Fantastique narration que celle de l’ouverture du Carnaval romain d’Hector Berlioz. Ouverture de concert écrite en 1844 en hommage à Benvenuto Cellini, célèbre statuaire et orfèvre du XVI e siècle dont le buste orne le Ponte Vecchio de Florence et bâtie sur deux thèmes alliant fougue, nouveautés mélodiques et orchestrales. L’ombre de Musset, Hugo et Stendhal, frémissante d’un romantisme à la fois ténébreux et clair, se profile sur ces pages habitées d’une poésie intense. Des fièvres de l’amour à l’atmosphère d’une fête populaire animée, en passant par la mélancolie de Cellini exprimée par le cor anglais, cette partition garde les éclats d’une beauté drue.
Pour prendre le relais, le concerto pour violoncelle et orchestre n° 1 de Saint-Saëns avec comme soliste aux commandes de l’archet Roman Storojenco que les mélomanes libanais connaissent bien pour ses multiples prestations sur les scènes beyrouthines.
Un flot de notes d’une fluidité soyeuse sans jamais toucher à la virtuosité absolue en ce qui concerne le violoncelle, certes éloquent, mais gardant constamment une certaine retenue. Même dans le court passage où il ne donne pas la réplique à l’orchestre. Finesse de l’esprit français et délicatesse d’un certain lyrisme tendre sans être larmoyant, voilà Saint-Saëns dans toute sa séduction. Heureux, les cheveux plaqués par la transpiration (sans parler de l’humidité qui touchait le manche du violoncelle), Roman Storojenco aux côtés du maestro Pâris a salué l’auditoire sous un tonnerre d’applaudissements. En bis, l’Ave-Maria de Bach-Gounod accompagné seulement par les accords de la harpe pincée par Nina Filipova. Une vraie prière sous ces voûtes où flottait d’ailleurs une légère odeur d’encens.
Après l’entracte, place à la Symphonie n° 7 en la majeur de Beethoven et qualifiée par Wagner « d’apothéose de la danse » à cause des rythmes impétueux qui apparaissent dès le premier mouvement, un vivace qui ne laisse pas de répit à l’auditeur. Se succèdent ensuite un allegretto d’un rythme aussi fougueux et insistant, un presto en forme de scherzo particulièrement développé et éloquent et tout se conclut sur un finale aux rythmes rapides et colorés dans un brio éblouissant et éclatant de joie.
Joie aussi des auditeurs qui ovationnent à tout rompre maestro Pâris qui récidive son coup d’éclat de l’année dernière. En rappel, une Barcarolle d’Offenbach, courte narration douce comme une caresse sur une eau dormante. De la magie pure cette musique !
Edgar DAVIDIAN
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