« Les institutions politiques libanaises, les usages suivis ne constituent plus à mon sens un instrument valable pour gérer le Liban. Dans plus d’un créneau, nos institutions sont dépassées par les systèmes modernes au niveau de l’efficacité du pouvoir. Nos lois électorales sont imposées par des événements occurrents à caractère temporaire. Notre régime économique, mal appliqué, favorise les monopoles. Tout cela ferme la voie à une action sérieuse sur le plan national. Une action qui aurait pour but de parvenir à conforter une démocratie parlementaire authentique, saine et stable. De gommer les monopoles, afin que les Libanais puissent avoir une existence digne, à l’ombre d’un système économique libre assurant l’égalité des chances. » Et de conclure en affirmant que les recherches qu’il avait effectuées lui permettaient de voir que « le pays n’est ni prêt ni équipé pour des mutations qui ne peuvent s’imaginer que dans le respect de la légalité, des libertés fondamentales que j’ai tant défendues. Aussi ai-je décidé de ne pas être candidat à la présidence de la République ».
Avant cette proclamation, 79 députés avaient signé une motion réclamant l’amendement de la Constitution. Le président de la Chambre, Kamel el-Assaad, avait transmis la requête au gouvernement, qui, à l’unanimité, avait prié le chef de l’État de l’accepter. Mais il avait rajouté à son refus public une note de remerciement et de confirmation au Parlement. En précisant qu’il avait accédé à la présidence « dans des circonstances graves, en étant alors convaincu que ma présence au pouvoir contribuerait à ramener le pays à la normale, à lui redonner la stabilité dans un climat d’union nationale. Maintenant que ces circonstances sont abolies, je ne vois pas de raison de rester en charge de cette grande responsabilité, que je considère comme un service public. Je pense qu’il me faut ouvrir la voie à autrui pour assumer ce devoir ». Beaucoup de professionnels se demandent aujourd’hui si cet exemple va inspirer le chef de l’État. S’il va, en temps dû, proclamer à son tour son rejet de la reconduction. Cela, du moment que, tout comme jadis et pour reprendre les termes du président Chéhab, « les institutions politiques libanaises, les usages suivis ne constituent pas un instrument valable pour gérer le Liban ». Idem pour les lois électorales ou pour le régime économique. Sans parler de l’inaptitude du pays à aborder les mutations, thème également évoqué par le président Chéhab il y a presque quarante ans. Il convient également de relever le respect dû à la Constitution comme à la légalité. Selon les mêmes professionnels, si les raisons développées jadis tiennent toujours, et si le président Lahoud en convient, il faudrait qu’il prenne l’initiative d’une proclamation de refus de la reconduction ou de la prorogation. Comme l’avait également fait Élias Sarkis. Cela, avant que les formations politiques ne commencent à définir leurs positions par rapport à la présidentielle. À ce propos, il se répète que la Rencontre de Kornet Chehwane ne va plus tarder à se prononcer officiellement, pour réitérer son rejet, déjà connu, de la reconduction. Et pour confirmer, sur tous les plans, son appui aux positions affichées par le cardinal Sfeir durant son périple européen.
Émile KHOURY
Les plus commentés
Israël est en train de perdre, mais pas autant que les Palestiniens
Don de l'UE : après avoir déclaré la guerre à Mikati, les chrétiens proposent la paix ?
Retour des Syriens : Assad s'impose dans le débat