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Toujours le même climat de grogne du côté du Sérail

Rien n’y fait. Le monde entier peut bien « se lever et s’asseoir », c’est-à-dire se retrouver sens dessus dessous, des bruits de bottes se faire entendre dans la région ou le pays se débattre dans une crise socio-économique sans précédent, les haririens et les lahoudistes ne s’occupent que du tournoi de bowling qui les oppose. Ainsi les visiteurs du Sérail révèlent que l’occupant des lieux ne cache à personne son mécontentement face « aux comportements de certains ». Hariri précise qu’à son sens « l’autre partie » trahit l’accord qui a été conclu sous l’égide des décideurs. Et qui prévoit que tous les sujets seraient exposés en Conseil des ministres pour y être traités sans esprit de défi, sans tensions, sans préjugés, dans une volonté commune de rendement. Les questions sur lesquelles il n’y aurait toujours pas d’entente après débat doivent être reportées pour un surcroît d’étude. Ou confiées à une commission ministérielle. Or, d’après ce qu’il raconte, le camp d’en face se sert de l’accès qui lui est donné à la préparation de l’ordre du jour (du Conseil des ministres) pour planter des mines. Souvent par soustraction. C’est-à-dire que, toujours selon Hariri, en infraction de l’arrangement mentionné, certains dossiers litigieux sont écartés de l’ordre du jour. Parce que le chef de l’État, à en croire donc le chef du gouvernement, préférerait que l’on tente de parvenir à des solutions négociées avant de soumettre ces problèmes au Conseil des ministres. Car il souhaiterait éviter que l’on en vienne à la procédure de vote. Tout cela revient à dire que, subitement légaliste, Hariri reproche au régime de favoriser derechef le vieux système de la troïka, ou de la doïka. Aux dépens du jeu institutionnel normal, comme des dispositions techniques qui sous-tendent la trêve voulue par les décideurs.
Un armistice qui s’est traduit, comme on sait, par un projet de budget expédié en deux temps trois mouvements, après six séances plus ou moins houleuses. Mais de l’avis de tous les professionnels, les joutes ne vont pas tarder à reprendre. Car, en privé, l’échange d’aménités continue à déferler et il ne va sans doute pas tarder à sortir d’entre les murs pour gagner la scène publique. À l’occasion, par exemple, des speeches d’iftars. La simple logique veut d’ailleurs qu’au fur et à mesure que l’on se rapproche de l’ouverture officielle de la chasse, entendre de la campagne pour la présidentielle, la lutte d’influence entre les dirigeants s’intensifie et devienne explosive. Les rapports de forces se fondent, certes, sur des intérêts purement politiques opposés mais aussi, visiblement, sur une antinomie de caractères, de personnalités. Ce qui porte les protagonistes à manquer totalement de confiance l’un dans l’autre.
Pour l’heure, l’attention se porte sur le nouvel épisode du feuilleton : la soudaine réactivation du dossier judiciaire de Fouad Siniora et de Chahé Barsoumian, transmis au Parlement pour voir s’il ne faut pas en saisir la Haute Cour de justice qui juge les présidents et les ministres. Les cadres judiciaires ont beau assurer que c’est là une formalité purement mécanique, de pure routine, les professionnels pensent généralement qu’il faut y voir, avant tout, une tentative politique de chatouiller le camp haririen.
Ces professionnels prévoient dès lors une chaude séance du Conseil des ministres, ce jeudi. Malgré le fait que l’ordre du jour ne comprend pas de sujets explosifs, comme le CDR, Solidere ou les expropriations. Il reste en effet quand même quelques questions qui peuvent donner lieu à des empoignades, comme le traitement des ordures ménagères et la rupture avec Sukleen. Le rapport de la commission ad hoc est contesté par beaucoup, notamment par le ministre de l’Environnement, Farès Boueiz. Il existe un différend sur les 7 lieux d’enfouissement et sur les 13 stations de recyclage, après la division du pays en quatre secteurs, Beyrouth et le Mont-Liban ne faisant qu’un, ce qui provoque des protestations populaires ou d’édiles. Jean-Louis Cardahi s’oppose à la répartition en quatre et propose que chaque caza prenne en charge ses déchets. Bref, il pourrait y avoir du sport ce jeudi en Conseil des ministres.
Philippe ABI-AKL
Rien n’y fait. Le monde entier peut bien « se lever et s’asseoir », c’est-à-dire se retrouver sens dessus dessous, des bruits de bottes se faire entendre dans la région ou le pays se débattre dans une crise socio-économique sans précédent, les haririens et les lahoudistes ne s’occupent que du tournoi de bowling qui les oppose. Ainsi les visiteurs du Sérail révèlent...