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BUDGET - Nouvelle vague de critiques contre le projet de loi Siniora espère que le Parlement pourra réussir là où le gouvernement a échoué

Si la situation n’était pas dramatique, les propos du ministre des Finances, Fouad Siniora, qui espère que la Chambre introduira au projet de budget 2004 des amendements qui permettront à l’État d’honorer les engagements qu’il avait pris à Paris II, auraient pu être à la limite qualifiés de drôles. Ils sont en tout cas hallucinants. « Si le Parlement parvient à introduire au texte des articles s’inscrivant dans le cadre d’une réforme, ce sera une heure bénite », a-t-il dit, au moment où des voix ministérielles et parlementaires s’élevaient pour critiquer le projet de loi de finances, que la Chambre commencera à étudier la semaine prochaine.

Dans une interview hier à la Voix du Liban, M. Siniora a indiqué qu’il est de son devoir de défendre le texte lors de son examen, place de l’Étoile, rappelant que le Parlement n’a pas le droit de relever les dépenses. « Mais si la Chambre souhaite introduire au texte des articles s’inscrivant dans le cadre d’une réforme, ce sera une heure bénite. Si cette initiative est prise, elle permettra de remettre les pendules à l’heure, afin que le Liban puisse appliquer les mesures qu’il s’était engagé à exécuter à Paris II », a-t-il poursuivi.
Selon le ministre des Finances, il faut « réviser les moyens et les critères de dépenses, que ce soit au niveau de la politique pédagogique, sociale ou de santé ». « Nous devons également nous attaquer au dossier des indemnités de fin de service et des pensions de retraite, dans tous les différents organismes étatiques. Nous devons aussi nous pencher sur toutes les administrations et les institutions publiques, car il n’est pas
possible de continuer à œuvrer avec un État aussi pléthorique. Il faut réduire le volume de l’Administration et développer son rôle », a-t-il ajouté, avant de réitérer son appel au Parlement, l’invitant à ajouter au texte de loi des articles de réforme, prévoyant notamment une augmentation des heures de travail dans les diverses administrations publiques et une réduction du volume de l’État.
Les propos du ministre des Finances viennent confirmer l’incapacité du gouvernement à entreprendre les réformes nécessaires pour réduire le volume de la dette publique qui a dépassé les 30 milliards de dollars. C’est ce que le président du Renouveau démocratique, Nassib Lahoud, a relevé dans une déclaration qu’il a faite hier, et dans laquelle il a considéré que le projet de budget « aggrave la crise et ne la résout pas ». Il a estimé que le texte se situe à l’antipode du développement et de la réforme, le qualifiant aussi d’« asocial, en dépit du lifting subi par son préambule auquel on a ôté les passages qui correspondent le plus à la réalité, à savoir ceux qui affirment qu’il est impossible de réaliser une réforme dans le climat politique actuel ».
M. Lahoud a aussi considéré que le maintien du déficit à un taux supérieur à 30 % « signifie simplement que le gouvernement a dévié de son programme d’assainissement des finances publiques et de réduction de la dette, qu’il s’était engagé à appliquer devant les pays donateurs à Paris II ». Il a rappelé que l’une des principales composantes de ce programme consiste à réduire et non pas à aggraver progressivement le déficit, afin de freiner la croissance de la dette.
M. Lahoud s’est ensuite arrêté sur les tiraillements politiques qui ont ponctué l’examen du projet de budget, dénonçant le fait que les autorités « ne trouvent plus embarrassant d’admettre qu’elles ne sont pas capables de gérer les affaires publiques sans médiation syrienne, ce qui fait perdre au pouvoir sa légitimité constitutionnelle après avoir perdu depuis longtemps sa légitimité populaire ».
Le Forum de l’action nationale de M. Sélim Hoss s’est aussi arrêté durant sa réunion sur les mêmes tiraillements politiques, estimant que « le fait de marginaliser le rôle des institutions et d’accaparer le pouvoir nuit aux intérêts de l’État et des citoyens au moment où les crises internes s’exacerbent ».
Le Forum a en outre plaidé en faveur d’une « opération radicale de réforme qui commence par une correction de la représentativité parlementaire à travers l’adoption d’une loi électorale susceptible de mettre le pays sur la voie de la démocratie et de l’édification des institutions ».
Il a par ailleurs constaté que toutes les critiques formulées au sujet du projet de budget n’ont pas été prises en compte. Peut-être parce que le texte est celui du « fait accompli ». C’est par ces mots que le ministre de l’Éducation nationale, Samir el-Jisr, l’a commenté, alors que son collègue des Travaux publics, Néjib Mikati, estimait que l’important n’est pas le budget en lui-même mais l’assainissement des finances publiques.
À l’instar de M. Nassib Lahoud, le président du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammed Raad, a estimé que « le problème réside dans le fait qu’il existe au Liban une clique inacapable de diriger et responsable de la dégradation dans le pays ».
Un autre député du Hezbollah, Georges Najm, a estimé que le budget proposé par le gouvernement « ne prête guère à l’optimisme car il fait abstraction des soucis de la population ».
Si la situation n’était pas dramatique, les propos du ministre des Finances, Fouad Siniora, qui espère que la Chambre introduira au projet de budget 2004 des amendements qui permettront à l’État d’honorer les engagements qu’il avait pris à Paris II, auraient pu être à la limite qualifiés de drôles. Ils sont en tout cas hallucinants. « Si le Parlement parvient à...