l’appareil d’air-conditionné qui s’est abattu sur son dos), Karim el-Hajje, Ghassan Tawilé, Ghounwa Najjar, Achraf Mansour, Maged Mteyrek, Hanadi, Ala et Nourhan Tutunji, Georges Wehbé, Élie Gébrane, hospitalisé dans un état grave ainsi que ses filles Dalida et Ghida Gébrane, Lolita et Michel Kanaan, Haytham et Rima Sankari, Riad Sayyed, Sultan et Walid Zeineddine, Zaher Achkar, Gaby Kallas, Sarkis Avedissian, Tammam Abdel Ghani, Ghounwa Moustapha, Khaled Ahmed Charif, Dona Abounasr, Hussein Mohammed Ayyoubi, Mohammed Hussein Ayyoubi et Anastasia Mohammed Ayyoubi.
L’ambassadeur du Liban à Ryad, Ahmed Chammat, a effectué hier en cours de journée une tournée des trois hôpitaux où sont soignés les Libanais (le complexe médical Ryad, l’hôpital du roi Fayçal et l’hôpital Hammad) et s’est mis à la disposition des Libanais pour toute aide immédiate dont ils pourraient avoir besoin, notamment la délivrance de nouveaux passeports. Certains des blessés légers ont immédiatement quitté l’hôpital, tandis que d’autres ont demandé à être rapatriés, pour être soignés au Liban. D’autres encore sont dans un état qui ne leur permet pas de voyager dans l’immédiat.
Sur demande des autorités libanaises transmises à la MEA, les victimes seront transportées aux frais de la compagnie nationale et leurs proches qui souhaitent les accompagner bénéficieront d’une réduction de tarifs de 50 %.
Le Premier ministre a également pris contact avec un médecin, Issam Yassine, et un ingénieur, Mohammed Fakhoury, auxquels il a demandé de se mettre à la disposition des victimes de l’attentat, afin d’envisager avec eux l’aide que pourrait leur fournir l’ambassade, a précisé l’agence nationale d’information (Ani-officielle).
Touché de plein fouet par la tragédie, le Liban était sous le choc hier après l’attentat contre un complexe résidentiel de Ryad, le Mouhaya, qui a fait au moins dix-sept morts, dont sept Libanais. Les mots manquent pour décrire l’attentat, qui a décimé des familles et semé la douleur et le deuil dans les foyers libanais.Perpétré dans la nuit de samedi à dimanche,...